Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Réinventer l'école c'est faire en sorte qu'elle comprenne sa mission (2ème partie)

par Chaïb Aïssa-Khaled*

Pédagogie du préscolaire

Elle considérera l'enfant dans son individualité, comme une nature propre, comme une personnalité originale se signalant par des dispositions psychologiques propres. Vouloir considérer pareillement tous les enfants, quand bien même du même âge et les traiter de la même manière, c'est s'égarer. L'enfant, à part qu'il a des manières particulières de voir, de sentir, d'agir et de réagir, est un homonculus, un être en perpétuel devenir. Il ne reste pas identique à lui-même d'un bout de la scolarité à l'autre.

Chaque enfant étant par essence porteur d'aptitudes spéciales, le rôle essentiel de l'enseignant du préscolaire et de favoriser ses prédispositions personnelles. Autrement dit, l'enseignement qu'il dispensera devra nécessairement s'individualiser et se différencier en fonction de la diversité des aptitudes qui se manifesteront dans sa classe.

Peut-on cependant se fier aux seules aptitudes de l'enfant pour orienter son enseignement ? Encore faut-il que l'enseignant soit toujours capable de les détecter. On s'aperçoit alors que la pédagogie de l'éducation des aptitudes risque d'être menacée d'inefficacité. Et puis n'est-ce pas aussi former le caractère et la volonté que d'accoutumer, voire d'obliger l'enfant à se livrer à des activités pour lesquelles, il n'a à priori que peu de goût ? C'est peut-être une manière de l'inciter à se révéler à lui-même, de tenter de provoquer en lui un renversement d'aptitudes salutaires.

A cet effet, la pédagogie de l'éducation préscolaire doit tenir compte des préoccupations et des besoins de la nature enfantine, de son activité préférée, de son goût du merveilleux, de son désir de se socialiser, de grandir, de savoir. Les négliger, c'est ne pas connaître la vraie nature psychologique de l'enfant et par conséquent, ne pas pouvoir encadrer une classe du préscolaire.

A chaque âge ses penchants fréquents. La liberté de suivre ses inclinaisons, celle de travailler quand il veut, selon ses humeurs et ses possibilités de l'instant et selon la versatilité de ses goûts du moment, en sont quelques-uns de ces penchants naturels d'ailleurs.

Elle se refusera, en conséquence, d'être dogmatique. Elle se proposera plutôt de réaliser un travail d'assimilation de l'enseignement au contact du milieu naturel et humain. Le pédagogue en charge de cette mission affûtera sa performance en se référant aux études ci-après citées :

- Les études psychologiques sur la perception, le syncrétisme, la vision globale de Decroly parce qu'elles ont amélioré les conditions de la lecture.

- Les études de Piaget sur les formes et les modes puérils de pensée, sur les notions du nombre, de la quantité et du temps parce qu'elles ont permis l'émergence de données nouvelles de la didactique psychologique.

- Les études psycho-dynamiques de Freud permettent de mieux comprendre la vie affective de l'enfant.

A la faveur de ces études, la pédagogie du préscolaire s'est inscrite dans le complexe des sciences humaines de l'Education.

Considérant que « l'enfant n'est pas un adulte en raccourci » - Kant - et que « chaque enfant naît avec ses passions » - Alain -, l'éduquer signifie s'adresser à l'être qu'il sera et non à celui qu'il est pour en faire un être social. La pédagogie du préscolaire s'oppose donc à ce qu'il s'abandonne à la somnolence, à l'inertie et à la paresse. Elle l'initiera plutôt à s'adapter à son environnement par le travail en consentant l'effort intellectuel et physique nécessaire à cet effet et qu'il faudra d'ores et déjà impérativement et progressivement équilibrer.

En conclusion, je dois dire que l'enseignant qui exerce son métier par vocation et non pour un simple besoin de salaire, comme c'est souvent le cas chez nous, doit mépriser la leçon magistrale, ce procédé peu productif parce qu'il entrave l'activité de l'enfant-élève et la discipline inhibitrice parce qu'elle le réduit à un simple sujet. Celui-ci doit apprendre à recevoir l'enseignement qui lui est dispensé pour l'appliquer dans des exercices au moyen desquels il mesurera ses degrés de réceptivité.

Privé de l'exercice de son activité, physique ou intellectuelle et dès son jeune âge et soumis, de surcroît, à une discipline inhibitrice, l'élève-enfant n'apprendra qu'à être le témoin de l'activité de son maître. Adulte, il deviendra un citoyen assujetti, passif et introverti.

S'AGISSANT DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

Conditions de mise en œuvre d'un enseignement primaire qui commence l'école

Ce cycle d'étude devra être le temps effectif de l'acquisition des langages fondamentaux, (calcul, lecture, écriture), parce que l'accès aux compétences générales, (capacité d'analyser et de synthétiser), passe d'abord par un premier niveau de maîtrise de la langue d'enseignement et du code arithmétique. Il s'agit là d'un enseignement incontournable, celui d'un système de signes indispensables à l'expression de la pensée et à la communication. Cependant, cet apprentissage formel ne pourra être efficace et aboutir que s'il s'élève de la seule transmission mécanique des codes, de la seule initiation aux règles et aux symboles, pour s'investir dans une initiation aux différents volets de la culture sur les plans spirituel, éthique, physique, artistique et scientifique.

Tout en poursuivant sa mission, il se focalisera sur la nécessité d'embrayer sur le développement de l'autonomie intellectuelle et de la personnalité d'une part et d'autre part, sur celui du sentiment de vouloir se rendre utile à la communauté. Cela dit, il se trouve que l'enseignement primaire est la matrice de l'échec scolaire.

Avec une telle tare, on ne peut aspirer à une école de qualité

Si l'Ecole algérienne est toujours incapable de mettre en valeur les ressources humaines qui lui sont confiées, si elle barbotte encore, au seuil de ce troisième millénaire dans l'indigence, si des pans entiers d'élèves franchissent « le Rubicon » et de surcroît, avec un maximum d'indulgence s'ils n'en sont pas exclus sans expertises, si l'échec scolaire, avec » son rictus narquois », s'érige d'année en année, dans des allures grandioses, c'est par la « grâce » d'une part, des gestionnaires du cycle primaire, qui, faute de conviction, de compétences, de qualifications, de maîtrise et surtout de motivation, n'arrivent pas à comprendre leur mission qui consiste pourtant à instruire et à éduquer, du discours-carotte des uns, du discours-passion des autres, du discours-rotatoire de tous et d'autre part, par la « grâce » des parents d'élèves qui, s'ils ne sont pas démissionnaires de leur rôle, subissent passivement le déni de l'administration des établissements scolaires qui a fini par les naniser.

Alors qu'il devrait être le socle de tout le système éducatif, ceux qui l'ont mis « hors orbite », ont en fait la matrice de l'échec scolaire. En effet et bien que les perturbations qui affectent les cycles moyen et secondaire soient dues à la déscolarisation de leurs objectifs, l'école élémentaire elle, subissant les méfaits des siens, semble ne pas avoir d'objectifs tellement ils sont flous et illisibles. Elle est, par conséquent isolée de l'esprit du siècle. Vacillante, elle trébuche à reculons. Quelle tragédie !!! Moralité, elle continue à sacrifier sur l'autel de l'incompétence, de l'irresponsabilité et de la gabegie des générations entières.

Je dis bien sacrifice de générations entières

La mission essentielle de l'enseignement élémentaire est d'assurer aux enfants l'acquisition et le développement des instruments permettant l'acquisition de la connaissance et donc, de les nantir des soubassements cognitifs et culturels appropriés et qui leur permettront de poursuivre leurs études au Collège. De cela, il n'en est rien parce que, tous les enfants qui entrent à l'école primaire, accèdent à la première année moyenne sauf que la plupart d'entre eux, ne maitrisent pas les éléments essentiels de la communication, (lecture insuffisante, incapacité d'écriture, absence de maîtrise des opérations de calcul élémentaires). Conséquence, les cohortes qui se succèdent n'atteignent pas le niveau jugé normal pour accéder au cycle moyen. Mieux encore, près de 30% des effectifs de celles-ci peuvent être définis comme « illettrés ». Ce déficit se multipliant tout au long du cursus du moyen, génèrera annuellement 50% d'inaptes des effectifs des cohortes qui accéderont à l'enseignement secondaire. Moralité, la déperdition aidant, d'une cohorte d'élèves scolarisés dès la première année du primaire, seulement environ 50% décrocheront le baccalauréat et c'est prouvé !

Pourquoi cette défaite ?

Objectifs flous et suivi lacunaire

Les programmes de l'enseignement élémentaire, manquent de rigueur et de précision. Bien que cette lacune soit éloquente, aucun commentaire n'est fait, d'où l'incapacité de ceux qui en gèrent la mission éducative, (les inspecteurs de l'administration et les chefs d'établissements) et ceux qui en gèrent l'acte pédagogique, (les inspecteurs de la pédagogie et les enseignants), de faire des haltes aux moments propices, des audits réguliers, d'évaluer le chemin parcouru, d'identifier les failles et surtout de situer les responsabilités. Le souci est d'attirer l'attention de ceux qui les ont conçus pour qu'ils les revisitent à des fins utiles. Mieux encore, leur suivi sur le terrain laisse fortement à désirer. L'initiation aux langages fondamentaux et donc, au raisonnement logique et au jugement méthodique, (ces composantes de la mentalité scientifique), sont de fait sacrifiés. Mieux encore, les objectifs volontaristes tels que le bannissement du redoublement et l'admission presque automatique des élèves en première année moyenne, ont rigidifié cette tendance.

Réduire le redoublement et assurer une admission presque automatique en première année c'est, somme toute, masquer l'échec sans pour autant le combattre.

L'évaluation, « ce Grand Absent »

L'absence d'évaluation qu'elle soit sommative, formative où même systémique, est la grande carence qui affecte l'enseignement élémentaire. Conséquence, les insuffisances pédagogiques ne sont donc pas appréciées. Evaluer périodiquement mais rigoureusement les acquis des élèves, ne semble pas être dans les cordes de ceux qui se contentent de piloter cet enseignement au jugé. Leur demander des études comparatives des résultats, entre les établissements et les pédagogies adoptées, c'est trop « exigé ». Moralité, ce dernier est, tout bonnement, tronqué.

A propos d'études comparatives. L'absence d'examen ou tout au moins de mesures des résultats enregistrés en fin de parcours de chaque niveau du cycle primaire, ne peut que contribuer à l'amoncellement des lacunes comptabilisées du fait qu'elles ne sont pas comblées à temps. A défaut d'évaluations sommative et formative, les gestionnaires en charge de ses niveaux, se croyant à l'abri de tout reproche, se complairont alors dans leur incapacité professionnelle et persévéreront dans leur mission à forger l'échec scolaire.

Des préjudices irréparables pour les cycles supérieurs relèvent donc de l'inéluctable

En effet le Collège et le Lycée sont, de fait, condamnés au rôle de rattrapage des insuffisances accumulées tout au long du cycle primaire, tel que proposé par le ministère de l'Education nationale et ne peuvent, par conséquent, remplir leurs missions originelles.

Mais pour le moment on n'y peut rien. Comme la formation commune de base (expression écrite, expression orale, techniques opératoires - calcul -) est carencée, le Collège doit procéder à une mise à niveau, d'où un temps d'observation des élèves qu'il aura reçus, ce qui laisse à penser et à juste titre, qu'on a rien observé auparavant. Or le Collège n'est pas armé pour cette tâche et il ne peut pas non plus, faute d'élèves de niveau suffisant, jouer son rôle naturel. Par enchainement, tout le cycle secondaire est altéré. Moralité, l'échec de l'enseignement secondaire n'est donc que le prolongement de celui du cycle primaire.

A qui incombe la responsabilité de cet échec ?

En sus de la « non gestion » de la mission éducative, de celle de l'acte pédagogique et du peu de crédit accordé au cycle de l'enseignement primaire par le ministère de tutelle par les directions de l'éducation des wilayas, celui-ci est donné en pâture aux injures des Assemblées populaires communales qui en ont fait le benjamin de leurs soucis. Supposées prendre en charge la rénovation en tous genres des écoles primaires, le transport et les cantines scolaires, hélas ! De tout cela, Il n'en est rien.

En effet et au seuil de ce troisième millénaire, il existe encore des écoles profondément délabrées et qui menacent même d'effondrement, sans revêtement de la cour et souvent sans clôture extérieure ?voir zones rurales-, avec des salles de classes aux vitres brisées et non renouvelées depuis des lustres, avec une boiserie totalement dégradée, avec des prises détachées pouvant entraîner des électrocutions à tout moment, avec un équipement scolaire réparable mais abandonné, avec des toilettes où Ebola ne peut être très loin.

A propos de la cantine scolaire intégrée à l'école

Au plan déontologique, la cantine scolaire est le lieu qui abrite l'éducation nutritionnelle à dispenser aux enfants. Gérant un volet de l'acte pédagogique, elle est appelée à les initier à l'appréciation du goût et des saveurs. Se liguant avec ce qui doit être l'enseignement formationnel*, elle contribuera à leur apprendre à ne pas se sentir des sujets hors orbite sociétal, à appartenir à un groupe. Elle structurera donc leur besoin de familiarité et leur désir de filiation. (Sans groupe d'appartenance, ils demeurent en marge de ce circuit de socialisation qui leur permet l'attachement).

*Enseignement formationnel : c'est un enseignement que l'enseignant ne dispensera pas avec pour seul souci de « s'écouter parler », mais qui s'appréciera par la rigueur dans la formation de l'esprit critique, par son efficacité dans l'épanouissement de ses aptitudes et l'accomplissement de ses attitudes, par l'affermissement de la volonté et l'enrichissement de la personnalité, par l'orientation qu'il fera prendre au rapport attention / intérêt modulateur de la perfectibilité intellectuelle.

Fécondant le sentiment par la raison, cet enseignement apprendra à l'esprit à dompter les mystères de la nature. Il permettra de la sorte à celui qui le recevra, de réunir le maximum de conditions pour pouvoir s'investir dans l'actualisation de ses acquis et de son expertise. Il est non seulement une science mais aussi un art, une action pratique..

Se limitant à satisfaire, de façon très médiocre, à un simple instinct primaire et faisant fi de la mission qui lui est confiée, elle formera des adolescents mal socialisés. L'impulsivité qui s'en découle, les poussera à l'acte violent, la fragilité émotionnelle les désarçonnera et les précipitera dans des troubles relationnels.

En termes clairs, la réunion autour d'une table avec des têtes familières, anime le monde où ils existent. Elle forme leurs perceptions et participe au développement des compétences dictées dans le référentiel de leur scolarité.

Hélas la cantine scolaire intégrée à l'école primaire, ne fait pas dans cette dimension pédagogique. Elle est réduite à une vulgaire « gargote » où la fadeur des repas, la froidure des lieux et le mépris de ceux qui la gèrent n'inspirent aucun élan socialisant. Les règles du « bon vivre » font tout simplement défaut.

Faisant fi de cette dimension pédagogique et ce au vu et au su des Inspecteurs des cantines et surtout, avec la bénédiction des chefs d'établissements qui emboîtent le pas à la médiocrité que distillent les préposés aux APC, la cantine scolaire telle qu'elle est, carence la gestion de l'acte pédagogique dans son ensemble et de ce fait, elle est l'une des causes de la déperdition et de l'affaissement des résultats scolaires.

En tout état de cause, qu'elle offre des repas chauds ou froids, elle évolue en tout cas dans un seul slogan, un slogan démagogique, « faire le contrepoids à la précarité sociale» sans pour autant protéger ces pauvres enfants qui sont dans le besoin, de l'intoxication alimentaire. A signaler au passage que ces messieurs les préposés des APC, inspirés par une muse machiavélique et médiocratisante, considèrent que les enfants du Préscolaire, bien que dans le besoin, n'ont pas droit à ce « goûter » moribond et parfois même, non comestible.

A propos de la santé scolaire

A priori, ce dossier ne semble pas concerner cette population scolaire. Seules celles des cycles moyens et secondaires peuvent être admises en consultation et encore avec le maximum d'indulgence. Les fameuses UDS ne sont qu'un leurre.

A propos du transport scolaire

En l'an 2018, les élèves des contrées rurales ou même semi-rurales subissant les injures du soleil de plomb en été et la froidure des matinées d'hiver, parcourent encore, par monts et par vaux, des kilomètres pour se rendre à leurs écoles et inversement, pour rentrer chez eux et ce au vu et au su ? des wilayas ? des APC ? des directions de l'éducation de wilaya. Cet effort, ils ne sont pas obligés de le consentir mais les administrations supposées le leur épargner, semblent applaudir ce « parcours du combattant », tout simplement parce que leurs progénitures n'en sont pas concernées. Ils oublient que le transport scolaire est un droit parce que la scolarité est un droit. Que ces gens-là de l'Administration générale du pays qui se proclament les chantres de l'école de qualité :

- cessent d'en être l'image inversée, ce qui a compromis la nécessaire adhésion du système éducatif et culturel algérien aux visées universalistes de l'éducation, de la formation et de la culture;

? souscrivent aux valeurs novatrices et réformatrices qui inspirent les mutations sociales positives en vue de les promouvoir dans le contexte de la mondialisation ;

? promeuvent le sens de la tendance lourde qui s'exprime à travers le monde, (regarder plus large, plus haut et plus loin que le sectoriel, l'interne, l'immédiat, le court terme).

Gérer la mission éducative et celle de l'acte pédagogique dans cette optique, c'est donc animer un authentique partenariat entre l'école et la vie. Cependant pour animer un partenariat authentique entre l'école et la vie, il est impératif de connaître celui qui est appelé à les animer, de le mettre à l'abri du besoin et de l'aider à s'élever progressivement de son état d'homonculus vers celui du candidat à la vie.

Or la gestion actuelle de la mission éducative et de l'acte pédagogique est défaillante

Il est à noter et c'est tout simplement, ahurissant, que beaucoup d'entre les gestionnaires de la mission éducative, (inspecteurs de l'administration et chefs d'établissements) et beaucoup d'entre ceux qui sont en charge de celle de l'acte pédagogique, (inspecteurs pédagogiques et enseignants) et particulièrement, ceux de la 25ème heure (les nouveaux, et les nouvelles recrues) sont non seulement mal armés intellectuellement et manquent par conséquent de ce savoir générateur du savoir-faire et du savoir-être et mal armés culturellement et en parfaits mégalomanes, sont convaincus qu'ils sont irréprochables, puissants, au-dessus de tout soupçon. Ils sont aussi et c'est ce qui est gravissime, très mal armés professionnellement parce que non formés et non motivés pour la cause. Inféodés à la navigation à vue et donc, sans but précis et sans objectif clair, ils semblent cautionner le fait que le cycle élémentaire soit la matrice de l'échec scolaire.

Un renouveau pédagogique s'impose

En sus de la non gestion qui accable la cantine, le transport et la santé scolaire, le renouveau pédagogique tant glorifié par le Ministère de tutelle, n'arrive toujours pas à voir le jour parce qu'il n'est toujours pas cerné dans l'optique de cette éducation / instruction qui considère que les seules connaissances utiles sont celles que l'élève tire de sa propre expérience, celles qui se destinent à préparer en lui l'adulte compétent qu'il devra être, dans l'optique d'une éducation / instruction force motrice d'une croissance autonome de son intelligence. Ce renouveau pédagogique, tant glorifié, n'arrive toujours pas à voir le jour parce qu'il n'arrive toujours pas à développer et à entretenir le savoir en instaurant une relation de médiation entre les gestionnaires de la mission éducative, ceux de l'acte pédagogique et les élèves. Ce renouveau pédagogique, tant glorifié, n'arrive toujours pas à voir le jour parce que ces gestionnaires, faute d'une motivation et d'une formation pour la cause et parce que incapables d'étayer leurs repérages et les relativités qu'ils sous tendent pour définir un paradigme pédagogique adapté au besoin de faire échec à l'échec scolaire, s'entêtent à théoriser leurs analyses et leurs évaluations. Enfin, ce renouveau pédagogique, tant glorifié, n'arrive toujours pas à voir le jour parce que les gestionnaires en question n'arrivent pas à s'extraire du cloaque du fonctionnariat dans lequel ils ont tendance à se fossiliser et l'enseigné, de ce tutorat qu'ils ont érigé en norme et qui s'évertue à garrotter ses élans et à rigidifier son intelligence.

Cela étant, le renouveau pédagogique en question devra se confondre en ce paradigme au moyen duquel chaque élève sera assisté dans son cheminement vers le progrès en diagnostiquant ses forces et ses faiblesses, en misant sur son besoin d'apprendre, de rechercher et de découvrir. Cela suppose que celui-ci soit orienté dans la construction de son savoir-faire et de son savoir-être pour faire face aux situations-problèmes qui s'expriment. Dans un premier temps, il leur importe de veiller à ce que l'école primaire ne soit plus le lieu de tous les enjeux comme elle le fut de par le passé. Pour ce faire, ils ne contribueront plus à la promotion du discours-carotte des uns, du discours-passion des autres, du discours rotatoire de tous et dont le souci commun est comme si à cette Ecole, devraient lui être tracées les limites de son expression. A ce propos, deux limites majeures sont à signaler :

- en mal de cette autorité qui frise même la violence, beaucoup « d'enseignantes » armées de bâton gros comme ça ! tyrannisent les élèves des cours d'initiation au lieu de leur apprendre à aimer l'école.;

- l'affront fait aux lois de la psychologie de l'enfant et de la psychopédagogie. A ce sujet et alors que ces lois préconisent que l'initiation à l'expression orale doit aller du simple au composé, du facile au difficile et du particulier au général, nos concepteurs de la méthode active nous ordonnent de prendre le chemin inverse. Mieux encore, de partir du « son » pour enfin symboliser les « lettres » qui forment le mot. Une didactique ou une révolution ? Non, plutôt une alchimie par la faute de laquelle des pans entiers d'élèves maitriseront très passablement la langue arabe pourtant langue d'enseignement. L'avenir, dites-vous? ?