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Aïn El Turck: Les sinistrés des centres de recasement revendiquent un relogement

par Rachid Boutlelis

Plusieurs familles recasées dans les divers centres de recasement au niveau des localités de Aïn El Turck ont lancé hier un appel au wali d'Oran pour les intégrer dans les prochaines opérations de relogement.

Des familles sinistrées recasées au niveau du théâtre plein air de Trouville se sont rassemblées hier pour dénoncer les conditions de vie très dégradées et le calvaire qu'elles endurent depuis plus de deux décennies. Des conditions qui se sont dégradées davantage depuis le début de la pandémie. Recasées plus de 20 ans auparavant pour une durée provisoire, qui dure dans le temps, 200 familles sinistrées environ tentent de survivre dans des conditions effroyables, effarantes et avilissantes en ces temps de crise sanitaire dans des centres essaimés à travers le territoire du chef-lieu de la daïra d'Aïn El Turck.

Elles ont été recasées à l'époque dans ces centres totalement dépourvus du strict minimum d'hygiène en attendant d'être relogées. Selon le constat établi par Le Quotidien d'Oran, claustrées en ces temps de confinement sanitaire dans des masures répugnantes, insalubres, surpeuplées et suintant l'humidité, ces familles sont durement confrontées au pire des sordides dans les centres de recasement de la municipalité de Aïn El Turck. Abordée à ce propos, une quadragénaire recasée avec ses enfants dans l'ancien camping de toile du village de Cap Falcon a évoqué plus l'inquiétude que la plainte. «J'habite dans une masure exigüe avec mes trois enfants en bas âge », raconte-t-elle. « Il y a des cafards, des rats et de l'humidité. Il y a une seule fenêtre, d'où peu d'air entre ». Ce n'est pas tant le coronavirus que l'asthme de son fils de six ans qui la préoccupe. En cette période de confinement, ses poumons sont exposés en permanence à l'air malsain des lieux «En principe je devrais, comme tous les autres occupants de ce lieu infecte de recasement, être prioritaire pour un relogement, mais j'attends, depuis je ne sais plus quand et je ne sais pas jusqu'à quand», se désespère cette mère célibataire.

Des témoignages similaires ont été formulés par les parents de trois enfants. « Le confinement est synonyme pour nous autres de l'entassement dans un espace réduit. C'est vraiment dur », raconte le père. « Avant, les enfants étaient inscrits à des activités, allaient jouer au foot. Maintenant, on reste coincés ici. Il y a de l'humidité, et même des champignons. Ne serait-ce que pour des raisons de santé publique, il faut nous sortir de là. Nous sommes peut-être tous dans le même bateau avec cette pandémie du Covid-19, mais nous autres recasés sommes coincés au fond de la cale », ont fait remarquer en substance, avec une pointe de sarcasme, d'autres recasés du centre de la localité de Bouisseville. « A notre humble avis, être confinés dans un centre de recasement surpeuplé et sordide nous rend encore beaucoup plus vulnérables au virus. La promiscuité démultiplie les risques de contagion », ont souligné nos interlocuteurs.

L'inquiétude s'empare insidieusement de ces recasés, notamment ceux qui subsistent grâce à des activités informelles et/ou encore qui exercent des emplois précaires, non déclarés et n'ayant évidemment pas de couverture sociale. L'impact indésirable réside dans le manque à gagner chez ces gens. « Je suis dans l'obligation d'apporter un morceau de pain à mes enfants quitte à braver l'interdiction de circuler après 20 heures », a-t-il affirmé avant de renchérir : « Cette situation de confinement contribue à accroître les inégalités. C'est une ignominie pour nous autres recasés ». Autre conséquence non anticipée du confinement, liée à la surpopulation dans les centres de recasement, qui pousse inévitablement leurs occupants à se regrouper dans la rue.

Il importe de noter dans ce contexte que, recasées depuis plusieurs années auparavant dans différents lieux ne répondant nullement aux conditions élémentaires de vie, des dizaines de familles sinistrées se débattent dans des situations les plus exécrables, qui dépassent de loin tout entendement, en attendant un hypothétique relogement. Le cas éloquent de ces plus de soixante familles recasées dans un ancien camping de toile situé dans le village de Cap Falcon.