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Tiaret: Charlatan, un «métier» à la mode !

par El-Houari Dilmi

Véritable «métier» dans l'air du temps, les pratiques charlatanesques font un retour aussi remarqué qu'inquiétant dans l'esprit «tourmenté» des Tiarétiens.

Un autre charlatan a encore été écroué mardi à la maison d'arrêt de Tiaret. Les gendarmes ont découvert à son domicile à Oued Lilli, un véritable arsenal dédié à la sorcellerie, outre la coquette somme de près de 300 millions de centimes. Une jeune femme, voulant? à tout prix se débarrasser de la «déveine» qui la pourchasse depuis sa puberté, a frôlé la mort après avoir ingurgité un élixir «explosif» prescrit par un charlatan ayant pignon sur rue dans un quartier malfamé de la ville de Tiaret. Face à la «mutation» brutale des mœurs de la société à laquelle viennent se greffer les frustrations et autre perte d'espoir dans un avenir qui donne la pétoche, le charlatanisme, la sorcellerie, la voyance, voire la magie noire sont devenus autant de mauvaises façons de conjurer le mauvais sort, agissant comme un miroir aux alouettes pour les «désespérés» de la vie. Pratique pourtant proscrite et dangereuse, la sorcellerie est devenue un «sport» qui se pratique au quotidien.

L'exemple qui donne froid au dos de cette mère de famille qui venait de perdre son époux qui se rendait tôt le matin, au niveau de l'ancien cimetière de la ville quand elle est tombée nez à nez avec deux individus en train de profaner une tombe. «Ils n'ont heureusement pas pu achever leur forfait, puisque je les ai vus de mes yeux prendre la poudre d'escampette», se soulage-t-elle.

La «race» des charlatans prolifère à vue d'œil aux quatre coins de la ville de Tiaret, une giga cité en perte de ses repères. Des individus sans foi ni loi ont une facilité déconcertante à exploiter la crédulité des gens.

Une pratique librement exercée presque partout, dans des échoppes sous couvert d'activités commerciales, dans les marchés hebdomadaires surtout, au coin de la rue, à l'intérieur des bains maures et même dans les maisons. D'autres, se présentant comme des «spécialistes» de la rokia et autre hidjama se font payer une fortune pour abandonner leurs «clients» en proie à des douleurs intenables après avoir ingurgité des potions aussi dangereuses que douteuses. Le public ciblé par ces vendeurs de mensonges est constitué de femmes et de jeunes filles en quête du prince charmant.

La semaine dernière encore, un jeune homme, présentant des signes patents d'une dépression nerveuse, compliquée par des troubles psychologiques, s'est vu rossé de coups par un prétendu exorciseur qui s'est fait payer cash un million de centimes pour soi-disant «chasser l'esprit maléfique qui habite le jeune homme». Le malheureux s'en est sorti avec un séjour à l'hôpital psychiatrique et une plainte a été déposée par les parents du malade. Mais qui a dit que «toute société qui n'est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans» ?!