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Réinventer l'école c'est faire en sorte qu'elle comprenne sa mission (Suite et fin)

par Chaïb Aïssa-Khaled*

Désormais, ils devront agir

Il leur appartiendra de s'insurger, s'il le faudra, contre cette limitation d'expression qui a généré la sinistrose de l'enseignement élémentaire et par implication, celle du système éducatif dans son ensemble et qui se manifeste :

- au plan de l'instruction, par la difficile adaptation des élèves aux niveaux et aux cycles supérieurs, (faute de capital cognitif requis, de mentalité scientifique et d'expertises) ;

- au plan de l'éducation, par la dégradation des comportements et des réflexes au profit de l'émergence d'instincts insolites.

Par ailleurs et sans pour autant se rebeller contre les « réformettes » quand bien même ficelées en deux temps trois mouvements, ils en débattront, à tout le moins, de leurs objectifs avec les enseignants qui émargent à leurs circonscriptions pédagogiques respectives. Ils en cerneront les significations. Ils circonscriront la pertinence des principes qui les animent et celle des finalités auxquelles elles doivent aboutir.

Cependant pour être efficaces, tout en emboîtant le pas à ces « réformettes », sous les réserves sus citées, ils devront, par souci d'amender et d'actualiser leurs aptitudes professionnelles, apprendre à se réformer eux-mêmes et être capables de discerner les urgences avec perspicacité. Appelés à s'ériger en force de proposition pour extraire l'enseignement élémentaire à la logique de l'inertie qui est en phase d'en faire un ghetto de l'absurde, ils ne s'investiront pas dans la recherche d'accommodements provisoires, d'aménagements transitoires ou de formules suffisamment biscornues pour enfin, ne rien changer au désordre des choses. Ils ne cautionneront plus ces enseignants qui «jettent » de la pédagogie plutôt qu'ils n'en dispensent et qui ont eu le mérite de former davantage d'esprits mal formés. Ils ne cautionneront plus ces procédés et ces méthodes d'enseignement qui favoriseront, sans doute aucun, l'émergence de pans entiers de la société qui, nourrissant une platitude culturelle démesurée, répriment, voire méprisent la réflexion et ses objectifs et sacralisent l'ignorance et les maux qu'elle engendre.

Désormais, ils donneront le coup de pied dans la fourmilière

Ils se refuseront d'être ces planqués passés pour maîtres dans l'art de faire semblant et s'ingénieront à recouvrer leur rôle, celui de ne plus se taire quand il faudra dénoncer et celui d'agir quand il faudra réagir pour que l'enseignement-apprentissage qu'ils sont censés encadré cesse de poursuivre des objectifs disparates d'une part et d'autre part, pour que le débat à engager à cet effet opte pour un paradigme qui ne surfera pas sur l'administratisation de la gestion de la mission éducative et sur la bureaucratisation de celle de l'acte pédagogique.

Ils souscriront plutôt, à une dynamique de recherche-développement, (prospective éducative et culturelle), soucieuse de nantir l'esprit de cette culture opérationnelle, (savoirs générateurs de savoir faire et de savoir être). Dans cette perspective, ils veilleront à ce que les enseignants qui relèvent de leurs circonscriptions pédagogiques respectives, mettent non seulement l'accent sur les aspects notionnels à lui enseigner mais aussi sur la structuration de ses facultés d'analyse et de synthèse en vue d'une performance du raisonnement logique et du jugement méthodique, (composants de la mentalité scientifique), jusque-là occultée et pourtant indispensable à l'accomplissement des quatre temps de l'acte pédagogique, en l'occurrence la compréhension, la rétention, l'assimilation et l'exploitation des connaissances des nouveaux savoirs et ceux stockés dans son champ aperceptif.

Ils ne s'encoconneront plus dans leur « Collège », ils ne délecteront plus ce charisme qu'ils croient être le leur. Ils veilleront plutôt à ce que les évaluations formatives et sommatives se systématisent et ne conduisent plus à des appréciations approximatives, controversées et désincarnées des enjeux et des défis que l'enseignement élémentaire devra relever, (ne plus demeurer la matrice de l'échec scolaire qui macule tout le système éducatif algérien).

Ils veilleront aussi à ce que sa mission d'éduquer et d'instruire, ne soit plus phagocytée par une action qui n'organisera pas l'évolution de la pensée autour de la logique et de la méthode.

Ils veilleront par ailleurs, à ce que chaque élève soit accompagné dans ses efforts et dans ses inclinaisons pour lui permettre de se déterminer, progressivement, de l'intérieur de lui-même et en fonction de ses aptitudes.

Ils veilleront, tout compte fait, à ce que l'enseignement élémentaire soit remis en orbite et pour que cet enseignement soit remis en orbite, il leur appartient d'apprendre aux chefs d'établissements et aux enseignants à comprendre leur mission, c'est-à-dire de la remettre sur sa trajectoire originelle, autrement dit de ne plus entretenir cet artificialisme, cette illusion du savoir qui relativise l'aptitude à juger et à raisonner.

Les directeurs et les directrices des écoles primaires devront cesser de faire de leur gestion le levier de l'échec scolaire

Sont particulièrement ciblés celles et ceux de la 25ème heure. (Les nouvelles recrues).

Ils jouent à se donner l'air d'avoir l'air en s'enfermant dans ce fonctionnariat en en faisant un habitacle propice aux diversions qui cacheraient leurs inaptitudes, leurs incompétences et leurs non qualification. Telle est la mission qu'ils donnent l'impression de s'être assignés. En panne de process faute d'une formation sérieusement appropriée à la tâche qui leur est dévolue, ils pataugent dans un administratisme exacerbant. Inféodés, pour beaucoup, à une espèce de rationalisme morbide, ils confondent le bien avec leur volonté. Inféodés pour la plupart, au «faire semblant», ils nourrissent une platitude professionnelle démesurément indigente à telle enseigne qu'ils donnent l'impression de promouvoir une école lépreuse.

Faute manifeste de compétences managériales et de qualifications pédagogiques et comme pour donner un semblant d'éclat à leur rôle et un semblant d'allure pédagogique à la gestion de la mission éducative dont ils sont en charge, ils exhibent leur autorité dans des sursauts théâtralisés. Agissant de la sorte, ils ne font que s'inventer un réflexe monopolistique qui hélas, ne leur ressemble pas. Ils ne font qu'évoluer dans une espèce de narcissisme professionnel en se « ghettoïsant dans un simplisme qui est, tout compte fait, leur propre. Cela dit, la responsabilité de ce drame ne leur incombe pas. Elle est à endosser par ceux qui ne cessent de promouvoir la dérision.

Il est grand temps qu'ils apprennent à être des chefs d'établissements, (et ce n'est pas une mince affaire). Il est grand temps qu'ils se défassent des griffes de la médiocratisation qui affecte leurs réflexes. Il est grand temps qu'ils s'extraient du cloaque des sentiers battus et développent des valeurs authentiquement professionnelles, celles qui leur permettront de cerner efficacement leurs ambitions professionnelles, de débattre avec les enseignants des difficultés pédagogiques rencontrées sur le terrain en vue de mettre en place une stratégie éducative et culturelle qui brisera les contraintes intra-muros, qui ne gérera plus la transition vers l'inconnu, qui ne s'emprisonnera plus dans le bricolage, qui sanctionnera le dilettantisme, qui développera en chaque élève de saines traditions de penser et d'agir, ainsi que le sens de l'exactitude, de la rectitude et de la franchise.

Il est grand temps qu'ils apprennent à entretenir la dimension de l'effort intellectuel consenti et non plus des points morts en chaîne, à se fixer des horizons ajustés à leurs moyens professionnels, à persévérer dans la voie dans laquelle ils s'engageront en quête d'une réussite de leur rôle de manager, à opter pour la rigueur, l'impartialité et la justesse, à nourrir en eux-mêmes le sens de la participation concertée pour ne plus communier dans « le malentendu ».

Il est grand temps qu'ils n'affichent plus un mépris délibéré à l'endroit de la législation scolaire et un laissé aller à l'adresse de l'optimisation du rendement scolaire et développent une gestion de la mission éducative qui ne sera pas phagocytée par une prestation administrative sans portée parce que celle-ci ne s'intéresse qu'à ce qui est périphérique, le fond des problèmes est laissé pour compte. Il est grand temps qu'ils apprennent à faire par conviction ce que jusque-là ils ont fait par hasard.

Il leur appartient, donc, en tant qu'encadreurs professionnels de ne plus s'enfermer dans leurs « bulles », mais d'évaluer l'enseignement à dispenser et de l'orienter. Le souci est que leurs élèves ne s'engloutissent pas dans leurs lacunes et en pâtissent.

Au sujet de l'évaluation qu'ils devront entreprendre

Leur souci fondamental est de connaître les atouts et les faiblesses de chacun de leurs élèves et de faire émerger les capacités cachées ou patentes de chacun d'eux. Cela suppose qu'ils devront s'abstenir de théâtraliser leurs analyses et leurs évaluations à coup de fantasmes, mais de procéder à des appréciations qui leur permettront de cerner les points forts et les points faibles de leur gestion et d'apporter, en fin de parcours, des conseils pédagogiques et de procéder à des ajustements nécessaires mais appropriés. Ce canevas à lui seul ne leur permettra pas de définir un paradigme éducatif qui soit adapté aux besoins et aux exigences de leurs élèves, une connaissance de la psychologie de l'enfant qui ne soit pas celle faite sur le tas parce que subjective. Se référant au subjectif, ils useront de procédés empiriques sans pour autant se douter que l'empirisme et l'apriorisme qu'il sous-tend ne peuvent éclairer sur l'essentiel et sur la vérité et peuvent même les dégrader.

Les enseignants devront être capables d'enseigner

SI le système éducatif algérien est entrain de se désengager de sa mission sociétale, (promouvoir la complémentarité des dimensions intellectuelles et culturelles des citoyens au profit d'une vie communautaire engagée pour que s'accomplisse le développement durable), c'est par la faute de beaucoup d'enseignantes et d'enseignants désinvoltes parce que non convaincus de leur choix donc non motivés donc, non qualifiés et « qu'on a chargé de reproduire l'inertie ». « Comme cautionnés », ils se complaisent dans un paradigme déphasé. Faisant de la routine une hygiène de vie, ils n'incitent pas leurs élèves à l'épanouissement.

Au risque de me répéter, l'échec scolaire qui mutile la mission du système éducatif, n'est donc rien d'autre que l'expression de la délitescence d'un enseignement élémentaire abaissé au rang de matrice de l'échec scolaire et par conséquent, celle de la délinquance professionnelle de ceux qui gèrent la mission éducative et l'acte pédagogique qui leur est confié. Il n'est aussi rien d'autre que l'expression de parents d'élèves qui, passionnés par la seule cogestion administrative et qui ne relève pas de leurs prérogatives, le couve.

Cependant, l'échec scolaire n'est pas irréversible pour peut qu'on se décide de provoquer un renversement d'aptitudes chez les enseignants et les enseignantes en charge de l'enseignement élémentaire, au moyen d'une formation digne de ce nom que les ITE ne n'arrivent pas encore à élaborer. (Les chargés de la gestion de ces établissements étant beaucoup plus préoccupés à délecter leur autonomie qu'à évaluer la prestation qui y est dispensée),

Mais comment ?

Grand nombre d'universitaires sont devenus enseignants du primaire malgré eux. Ils n'ont pas choisi ce métier par intime conviction mais par souci de s'extraire des serres du chômage. En conséquence, non convaincus, ils ne peuvent être motivés. Non motivés, ils ne peuvent être qualifiés pour l'accomplir conformément aux principes de la déontologie. L'échec scolaire qu'ils génèrent dès le cours d'initiation et qui est entrain de prendre des allures incontrôlables, est devenu une tendance lourde à dissiper.

Par souci de dissiper cette tendance lourde, il faudra que les enseignants en poste, comprennent qu'il est réversible et qu'il est impératif de lui faire échec. Ils doivent admettre qu'il est l'expression de la fébrilité de la gestion de l'acte pédagogique dont ils sont en charge, comme étant le leur et non celui de leurs élèves :

- parce qu'ils n'ont pu enrayer les difficultés qui entravent la compréhension, la rétention, l'assimilation et l'exploitation des connaissances qui leur sont dispensées ;

- parce qu'ils n'ont pas pu permettre l'accomplissement du potentiel individuel de chaque élève, (le développement de ses atouts intellectuels et la circonscription de ses faiblesses) , au moyen d'une formation digne de ce nom ;

- parce qu'ils ne mesurent pas le drame qu'il peut provoquer ignorent et qu'il peut être partiel ou total comme il peut être permanent ou momentané ;

- parce qu'ils ignorent que le perfectionnement des aptitudes individuelles des élèves, n'a pu aboutir parce qu'il se heurte à cette conception erronée qu'ils se font se la sociologie scolaire et une méconnaissance de la psychologie de l'enfant ;

- parce qu'en matière d'évaluation des résultats, de leur analyse et de synthèse, ils se livrent à de vulgaires appréciations approximatives. En conséquence, ils soumettent les aptitudes de leurs élèves à des sélections désordonnées. Moralité, ils n'ont pu conduire ceux-ci à prendre connaissance de leurs atouts pour les fortifier et de leurs faiblesses pour les annihiler.

- parce qu'ils ignorent que le système éducatif supposé être le lieu où doivent s'opérer l'épanouissement individuel, l'ouverture de la pensé, la structuration de la mentalité scientifique, l'élévation culturelle et c'est par leur faute qu'il risquerait de s'écarter de cet objectif cardinal ;

- parce qu'ils n'arrivent pas à développer un apprentissage incitatif ; la crispation, l'ennui, la frustration et le décrochage, en fin de parcours, ne peuvent qu'en être les effets immédiats ;

Cependant, ils peuvent faire échec à cet échec scolaire que tous les concernés par le pilotage de l'enseignement primaire, (inspecteurs, chefs d'établissements, enseignants et parents d'élèves), ont par petites touches réussi pour peu que :

- les inspecteurs, les chefs d'établissements et les parents d'élèves, cessent de donner ceux-ci en pâture aux injures de la débrouillardise au point où beaucoup d'entre eux croupissent dans une espèce de léthargie dont ils ont en fait une affectation définitive ;

- pour peu qu'ils souscrivent à une relation pédagogique qui, bien que tenant compte des différences individuelles, (chaque enfant véhiculant ses propres préoccupations et ses propres intérêts), se focalisera sur le développement de l'esprit qui saura raisonner logiquement et juger avec méthodes.

Cette relation pédagogique, développée tout au long du cycle primaire, facilitera la tâche aux enseignants des cycles supérieurs, (moyen et secondaire). Ces derniers pourront alors s'investir aisément dans l'enseignement de six apprentissages fondamentaux :

- apprendre à leurs élèves à apprendre en vue de s'accommoder des instruments qui leur permettront la compréhension du monde au sein duquel ils vont évoluer et pour le bien être duquel, ils devront œuvrer ;

- leur apprendre à connaître pour connaître plus et à perfectionner leur capacité à acquérir des connaissances sans cesse actualisées ;

- leur apprendre à bien faire en leur apprenant non seulement à acquérir un savoir faire* et un savoir être* mais aussi, à jouer leur rôle modernisateur et fédérateur de bonnes volontés. En acquérant l'aptitude de « bien faire », ils se sentiront utiles à la cité ;

*Savoir faire : consiste à savoir observer, interpréter les données, procéder à des déductions, formuler des prévisions, émettre es hypothèses, classer, communiquer, planifier, combiner.

*Savoir être : mode de penser, d'interpréter et d'agir de mieux en mieux élaboré.

- leur apprendre à coopérer avec leurs semblables et à participer avec eux à l'aboutissement de toutes les activités humaines au profit du bien être social ;

- leur apprendre à développer une plus grande capacité d'autonomie du jugement méthodique et du raisonnement logique, ce qui renforcera en tout un chacun sa responsabilité dans le tissu collectif ;

- leur apprendre à transcender leurs dilemmes de façon lucide et honnête pour surgissent en eux des femmes et des hommes qui refuseront tout ordre établi susceptible d'entretenir l'indigence culturelle au profit de la promotion de l'illusion et de l'émergence de l'insolite.

Il est grand temps que les parents d'élèves souscrivent à l'édification d'une école de qualité

Il est grand temps que les parents d'élèves souscrivent à la nécessité d'édifier une Ecole de qualité. Ils se fixeront comme première affectation, « le cycle primaire » car le projet « Ecole de qualité » ne pourra aboutir avec un cycle primaire qui est devenu la matrice de l'échec scolaire, avec l'arrivée des gestionnaires de la 25èmeheure, (les chargés de la mission éducative - inspecteurs de l'administration et chefs d'établissements -, inspecteurs de la pédagogie et enseignants ? ces chargés de l'acte pédagogique).

Soucieux de la qualité de l'enseignement qui est dispensé à leurs enfants et forts de leur droit de regard, Ils visiteront, désormais, la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique, (jusque-là ligne rouge), dans leurs moindres recoins.

Il est donc, grand temps que les parents d'élèves recouvrent leurs droits de partenaire originel de l'Education nationale et refusent ce maquis desséché dans lequel le genre de gestionnaires sus cités tente de les envoyer brouter. Désormais et refusant de demeurer cet instrument de second ordre, ils devront prendront part, avec perspicacité, à la gestion de la mission éducative et à celle de l'acte pédagogique. Cependant, ils s'interdiront de faire dans la cogestion, mais se réserveront le droit d'établir des certificats de constatation lorsque des déficits seront à signaler et d'interpeler les Inspecteurs de l'administration et de la pédagogie pour remettre de l'ordre dans le désordre constaté. Ils veilleront au suivi inhérent à la levée des remarques si elles seront justifiées.

Dans cet ordre d'idées, il leur importera, désormais, de résister à toute action qui les empêchera de jouer le rôle de parents, (défendre le droit de leurs enfants à une scolarité de qualité). Ce genre de tentative est généralement signé par des chefs d'établissements qui, souffrant de mégalomanie et confondant le bien avec leur volonté, se sont de tous temps évertués à les naniser ou, à tout le moins, à les réduire à un vulgaire applaudimètre ou à une source de financement.

Jusque-là, à ce droit de regard, serait-il furtif, s'il tentait de se manifester ? Une attitude de répulsion lui serait opposée parce que ces responsables considèrent que ce droit de regard est une gêne infligée à leur autoritarisme sclérosant. En agissant de la sorte, ces derniers n'ont que subvertir le sens réel du pilotage de l'acte d'éduquer et d'instruire qui leur est confié.

Désormais, les parents d'élèves devront être déterminés à dénoncer la non-gestion de la mission éducative qui prévaut et qui, de surcroît élevée au rang de mode de gestion, distille ce marasme qui agresse pourtant le climat régnant à l'école et qui ne devrait pourtant et en aucun cas être vicié par des conflits, ce qui affecte négativement la scolarité.

S'agissant de l'enseignement moyen

Tout en étant un enseignement tampon, il doit être performant

L'enseignement moyen qui est un enseignement tampon entre l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire devra viser tant la maîtrise des langages fondamentaux que l'ouverture sur la culture universelle. Sa mission est de faire acquérir, par la fréquentation de plusieurs disciplines d'étude, cet ensemble de connaissances, d'habiletés, d'aptitudes et d'attitudes qui constituent la formation générale, ce tronc commun qui nantira tout chacun des outils nécessaires à son développement autonome, c''est à dire ces outils intellectuels qui lui permettront de suivre normalement et sans hiatus, le cycle secondaire.

S'agissant de l'enseignement secondaire

L'enseignement secondaire doit être un enseignement pré universitaire

Sa mission de formation devra s'articuler sur un approfondissement spécifique dans l'enseignement dispensé. Cet approfondissement spécifique ou concentration pré universitaire dans les domaines des mathématiques, des sciences de la nature ou des lettres, ne sera pas considéré comme une spécialisation dans un domaine donné. Il s'agira plutôt d'une fréquentation plus intense d'un champ de savoir qui s'accompagnera d'une ouverture autant intense sur d'autres champs de savoir et ce dans la perspective de la formation générale escomptée, celle du citoyen soucieux de l'épanouissement de sa cité et capable de prospective, de mobilité, de créativité et d'ouverture sur le monde

Conditions de mise en œuvre d'un enseignement créateur de renaissance

Charger l'Institut national de recherche en éducation, (ex Institut pédagogique national), de l'élaboration et du suivi des curriculums et partant, de leur actualisation systématique afin qu'ils ne tombent sous le coup de l'obsolète.

-Promouvoir l'enseignement de la langue arabe et celui des langues étrangères au niveau de l'expression orale et écrite.

-S'investir dans l'éducation de la mentalité scientifique, (celles du raisonnement logique et du jugement méthodique) par le développement de l'enseignement de toutes les sciences confondues, c'est-à-dire par la promotion de la pédagogie de l'apprentissage par la redécouverte assistée par ordinateur, par l'édition de revues scientifiques, par des cours de soutien optionnels.

- Généraliser les bibliothèques scolaires et les doter surtout de manuels scolaires, (cours et corrigés), et programmer leur utilisation dans les emplois du temps des divers niveaux et diverses classes. (Cela suppose qu'il convienne d'envisager la construction, dans les établissements scolaires, de locaux destinés à cet usage).

- Veiller au respect des normes lors de la conception de la carte scolaire.

La société algérienne préoccupée par l'amélioration de sa condition de vivre et d'évoluer, attend beaucoup du système éducatif. Elle souhaite qu'il soit le reflet de ses valeurs endogènes et satisfasse à ses aspirations, qu'il véhicule une authentique culture opérationnelle, (savoir faire et savoir être) et qu'il conduise un grand nombre d'élève à la réussite en faisant échec à l'échec scolaire, en réussissant une formation de qualité et en rapprochant l'école de la vie. Cependant, réussir une formation de qualité, c'est développer une politique éducative:

- Qui ne s'accomplira pas à l'abri des attentes et des contraintes de la société.

-Qui ne considérera plus l'école authentiquement scolaire comme une bavure ou un dérapage marginal auquel il faudra remédier avec le zèle qui convient à tout ce qui est marginal.

- Qui s'évertuera de réduire les inégalités des chances par la formation de tous au même savoir de base en usant de la diversification des rythmes scolaires, des procédés, moyens et méthodes d'enseignement.

Destinée à prendre en charge la réalisation de ces objectifs et ne pouvant être aléatoire, parce que la société le requiert, la politique éducative à envisager, interpellera le système éducatif et l'astreindra à canaliser et à vectorialiser sa mission afin qu'il réponde à l'attente sociale, vivre et évoluer au rythme de l'international. Cependant, répondre à cette attente c'est valoriser le potentiel humain de manière à ce qu'il soit, de mieux en mieux, capable de s'imposer dans un monde aux destinées duquel préside une expertise qui se distingue par des habiletés intellectuelles pointues, l'aptitude à l'autonomie et la capacité de composer avec la mobilité des intérêts que créent les circonstances.

Répondre à cette attente, c'est aussi éviter à la société algérienne de demeurer cette société à deux vitesses que nous connaissons, une militant pour le progrès économique et social, la démocratie, la citoyenneté et la républicanité de l'idée et du comportement, l'autre qui, réfractaire aux changements et n'ayant de contact avec le progrès que par des liens de consommation immédiate et sans plus, se contente, faute de mieux faire, de se réfugier dans une sorte d'abcès de fixation : vouloir parrainer à elle seule les constantes nationales qui, de tout temps, ont été les symboles, les valeurs et les repères de tous les Algériens

Répondre à cette attente, suppose une école qui :

- renoncera au rôle de boîte à cours décrochée des préoccupations de la société ;

- cessera de poursuivre des objectifs disparates et sans portée ;

- circonscrira et conscientisera les difficultés d'apprentissage et les causes de la démotivation ainsi que celles du désintéressement qui affectent le cursus scolaire de certains élèves ;

- prendra acte de l'aspiration de chaque élève à vouloir cheminer son parcours scolaire au rythme qui est le sien ;

- par-delà la formation de qualité, elle organisera la société de manière à ce qu'elle ne se contente plus de s'isoler dans l'anonymat en entretenant des rapports précaires avec la post-industrialisation. Une société qui interpellera cet arbitraire qui l'empêche de choisir ce qu'elle voudrait être et de s'éloigner du risque de la « dissolution » en acquérant d'une part un savoir de plus en plus approfondi, de plus en plus affûté, de plus en plus étendu et de plus en plus disponible à l'actualisation et d'autre part, la compétence de choisir, de décider, de collaborer, de s'adapter et de créer.

- faisant de cette sociale attente son centre de gravité, elle s'évitera de se dissoudre en elle-même. Elle s'investira avec le maximum de chance de succès, dans l'accomplissement des tâches par lesquelles elle contribuera à l'aboutissement du développement national durable.

La politique éducative, devant faire échec à l'échec scolaire et garantir la formation de l'esprit qui saura et qui refusera de dépérir par dégénérescence, ne pourra s'accomplir en se désincarnant du profil d'école universelle.

*Directeur départemental de l'éducation, Ancien Professeur INRE, Auteur, Dernier ouvrage paru aux Editions El Maârifa : «Comment mettre en état un Etat qui était dans tous ses états»