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Tlemcen: La zone frontalière attend des jours meilleurs

par Cheikh Guetbi

Si les importantes mesures prises par les pouvoirs publics pour contrer le commerce illicite transfrontalier au niveau de la frontière Ouest, voilà six années, ont été probantes et ont permis d'atténuer la saignée économique qui atteignait annuellement selon l'ex-ministre de l'Intérieur, 3 milliards de dollars, cela n'a pas été sans conséquences pour les habitants de la région.

« Aucun programme spécifique socioéconomique n'a accompagné l'action entreprise par les pouvoirs publics pour contrer la contrebande au niveau de la frontière Ouest. Actuellement la population frontalière est passée de l'étape de pauvreté à celle de famine ». C'est en ces termes crus que le sénateur de la wilaya de Tlemcen Belhabri Day-Eddine s'est adressé au ministre des Finances pour l'alerter sur la situation économique difficile que vit une frange de la population frontalière. La décision de verrouiller la frontière et qui a nécessité un effort financier colossal pour mobiliser un impressionnant dispositif humain et matériel, si elle a atteint l'objectif escompté, elle a eu des répercussions sur la population frontalière. Les initiateurs de ces mesures ne semblent pas avoir préparé au préalable de palliatif pour créer des emplois dans la région.

Cette population frontalière prise de court et en absence de tissu industriel capable d'absorber l'important chômage occasionné, souffre en silence. La réduction du champ d'activités des frontaliers qui est venue aggraver la quasi inexistence d'infrastructures et d'unités économiques pouvant répondre à la demande de travail des frontaliers, les a ainsi plongés dans la précarité. La décision des pouvoirs publics de considérer priorité nationale le développement de 9 zones frontalières dont le Tell occidental (zone Ouest), a été une lueur qui semble se dissiper avec le temps. Un programme de développement spécial dédié à ces zones et traduit en actions structurantes a été lancé et dont la finalité est, entre autres, la fixation de la population par l'amélioration du cadre de vie et la création d'une nouvelle dynamique pour l'emploi. Mais l'enthousiasme suscité semble s'estomper graduellement car, mis à part les 257 milliards dont ont bénéficié les wilayas de l'Ouest pour les travaux d'aménagement et la relance de la création d'une zone d'activité à Maghnia et une autre à Beni Boussaïd - qui peinent jusqu'alors à voir le jour -, rien ne semble avoir été entrepris pour une économie alternative à l'activité du commerce illicite transfrontalier. Le sénateur n'a pas hésité à exposer un état des lieux et avertir des incidences de cette situation.

En réponse à l'intervention du sénateur qui a demandé la prise de mesures urgentes pour la réactivation du fond spécial de développement des zones frontalières, le ministre des Finances s'est contenté de promettre au sénateur la transmission de sa préoccupation au gouvernement.

« Souhaitons que les pouvoirs publics prennent en considération notre situation déplorable dans le cadre des programmes de développement des zones d'ombre », se contente de dire ce frontalier de Beni Boussaïd qui fait dans le transport public clandestin et qui déclare que sa situation économique est de loin meilleure que la majorité des habitants son village.