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Réinventer l'école c'est faire en sorte qu'elle comprenne sa mission (1ère partie)

par Chaïb Aïssa-Khaled*

Devant être la rampe de lancement du développement durable, l'école algérienne devra revoir sa copie, cela signifie qu'elle doive être réinventée et pour la réinventer, commençons d'abord par faire en sorte qu'elle comprenne sa mission.

En effet, si l'évolution rapide du progrès des sciences et des technologies a rendu obsolètes ses plans de formation, l'actualisation et la mise à niveau de ceux-ci s'imposent. Désormais, ils n'omettront pas d'adopter cette approche inter et intra disciplinaire qui était la grande absente dans la conception des programmes d'enseignement par niveau et par cycle d'étude. Le souci est qu'ils devront favoriser l'intégration des concepts dans la dynamique de leur épanouissement. En conséquence et pour apporter un soutien mieux adapté à l'activité éducative telle qu'elle ne décentre pas de sa dynamique originelle (former une communauté de savoir et d'action capable d'exprimer ses valeurs et ses aspirations, ses exigences et ses attentes) et s'ajuste continuellement à ses prérogatives (éduquer, instruire, former et qualifier), l'école algérienne, (école publique et école privée) devra former le citoyen en mesure de faire avec le renouvellement des perspectives que crée la mondialisation des idées et des réflexes. La réinventer est, par conséquent, inéluctable parce qu'en ce troisième millénaire, il n'est plus question d'indépendance mais de survie. Il est alors impérieux pour l'école algérienne de cultiver ce génie humain qui est l'expression de la liberté de concevoir. Appelé à s'épanouir, celui-ci ne doit pas subir l'injure d'une quelconque frustration politique ou idéologique.

L'ouverture culturelle de l'Algérie sur le monde ne pouvant être que le signe d'une maturité politique et sociale qui refuse que son espace civilisationnel se sclérose ou s'atrophie, est incontournable. Réinventer donc l'école algérienne, c'est lui assigner pour mission l'obligation de stimuler et d'encourager l'élévation du niveau culturel de la société. Elle s'engagera, pour ce faire, dans la valorisation de la ressource humaine en la nantissant des qualifications qui lui permettront d'enrichir le patrimoine culturel national, d'adhérer à la mouvance civilisationnelle mondiale et d'affirmer son appartenance à la commune humanité.

Cela dit, force est de constater aujourd'hui que l'école algérienne ne sait plus répondre aux attentes légitimes et aux besoins réels de la collectivité. Cette situation alarmante due, en grande partie, à l'absence de vision et à une mauvaise articulation aux plans inter et intra disciplinaires entre les différents paliers du système éducatif, a été aggravée par une insuffisante liaison avec l'environnement interne et le manque d'ouverture sur l'universel qui ont également pesé lourdement dans le processus de la dégradation générale. Cette crise de l'enseignement a réduit, à l'évidence, la portée des résultats à obtenir et les acquis à comptabiliser.

Alors que les préoccupations de la société algérienne ne cessent d'évoluer et de prendre de l'épaisseur, l'école, elle, est demeurée réfractaire à tout changement. Elle n'arrive pas à évoluer en interaction avec les mouvements de la société. Conséquence, elle motive difficilement ceux qui la fréquentent. L'apprentissage dispensé, ne cheminant pas à des rythmes différenciés, la moitié de ces derniers est en difficulté d'apprentissage. Pour preuve, la réussite au baccalauréat peine à dépasser les 50%. Moralité, l'école algérienne éprouve des difficultés à comprendre sa mission et sur laquelle, elle ne s'interroge même pas. D'ailleurs, elle ne s'est jamais interrogée sur ce que devrait être la hauteur des exigences de celle-ci, ni sur la manière la plus perspicace de concevoir et d'élaborer une formation de qualité, encore moins d'assurer aux jeunes une orientation qui permet à leurs aptitudes potentielles de prendre du pas, ni sur la nécessité et l'importance des passerelles qui devraient exister entre les différents niveaux et cycles d'étude qu'elle est censée pourtant mettre en place et gérer et entre le cours de l'enseignement général et celui de la formation professionnelle qui devrait, lui, s'exprimer comme une alternative pour certains.

N'ayant jamais pu définir ses objectifs encore moins, les scolariser, elle a de tout temps poursuivi des objectifs morcelés. Elle a toujours manqué de ressource et d'expertise pour pouvoir réaliser convenablement les apprentissages, encore moins, pour effectuer de bon diagnostics auprès des élèves à risque qu'elle abandonne, tout compte fait, aux injures de l'échec.

A propos de l'école privée. Prétendant se définir comme étant le substitut de l'école publique, elle ne l'a jamais été. Elle s'est plutôt convertie en créneau fondamentalement lucratif et elle est, pour cela, prête à se faire « hors la loi » en dispensant un enseignement en rupture avec les programmes d'enseignement officiels, les trouvant même trop arabisés. Le souci de ceux qui la gèrent - la plupart étant des commerçants en mal d'aristocratie ou de nostalgie (sic !!!) -est d'abord « la rente » et ensuite, la formation d'une société algérienne à deux collèges). Celui des élèves et particulièrement ceux qui recherchent une meilleure prise en charge de leurs difficultés d'apprentissage, est relégué à un second ordre.

N'arrivant, de toutes façons, pas à motiver la population scolaire qui lui est confiée, l'école algérienne (qu'elle soit publique ou privée) a crée des exclus. (Un grand nombre de jeunes se voyant forcés de cheminer leur cursus scolaire à des rythmes qui ne sont pas les leurs, décrochent sans formation générale suffisante, ni qualification. Ne sachant quoi en faire, elles les abandonnent à leur nature de débrouillardise). Les élèves qui auraient réussi, traîneront, indéfiniment, le fardeau de la médiocrité de la formation qu'ils auront «subi».

Ne valorisant pas l'enseignement, elle le «jette» beaucoup plus qu'elle n'en dispense. La promotion du savoir créatif de savoir faire est le benjamin de ses priorités. Ne promouvant pas la recherche pour le développement d'un apprentissage performant, sa mission ne peut être que carencée. L'heure est donc venue de lui donner toute sa densité.

Eduquer, instruire, former et qualifier suppose par conséquent, que l'école algérienne doive, au même titre que toutes les écoles performantes de par le monde, éviter d'exclure, favoriser la persévérance, ménager l'accessibilité des études, être sensible aux préoccupations, (ambitions, aspirations, besoins, contraintes), de tous ceux qui l'animent en particulier et aux attentes sociales en général. Elle ne doit plus demeurer réduite à une vulgaire boîte de cours décrochée de l'avenir de la nation et se contenter de peu d'exigences. Le savoir, tant général que professionnel, devenant la ressource la plus précieuse et la plus convoitée par la société humaine postindustrielle, la formation de qualité est désormais cette exigence qui s'impose aux peuples qui veulent transcender leurs dilemmes, surmonter leurs contradictions, évacuer leurs malaises, accomplir le pas libérateur. Elle contribue donc à l'aboutissement de la prospérité de la cité. Etant le centre de gravité d'une mission éducative bien pensée et bien réfléchie, elle doit assurer aux ressources humaines compétences générales et qualifications spécialisées.

S'agissant des compétences générales

Les compétences dont l'école devra garantir l'acquisition, sont cet ensemble d'habiletés et d'aptitudes (pouvoir d'analyse, de synthèse, de déduction, d'abstraction, d'agrégation de sélection, d'abrogation) qui, acquises à l'individu, lui permettent de décloisonner et de mettre en relation tous les savoirs pour pouvoir comprendre le monde, gérer ses mystères et y exercer son « métier » de citoyen. C'est la formation de l'intelligence développée depuis l'école maternelle à l'université qui permet à ce dernier, par la fréquentation de plusieurs disciplines dans divers champs du savoir, de comptabiliser des connaissances structurantes qui le nantiront du pouvoir de développer son aptitude au raisonnement logique et au jugement méthodique, d'orienter sa démarche intellectuelle, d'organiser les informations qu'il recevra, de construire, d'actualiser et d'intégrer le savoir conquis dans la dynamique de son épanouissement intellectuel et, partant, dans son épanouissement culturel. On comprend donc, combien il est attendu de l'éducation et de l'instruction de s'élever de la seule transmission de l'information, dans laquelle elle se confine et de consentir l'effort nécessaire pour structurer cet esprit capable de maîtriser les configurations des problèmes qui tenteront de l'assiéger. (Cheminant sa formation générale au rythme qui est le sien, l'élève forgera sa compétence intellectuelle au fur et à mesure qu'il acquiert des connaissances structurantes).

S'agissant des qualifications spécialisées

Les qualifications dont l'école devra assurer l'acquisition, sont cet ensemble de connaissances, d'habiletés et d'aptitudes qu'une discipline d'étude structure en l'esprit et lui permette une orientation scolaire ou professionnelle largement justifiée parce qu'elle sera l'expression de son aptitude à maîtriser cette discipline d'étude.

Assurer, par conséquent, à chaque élève son intégration dynamique dans la société et lui éviter les affres de l'exclusion, c'est veiller à ce qu'il ne quitte l'école non seulement sans avoir acquis des compétences générales mais aussi, sans être nanti de qualifications dans une ou plusieurs disciplines d'étude pour lesquelles il nourrit une propension particulière. En conséquence et à quelque palier que ce soit du cursus scolaire, le développement des qualifications ne devra jamais être séparé de la formation des compétences générales. (Celles-ci et en leur qualité d'outils psycho-intellectuels, si elles seront efficacement pilotées, permettront la performance des qualifications spécialisées acquises). Un équilibre entre un espace de formation des compétences générales, (pouvoir d'analyse, de synthèse, de déduction, d'abstraction, d'agrégation, de sélection, d'abrogation) et un espace favorisant la structuration des qualifications dans un ou divers champs du savoir, devra donc être aménagé dans les curriculums, (un espace-programmes, un espace-méthodes d'enseignement, un espace-rythmes scolaires).

Par souci de fonctionnalité, une politique éducative se voulant valorisatrice des ressources humaines :

*s'assignera pour objectif fondamental de ne laisser quiconque quitter le cursus scolaire à quelque cycle que ce soit sans avoir acquis des compétences générales minimales garanties, assorties de qualifications dans telle ou telle discipline d'étude ;

*recommandera de songer, pour celles et ceux qui décrocheront ou qui n'accéderont pas au diplôme de fin de cycle et dans le cadre du mérite-système dont je propose l'institutionnalisation, à des formes d'attestation des compétences et des qualifications qu'elles ou qu'ils auront comptabilisées et ce pour leur éviter l'exclusion sociale et leur permettre, au moyen d'une formation continue (professionnelle entre autres), le développement optimum des potentialités dont elles ou ils seront dépositaires.

Au moyen de ses activités axées sur l'acquisition des compétences générales et la structuration des qualifications spécialisées, l'école se chargeant du développement intellectuel, cognitif, psychologique, mental et comportemental de chaque élève, cultivera en lui les valeurs qui fondent la morale de la vie en société et donc les attitudes liées à la maîtrise de soi et au dépassement de soi. Elle éduquera, en somme, à la synthèse de soi. Autrement dit, au moyen des relations pédagogiques fonctionnelles dont elle usera, au moyen des apprentissages formels (qui récusent l'ambiguïté et l'équivoque et qui nantissent tout un chacun de la capacité d'apprendre à apprendre), qu'elle poursuivra et au moyen de sa vocation (édifier une société de savoir et d'action), elle s'affichera en promotrice de cette autonomie intellectuelle qui se situe au fondement même de toutes les compétences générales à faire acquérir.

L'ACQUISITION DES COMPETENCES GENERALES ET DES QUALIFICATIONS SPECIALISEES EST PAR ESSENCE LA FORCE MOTRICE DU DEVELOPPEMENT DURABLE AUQUEL ASPIRE LA CITE

Etant par essence la force motrice du développement durable auquel aspire la cité, l'acquisition des compétences générales et des qualifications spécialisées impose au plan directeur de la gestion de la mission éducative de définir un cadre de finalités à l'intérieur duquel, les élèves seront initiés et ce dès les toutes premières classes, aux notions et aux comportements qui leur permettront de se forger progressivement des capacités et des aptitudes et à leur intégration socioculturelle de se structurer.

Cependant, pour permettre à cette intégration socioculturelle de se structurer pour enfin aboutir, l'école algérienne devra être le lieu où s'apprennent la participation, la collaboration, l'engagement, le respect de l'autre et la façon de composer avec les contraintes de la vie en communauté. Plus largement encore, elle devra être ce lieu où sera dispensée une éducation civique porteuse de valeur d'équité, de partage, de responsabilité, d'accueil des différences et d'épanouissement. Ce sera donc en accomplissant sa fonction d'éduquer, d'instruire, de former et de qualifier qu'elle contribuera à l'intégration dynamique de l'individu dans la société et pour l'épanouissement de laquelle il militera.

Sans cette forme d'intégration, la participation et la responsabilité sur lesquelles repose la citoyenneté, n'existeront pas. Pour qu'aboutisse une mission éducative de ce genre, c'est-à-dire celle qui scolarise ses objectifs, chaque ordre, (cycle d'étude), devra être partie prenante. (L'école ayant pour mission spécifique de promouvoir l'épanouissement social, chaque ordre d?étude devra avoir ses tâches propres à accomplir à cet égard).

S'AGISSANT DU PRESCOLAIRE

Tout au long du cheminement scolaire qui consiste à aider l'élève à acquérir des compétences générales et des qualifications spécialisées et d'attester de leur fiabilité, le cycle pré scolaire qui est conçu comme un temps d'éveil, le temps des premiers apprentissages, devra jouer un rôle prépondérant. Il devra, pour ce faire, cesser d'ignorer sa mission et ses objectifs et d'être donc relégué à un rôle accessoire.

Appelé à amorcer des apprentissages structurés par le développement du langage, l'exploration mathématique et l'expression artistique, il ne doit pas revêtir le caractère d'un espace où les enfants viennent faire ce qu'ils veulent. Cependant, il ne s'agit pas de mettre le cap sur une quelconque performance scolaire. Il y va plutôt d'une initiation aux prémices de la connaissance. Appelée à jouer un rôle diagnostic et préventif en dépistant, très tôt, les enfants qui présentent un quelconque déficit, (psychique, mental, intellectuel) et qui éprouvent donc des difficultés d'apprentissage, l'éducation préscolaire tentera d'en faire des enfants préparés à l'école sans commencer l'école.

L'éducation préscolaire étant par conséquent la première étape scolaire au cours de laquelle l'enfant recevra les éléments de base de son éducation-instruction. Cette préoccupation a été prise en charge par l'ordonnance du 16 avril 1976 qui stipule, dans son article 19, que l'enseignement préparatoire est un enseignement destiné aux enfants qui n'ont pas atteint l'âge scolaire obligatoire. (Cette disposition n'ayant pas été abrogée pourquoi alors les directions de l'éducation, en charge de cette mission, ne créent-elles pas les divisions pédagogiques nécessaires à cet effet ?).

En effet, l'enseignement dispensé dans le cycle préscolaire étant un enseignement qui prépare l'enfant à entrer à l'école sans commencer l'école, faute de volonté et de vision et la désinvolture de ceux qui sont en charge du secteur aidant, la réalité est loin d'être ce qu'elle devrait être. Cet enseignement n'a pas bénéficié de l'attention voulue. Il est sacrifié sur l'autel de la décision administrative pilotée au jugé.

Etant un droit citoyen et un devoir public, il est impératif de s'en occuper sérieusement et d'en faire une authentique étape du cursus scolaire. Cela suppose une extension du réseau existant en matière de divisions pédagogiques si on prétend nous inscrire dans la vision des institutions internationales qui recommandent de faire de l'enseignement préscolaire un inéluctable.

La période préscolaire considérée comme une étape décisive dans la formation du citoyen porte-parole de son temps, contribue à son développement aux plans cognitifs, intellectuel, sensorimoteur et socio-affectif. Elle embraye sur la formation de la personnalité, (comportement et caractère) et pourquoi pas sur la structuration de la mentalité scientifique, (à cet âge, la curiosité de l'enfant est débordante, il faut savoir la saisir). Les acquis de l'enfant durant cette étape sont déterminants pour son évolution future.

Profil de l'enseignant appelé à être en charge de cette étape scolaire

Eu égard à la délicatesse de l'éducation-instruction destinée à cet âge, il convient d'en confier l'encadrement à des éducateurs nantis de beaucoup de bon sens et d'un infini dévouement. Qu'entendons-nous par bon sens ? Cela ne peut être que « la chose » la mieux partagée du monde avait dit Descartes. C'est la faculté de bien juger, de distinguer le vrai du faux. C'est une sorte d'intuition qui indique d'emblée ce qui est convenable et ce qui ne l'est pas et qui permet aussi de prévoir les conséquences de nos actions. Une telle aptitude est indispensable à l'enseignant en général et à celui en charge du préscolaire en particulier parce qu'elle leur évite de commettre des erreurs pédagogiques, comme mal connaître leurs élèves, ne pas pouvoir distinguer l'essentiel du secondaire, ne pas savoir choisir ce qu'il faut leur apprendre, mal les orienter, être mauvais conseil pour les parents.

Qu'entendons-nous par dévouement ? Le dévouement suppose une ardeur que ne ralentissent ni les difficultés éprouvées, ni les mécomptes infligés lors de l'exercice de la profession. C'est le don entier de soi-même, la vision claire qu'on a d'une tâche. Le « maître » du préscolaire doit enseigner avec son esprit et aussi avec son cœur. C'est la raison pour laquelle il doit se pencher, avec autant de sollicitude, sur le paresseux et le colérique pour les inciter à un meilleur comportement et à perfectionner leurs attitudes et leurs aptitudes.

C'est parce que son dévouement est important que le maître n'hésitera pas à recommencer une leçon, à revenir sur ce qui a été dit, à insister de nouveau sur les points demeurés obscurs. Il s'ingéniera à porter de la lumière dans l'esprit de ses élèves.

Les objectifs de l'éducation préscolaire

La langue d'enseignement ne pourra-être que l'arabe. Cela n'interdit pas l'initiation à une autre langue.

Elle vise à :

- compléter l'éducation familiale et à préparer l'enfant à entrer à l'école ;

- assurer à celui-ci l'acquisition progressif d'un comportement social sain ;

- favoriser la cohérence dans les diverses étapes de la croissance de sa personnalité ;

- l'initier aux valeurs spirituelles, (religieuses), patriotiques, citoyennes ;

- lui apprendre à apprécier le beau en l'exerçant au dessin par le choix des couleurs, à la musique par l'interprétation de chansonnettes, à la gestuelle par l'expression orale.

Elle s'appuiera essentiellement sur les activités ludiques. (Elle permettra en quelque sorte à l'enfant de terminer son jeu).Elle visera dans sa phase ultime à lui faire acquérir quelques savoirs qui soutiendront ses apprentissages lorsqu'il accédera au cours d'initiation primaire.

Le curriculum

Compte tenu de l'importance de l'éducation préscolaire, une attention toute particulière doit être accordée à l'élaboration du curriculum et à son évaluation.

Il convient à ce propos, de diviser l'éducation préscolaire en plusieurs étapes. A chacune d'elle sera réservée une activité particulière.

a) La première étape est celle où l'on mettra l'accent sur le développement sensori-moteur. L'éducation se fera par le jeu.

b) La deuxième étape est celle de la socialisation. L?enfant sera conduit à dépasser progressivement son instinct égocentrique, en développant le sens de l'entraide, du pardon, de la solidarité, de la vie en commun - (l'activité ludique) -, du travail collectif.

c) La troisième étape est celle où l'on s'attachera au développement des aspects affectifs de sa personnalité. On cultivera en lui l'amour du beau, de la nature, les valeurs spirituelles, patriotiques et sociales. On le préparera à la citoyenneté.

d) La quatrième étape est celle qui lui permettra d'acquérir des savoirs et des savoirs faire compatibles avec son âge mental et ses capacités intellectuelles.

L'importance de l'éducation préscolaire étant signalée tant au plan social qu'au plan individuel, elle assure à l'enfant l'acquisition d'un ensemble de savoirs et de savoirs faire qui lui permettront d'entamer sa scolarité dans de bonnes conditions. Bien pensée et bien réfléchie, elle augmente considérablement ses chances de réussir son cursus scolaire. En conséquence, elle sera pour beaucoup dans la réduction des déperditions et de l'échec scolaire. Devenant partie intégrante du système éducatif et culturel, le cycle préscolaire sera désormais un investissement que l'Etat, assisté des promoteurs privés, consentira. Ces promoteurs ne doivent pas se limiter à être de vulgaires commerçants soucieux de s'enrichir en faisant de la pédagogie et du professionnalisme le benjamin de leurs soucis.

Conditions de mise en œuvre d'un enseignement préscolaire qui prépare l'école sans commencer l'école

- Considérer l'éducation préscolaire comme partie intégrante du cursus scolaire à accomplir obligatoirement, d'où la nécessité de sa généralisation ;

- organiser l'éducation préscolaire par l'adoption d'un curriculum unifié et par la mise en place d'une logistique réglementaire. (Construire des établissements adaptés à cette mission, accompagnés de tous les coefficients de confort et pédagogiques nécessaires et utiles à la population scolarisée en matière de santé, de nutrition, d'activités pédagogiques, de mobiliers adéquats, d'espaces verts) ;

- élaborer les programmes de l'enseignement préscolaire et définir ses objectifs selon les lois établies par la psychologie de l'enfance et proscrire tout aspect politico idéologique qui risquerait de s'y interférer ;

- réaliser un thesaurus linguistique destiné aux enfants, éditer des dictionnaires pour enfants sous forme d'illustrés

- éditer le Saint Coran en fascicules de deux ou trois « sourates » chacun destinés à initier l'enfant à l'éducation religieuse. Editer également des fascicules des Hadiths les plus élémentaires du Prophète Mohamed QSDDSSL destinés à l'initier aux fondements de la morale universelle et du civisme, (comportement citoyen),

- promouvoir et développer d'autres moyens didactiques et pédagogiques appropriés, livres, jeux, films et programmes télévisés ;

- recruter des diplômés de psychologie et les former pour qu'ils soient capables de permettre l'aboutissement des objectifs escomptés. Leur assurer une formation en cours d'emploi, (sous forme de recyclages périodiques ou de conférences débats) ;

- organiser des activités de recherche dans le domaine ;

- promouvoir la privatisation de l'enseignement préscolaire en mettant en place des critères normatifs et des clauses spécifiques qui conditionneront l'octroi de l'agrément.