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L'après-référendum, interrogations... et de nécessaires ajustements en perspective ? (Suite et fin)

par Mohamed Ghriss*

L'éditorial de la revue, faisant observer que «la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps, ces menaces même indirectes, nous concernent et nous devons nous tenir prêts à y faire face». La revue indique que «le combat contre ces plans hostiles visant notre pays implique la nécessité, pour notre peuple, d'être conscient des desseins inavoués que cherchent à concrétiser ces parties ennemies et, par voie de conséquence, sa mobilisation autour de sa direction pour les déjouer», estimant qu'«il sera possible au peuple de leur faire échec comme il a réussi à le faire toutes les fois que ces cercles et officines avaient tenté de porter atteinte à notre pays» rappelant, à ce propos, les déclarations du chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Saïd Chanegriha qui affirmait que «nous sommes pleinement confiants en la profonde conscience de notre peuple de l'ensemble des défis à relever et des enjeux à remporter en cette étape cruciale et sensible que traverse notre pays, tout comme nous croyons pleinement en ses capacités à apporter sa contribution ainsi que son adhésion positive et réelle au succès de cette démarche nationale sincère». La revue a souligné également dans son éditorial que le peuple algérien «ira de l'avant sur la voie de l'édification des fondements de l'Algérie nouvelle à laquelle ont aspiré les générations de l'indépendance qui ont fait le serment de marcher sur les pas de leurs aînés, hommes fidèles, qui ont consenti le sacrifice suprême pour leur pays et leur peuple».

Cet appel au peuple algérien à se tenir prêt à faire face à toute éventualité compte tenu des menaces bellicistes étrangères, planant aux frontières du pays qui assistent à une précipitation des évènements dans la région, vient nous rappeler ce que nombre d'experts et politologues internationaux n'ont cessé d'affirmer depuis un bon bout de temps, lorsqu'ils mettaient en garde l'Algérie contre les ambitions et convoitises de ces parties ennemies qui s'affichent aujourd'hui au grand jour, après l'échec de leurs tentatives antérieures. Et pour cause... l'Algérie s'attire depuis belle lurette les foudres de guerre de nombre de parties bellicistes qui lui sont hostiles et qui n'ont jamais admis d'être fréquemment dérangées par ses constantes positions solidaires avec les causes justes dans le monde, dévoilant par conséquent, au grand jour devant l'opinion publique mondiale, l'hypocrisie de certaines grandes nations et leurs alliés passant pourtant pour être le «Monde (prétendument) Libre» mais qui ne s'embarrassent pas de fomenter scandaleusement ces dites «stratégies du chaos», ravageuses de peuplades et contrées de par le monde, déjà déshéritées et accablées par la misère.

Ces menées expansionnistes s'opérant souvent sous le prétexte fallacieux du machiavélique «droit d'ingérence international», masquant mal une nette tendance néocolonialiste, attentant à la souveraineté nationale et aux affaires intérieures de pays membres de l'ONU, non sans représenter de graves menaces de troubles dans l'ensemble de la région, En effet, les récents évènements qui se sont précipités en Afrique du Nord avec le déclenchement des hostilités entre le Maroc et le Polisario le 13 novembre écoulé, suivis de l'annonce surprenante de Donald Trump décidant une reconnaissance unilatérale de la «marocanité» du Sahara Occidental, en contrepartie de la normalisation du Makhzen des relations avec Israël, sont des signes annonciateurs d'une situation lourde de menaces.

Cette entente sur le dos du peuple sahraoui luttant pour sa liberté, n'étant pas sans être en flagrante contradiction avec les recommandations onusiennes, déjà que la récente déclaration du Conseil de sécurité vient réaffirmer son attachement aux résolutions internationales sur le règlement de la question du Sahara Occidental, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, M. Stéphane Dujarric ayant déclaré que «la position de l'ONU n'a pas changé concernant le Sahara Occidental et qu'elle continue de croire qu'une solution peut être trouvée par un dialogue fondé sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU».

Sur la scène politique internationale, de fortes et nombreuses réprobations internationales ont été enregistrées, les échos des medias faisant cas de celles aux Etats-Unis dans les milieux sénatoriaux et d'anciens diplomates, et un peu partout à travers le monde y compris au Maroc où la contestation gronde contre le Makhzen l'accusant de perfidie (pour la normalisation de ses liens avec Israël), vis-à-vis de la cause palestinienne pour laquelle d'innombrables engagés Marocains ont versé leur sang pour la Palestine, aux côtés de leurs frères arabes et maghrébins lors de la guerre de 1967 comme ont tenu à le rappeler des manifestants.

De nécessaires ajustements en perspective

Au plan national, il est à souhaiter que toutes les mesures tendant à renforcer la cohésion populaire, en ces circonstances particulières que vit le pays, soient envisagées avec l'encouragement notamment de ce dialogue national espéré, incluant les animateurs de la classe politique, les représentants de la société civile et quiconque manifesterait le vœu sincère d'y prendre part, toutes les divergences se devant d'être aplanies et différées en ces circonstances particulières nécessitant l'unité autour de ce front interne envisagé. Pour la sauvegarde, d'abord et avant tout, de la patrie et partant la possibilité fournie à une mobilisation citoyenne appelée, aussi, à veiller au suivi des étapes des assises de bases ou de mise sur rails des fondements concrets de l'avènement progressif de l'Algérie nouvelle du futur Etat de droit citoyen, et non pas une mobilisation «pour la protection du système», comme l'ont sournoisement laissé entendre certains milieux. Le système, étant appelé à être dépassé par une dynamique évolutive, appelée à s'affranchir de ses attaches structurelles, convient-il de rappeler, cette dynamique ayant malheureusement été retardée, par surtout la dangereuse intrusion de cette machiavélique ONG étrangère qui a failli mener le pays à la dérive, n'était-ce l'intervention à temps des forces patriotiques sécuritaires dont l'ANP que les ennemis de l'Algérie vouaient aux gémonies afin d'atteindre rapidement leurs sombres desseins déstabilisateurs que beaucoup ont du mal à croire, en attendant la décantation qui a commencé à se frayer un chemin. Comme lors du fameux «qui tue qui ?» jetant l'opprobre sur l'armée nationale populaire algérienne et innocentant les terroristes sanguinaires, les passant pour des «saintes nitouches», jusqu'au jour où la manipulation éclata au grand jour avec les révélations de repentis, journalistes, observateurs, nationaux et étrangers, etc., levant le voile sur beaucoup de perfidies et scandales locaux et compromissions de parties étrangères...

Dieu merci l'Algérie est sortie victorieuse de cette tragique épreuve, le combat du huis clos imposé à ses valeureuses forces patriotiques s'appuyant sur la seule mobilisation populaire, agissante, contre les visées des hordes islamistes, extrémistes, d'un autre âge, servit d'exemple de sacrifice et de combat contre l'hydre terroriste au monde entier, sa jeunesse étant depuis vaccinée contre toutes sortes d'endoctrinements fanatiques, blasphématoires de l'Islam authentique des lumières.

Bref, à l'heure actuelle du wait and see expectant le retour du président de la République, le climat anxiogène dû à la recrudescence du coronavirus, l'élasticité du statu quo qui se prolonge et la situation qui prévaut dans le pays, en général, a suscité des voix de diverses tendances qui se sont élevées pour appeler au dépassement des susceptibilités et des écueils idéologiques afin de se mettre tous d'accord sur «la construction d'un processus politique qui puise préserver l'unité nationale et veiller sur la souveraineté populaire». De même que des initiatives se sont multipliées, émanant de diverses personnalités et leaders de formations politiques qui ont exprimé le vœu de dépasser la phase actuelle de statu quo par l'entame de concertations consensuelles en vue des prochaines échéances électorales alors que des parties prenantes de la société civile comme les syndicats autonomes, associations, chercheurs universitaires, juristes et écrivains, ont des suggestions et des alternatives politiques à proposer.

En tout état de cause, et tenant compte de la somme de facteurs déterminants, les conjonctures complexes en cours et leurs conséquences, le peuple algérien a toujours fait preuve, face aux tractations et périls de tous genres ciblant l'Algérie à divers niveaux, d'une vigilance notoire à travers l'ensemble du territoire national et au-delà, avec notamment le soutien de sa communauté immigrée et la solidarité agissante des peuples et nations du monde, épris de paix et de liberté, se tenant toujours aux cotés des peuples luttant pour leur indépendance et droit légitime à l'autodétermination.

Puisse le Président de tous les Algériens regagner très bientôt le pays, bien rétabli IN CHA'ALLAH et prêt à agir dans le sens plus que jamais espéré d'une relance de la dynamique d'édification de l'Algérie nouvelle, comptant d'abord et avant tout, sur l'indispensable atout du rapprochement et de bonne entente entre concitoyens nationaux de diverses tendances, soucieux de se voir réunis dans une cohésion pacifiste nationale qui les réunira autour des objectifs stratégiques tendant à l'érection du futur Etat de droit citoyen de l'Algérie plurielle qui ne pourrait naturellement s'édifier qu'avec le concours de toutes ses sensibilités politiques pacifistes, incluant naturellement les indispensables contre-pouvoirs citoyens, les droits et libertés individuelles et collectives, l'encouragement des joutes de débats démocratiques contradictoires, producteurs de sens et d'idées enrichissantes allant de l'avant que garantirait une Justice indépendante dont les prémices sont déjà là. Reste la mise en pratique concrète de toutes ces nobles aspirations, par la conjugaison d'efforts des gens de bonne volonté et de tous celles et ceux qui sont confiants en un avenir à construire et non à rêver ou en restant là, à l'attendre vainement, critiquant à tout bout de champ la situation présente qui tarde à le faire surgir, tout de suite, comme sur un coup de baguette magique, au lieu d'y contribuer ou de présenter des suggestions voire des alternatives, par exemple, plutôt que de critiquer pour critiquer de façon lassante et improductive, le propre en fait des dénigreurs, fréquemment coupables de chercher à se mettre au-devant de la scène aux dépens de l'authenticité qui finira tôt ou tard par les rattraper

Le vent se lève, la pluie est enfin arrivée à la grande satisfaction des fellahs, qui, eux, sont toujours confiants en l'avenir et en cette terre généreuse et magnifique et qui ne sera que plus belle encore, le jour où elle verra tous ses honnêtes enfants réconciliés, et réunis, incluant également des bénéficiaires de souhaitables larges mesures d'apaisement, en vue du renforcement de ce front interne qu'on espère voir se dessiner très bientôt. Pour marcher ensemble vers la nouvelle République de l'Etat de droit de la nouvelle Algérie qui, une fois la confiance retrouvée entre gouvernants-gouvernés, commencera de fait à se profiler à l'horizon. Tous les Algériens en seront partout le bouclier protecteur contre quiconque s'aventurerait à l'agresser, à ses risques et périls. La mémoire des glorieux Chouhada est toujours là, vivace, imprégnant les esprits des Algériennes et Algériens qui n'ont jamais oublié le sacrifice de leurs aînés et le devoir sacré de l'«Amana» ( la sauvegarde «confiée» aux générations montantes de la patrie reconquise).

Avant de clore, l'enseignement de la sagesse nous apprend depuis la nuit des temps que tout puissant dominateur, tout infaillible qu'il puisse paraître, doit cependant prendre garde de ne pas y laisser ses plumes quand il s'avise de s'en prendre à bien plus petit que soi qu'il juge vite de frêle consistance et démuni de capacités défensives, comparables aux siennes et automatiquement pulvérisable en une fatale attaque-éclair alors que ce dessein de facile convoitise aux entreprises prometteuses, a réservé ô combien de fois, - comme il ne manquera certainement pas de voir toujours s'actualiser dans le futur, - cette naturelle disposition, observable chez tout peuple, épris de paix, défendant sa liberté, - en l'occurrence une surprenante et redoutable ingéniosité combative tout-terrain, (l'allégorie signifiante que dame nature expose en tous temps, comme pour servir d'avertissement est à méditer longuement à travers ce qu'elle nous enseigne avec le fait de ces puissants prédateurs, qui à chaque fois qu'ils s'attaquent au frêle et inoffensif petit hérisson s'en tirent avec la gueule, sérieusement entaillée, compromettant à jamais leur règne pour avoir osé s'en prendre au minuscule petit hérisson mais redoutable repoussoir des plus féroces animaux et aussi rare consommateur de serpents venimeux : la loi de la nature rappelant cette règle universelle que rien n'est absolu en ce bas monde où tout est à relativiser, comme le suggère la symbolique de cette métaphore, observable de fait dans la réalité, faisant montre de ce sacré minuscule porc-épic pour qui s'y frotte s'y pique ! .

Le Général Giap, ce nom dit-il quelque chose aux puissants de ce monde ? En tout cas, pour les Algériens, il signifie beaucoup de choses : lors de sa mémorable visite en Algérie, cette éminente personnalité historique que le peuple algérien estime énormément, était extrêmement ravie, de fouler le sol de ses semblables combattants de l'ordre oppresseur colonial que l'illustre combattant vietnamien a lui-même combattu. Au cours d'une mémorable rencontre-débat qu'il a animée avec brio et humour en présence d'une foule de chaleureux sympathisants Algériens, honorés d'échanger des propos conviviaux avec celui considéré pour l'éternité comme frère de combat des héros révolutionnaires de la lutte anticoloniale algérienne, ce fraternel «Ho» Giap du valeureux peuple vietnamien,- qui sous la conduite du vénérable guide éclairé «Ho Chi Minh», a eu raison de la première puissance mondiale des Etats-Unis d'Amérique, - a laissé ce jour-là, une célèbre sentence ironique restée ancrée en lettres étincelantes dans les mémoires de tous les défenseurs des juste causes dans le monde, en général, et qui en dit long sur les persistantes menées des incorrigibles tendances expansionnistes, dévastatrices et régressives du clash déshumanisant des civilisations et ce qui leur en coûte. Particulièrement à l'ère de la planétarisation multipolaire et de l'exigence du respect du droit international par notamment tous ces irréductibles pourfendeurs, mercantiles, propagateurs criminels du virus des complexes militaro-industriels, concomitants au Covid-19 ravageur, qui mettent en péril la vie des peuples de l'humanité et qui en seront comptables devant l'Histoire. L'historique symbole de la défense de la liberté et dignité humaine, l'honorable et héroïque combattant Giap : «L'impérialisme est un mauvais élève : il n'apprend jamais les leçons !». L'Algérie a confirmé cette assertion anticoloniale, après l'historique bataille de Dien Ben Phu du valeureux peuple vietnamien, annonciatrice, avec la Révolution algérienne de 1954, la débâcle de tout ordre oppresseur impérialisme, passé, présent et avenir. Bonne année 2021 au peuple algérien et à tous les Justes à travers le monde épris de paix et de liberté, soucieux d'un avenir où les enfants de leurs enfants puissent vivre dans une saine compétitivité multidimensionnelle, économique, culturelle, sportive, etc., aux antipodes des stratégies néo-faschistes, expansionnistes de destructions massives menaçant notre fragile vaisseau Terre !

*Auteur - journaliste indépendant, ex-éditeur de Tassili Star, mensuel culturel bilingue / 1999-2001