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Devant être la rampe de lancement du développement national durable: l'école algérienne doit revoir sa copie (Suite et fin)

par Chaib Aïssa-Khaled*

En tout état de cause, les débats sur la formulation de politiques éducatives et culturelles ne doivent pas être, une recherche d'accommodements provisoires, d'aménagements transitoires ou de formules qui ne changeront rien au désordre des choses. Par contre, ils doivent, indubitablement et en premier lieu, s'affronter aux clivages entretenus par des partisans d'idéologies et d'intérêts réfractaires à la volonté des hommes à se mêler au monde sans gêne et sans complexe, sans inquiétude et sans trouble et à gérer le tumulte de la modernité, sans erreurs et sans illusions.

La déliquescence qui tend à affecter l'école de par le monde étant partie prenante de la crise multiforme que ce dernier subit, il est nécessaire que ces débats évacuent de façon systématique les réformes clandestines, rompent avec ce grave travers qu'est la marginalisation des compétences avérées en la matière et s'imposent des engagements à repenser, dans tous les sens un système scolaire qui est devenu un sous-système en phase de se figer dans un environnement socio-politico-économique mondial qui n'adhère plus aux préoccupations de l'humanité.

En somme, ils s'inscriront dans cette exigence, dans cette recommandation du troisième millénaire qui consiste à manager l'épanouissement de la mentalité scientifique, c'est-à-dire la capacité des citoyens à raisonner logiquement et à juger avec méthode pour pouvoir s'adapter au rythme de l'international.

A ce propos, l'école algérienne ne doit pas s'égarer dans les méandres labyrinthiques des subtilités politiques, idéologiques et administratives aux implications désastreuses ou se soumettre à des expériences qui n'aboutiront jamais au résultat escompté. Aussi, elle ne doit pas demeurer cet espace où se combinent et de surcroît, dans le désordre :

- l'explosion démographique ;

- le monolinguisme réducteur ;

- l'absence de recherche ou de rénovation pédagogique ;

- la politisation forcenée de la logique scolaire ;

- la dégradation quasi planifiée des conditions socioprofessionnelles des enseignants ;

- le bureaucratisme comme paravent de l'incompétence ou de l'insouciance des structures et institutions chargées de gérer la mission éducative et l'acte pédagogique et l'absence quasi totale d'un mécanisme technico-administratif capable de suggestions et d'orientations pédagogiques fiables ;

- la formation sans rapport ni prise avec le réel ;

- l'extinction du désir, du besoin même d'améliorer l'instinct citoyen au profit d'une vitalisation de l'agressivité, de la médiocrité, de la fabulation et même du proscrit.

Pour ce faire, l'enseignement-apprentissage ne poursuivra plus des objectifs disparates et fugaces, mais recherchera l'optimum d'ensemble, c'est-à-dire la production d'une personnalité capable de se mouvoir dans un espace mondial sans cesse actualisé. Les débats à engager opteront alors pour un modèle de gestion de la mission éducative qui s'accordera au mieux aux défis de l'heure.

Autrement dit, pour un modèle qui ne fonctionnera pas sous le joug de déterminismes idéologiques et politiques stériles, mais qui contribuera à la promotion du citoyen autonome et responsable, de l'individu qui sera l'artisan de son évolution et l'architecte du progrès social et non à la promotion du sujet soumis ou à celle du militant appelé à se fondre dans cet esprit étriqué qu'on aura taillé pour lui dans la roche de la dérision.

Toutefois, cette forme de gestion ne pourra œuvrer à la formation de ce profil de sortie que si elle s'inscrit dans cette relation pédagogique qui, bien que tenant compte des différences individuelles (chaque élève véhiculant ses propres préoccupations et ses propres intérêts), se focalisera sur le développement de l'esprit qui saura raisonner logiquement et juger avec méthode. Elle s'organisera autour de six apprentissages fondamentaux :

- apprendre à l'individu à apprendre en vue de s'accommoder des instruments qui lui permettront la compréhension du monde au sein duquel il doit évoluer et pour le bien-être duquel il œuvrera ;

- apprendre l'individu à connaître pour connaître plus en vue de l'initier à perpétuer sa capacité à acquérir des connaissances sans cesse actualisées ;

- apprendre à l'individu à «bien faire » en lui apprenant, non seulement à acquérir un savoir-faire, mais aussi à jouer son rôle de citoyen modernisateur et fédérateur des bonnes volontés. En acquérant l'aptitude de «bien faire», il se sentira utile à la cité ;

- apprendre à l'individu à vivre avec ses semblables, en lui apprenant à coopérer et à participer avec eux à l'aboutissement de toutes les activités humaines au profit du bien-être social. A ce propos, il importe aux programmes d'étude de mettre l'accent sur cette dimension pédagogique. L'objectif est de laminer «le rejet de l'autre» qui s'exprime soit au nom d'une nation, au nom d'une ethnie ou au nom d'une religion. Il s'agit notamment de promouvoir l'apprentissage du «vouloir vivre ensemble» en incitant l'intérêt à développer la connaissance de l'autre, de son histoire, de ses traditions, de sa spiritualité;

- apprendre à tout un chacun à être en lui apprenant à développer une plus grande capacité d'autonomie du jugement méthodique et du raisonnement logique, ces deux composantes de la mentalité scientifique, ce qui renforcera sa responsabilité personnelle dans le tissu collectif ;

- apprendre aux hommes à transcender leurs dilemmes de façon lucide et honnête pour que surgissent en eux des femmes et des hommes qui sauront gérer la puissance et la complexité des obligations que leur créent les choses de la vie3, des femmes et des hommes qui refuseront tout ordre établi, celui qui entretient l'indigence culturelle au profit de l'illusion.

A ce titre, il est indiscutable que l'école algérienne s'oblige à préciser les objectifs et les finalités de sa mission et à les orienter dans cette optique.

- Qu'elle sache donc que la société algérienne ne veut pas demeurer fragmentaire, qu'elle ne peut plus se contenter de puériles initiations, qu'elle veut vivre des instants où l'ardeur du combat pour le développement durable empêche tout recul.

- Qu'elle cesse de faire de l'humanisme une négation de l'homme.

- Qu'elle cesse de faire de l'homme un animal privilégié, un instrument aux mains d'aventuriers sans vergogne. Qu'elle s'évertue plutôt à en faire un instrument confié à lui-même et le promoteur du citoyen du monde qui veille en lui.

- Qu'elle s'élève du rôle d'apôtre sans auditoire pour inaugurer des voies nouvelles à l'avènement de l'esprit qui saura.

- Qu'elle sache que les jeunes doivent comprendre que la puissance ne peut être que du savoir et de l'action et que seuls le savoir et l'action peuvent leur permettre d'évoluer au rythme de l'international et leur assurer l'accès à une vie décente faite de droit, de liberté et de raison.

- Qu'elle s'assigne pour obligation de veiller à ce que l'éducation et la culture ne soient plus traquées par le népotisme de «ceux-là» et de «ces autres» qui entretiennent la flamme du préjugé tenace pour ne produire, tout compte fait, qu'une culture vacillante, chétive, n'approchant que timidement le concept de la réflexion et l'avènement du goût, de l'esthétique, de la morale et de la citoyenneté, ce qui a délesté des générations entières de leur essentiel humain, réduisant de facto leur notion du rationnel à de banales résurrections idéologiques hâtant une prise de conscience hébétée.

Cela dit, un ressaisissement de la conscience citoyenne ne devra pas s'opérer en marge d'un choix judicieux d'une politique éducative et culturelle à adopter

Une politique éducative et culturelle définie au profit du ressaisissement de la conscience citoyenne, apprendra aux mentalités à ne pas céder à ce qui risque de les polluer et partant aux hommes, à condamner largement et sans équivoque, les voies de la violence, à conjurer le péril ou l'anéantissement qui menacent leurs nations, à préserver l'intégrité de leurs territoires et l'unité de leurs peuples, à refuser d'abdiquer la souveraineté nationale, à affirmer les principes républicains.

A l'encontre de ceux qui voudront leur contester leur droit de se défendre contre tous les abus d'où qu'ils viennent et d'assumer leur devoir impérieux, celui de promouvoir l'acte démocratique, ils sauront se dresser tel un rempart face aux dénis intolérables et aux forfaits majeurs qui tenteraient de s'ériger en norme. Ils seront déterminés à assumer avec fierté et sans ambiguïté leur passé et à tisser des liens solides avec leur présent et leur avenir.

Apprenant à exprimer leurs valeurs profondes de tolérance et de générosité et leur volonté d'affirmer leur appartenance à la commune humanité, ils ouvriront le chemin à la voix de la sagesse. Ils brandiront leur aspiration indéfectible à la paix. Refusant désormais de s'accommoder de situations d'anarchie, de démission collective, encore moins de violence, ils s'investiront dans l'accomplissement de la performance de leurs compétences générales et dans celle de leurs qualifications spécialisées.

Une politique éducative et culturelle au profit du ressaisissement citoyen consacrera indubitablement un Etat qui, s'éloignant des visions politiques de type féodal, aura un contenu modernisateur.

Admettant qu'il n'y a de constant dans l'histoire des sociétés humaines dynamiques que le changement, cette politique devra être érigée en hygiène de vie. Considérant que si l'homme refuse de cautionner son sous-développement et de demeurer à la remorque de «l'autre», l'heure est venue pour lui de souscrire au complexe progrès-civilisation. Sa mission consiste, par conséquent, à valoriser la ressource humaine en faisant de l'école un puissant pôle d'idées-forces au moyen desquelles il pourra intervenir sur son niveau civilisationnel pour l'adapter à celui auquel il aspire. Elle mettra ses préoccupations, (ses ambitions, ses aspirations, ses besoins et ses contraintes), au centre des stratégies globales à adopter pour que s'accomplisse son «mieux-être».

Cet élan est possible pour peu que l'école algérienne s'ouvre les chemins d'un avenir prometteur et qui constituera le socle intangible d'un pacte social qui permettra à la nation de réaliser ses espérances de progrès et de prospérité et de s'adapter aux tendances lourdes qui animent le monde et qui sont exhaustivement:

- L'édification d'un cadre de vie constitutionnel et social ouvert, transparent, participatif et qui garantit l'exercice des libertés individuelles et publiques et assure l'ouverture politique.

- La mobilisation du génie national qui permettra aux citoyens de vivre l'espoir et de bâtir non seulement une société de savoir et d'action mais aussi, celle de justice et de progrès.

- L'élimination des pratiques du clientélisme, de la corruption et de l'abus d'autorité.

- L'offre d'une qualité sans cesse croissante des prestations servies dans le strict respect des principes d'impartialité et d'égalité.

- La rationalisation et l'organisation du travail.

- Le développement des instruments de planification stratégique, de prise de décision et de soutien à l'économie en luttant contre le trafic d'influence, les collusions avec les décideurs, les passe-droits rétribués, les services illicites.

- La mise en place d'un appareil judiciaire qui cesse d'être le lieu privilégié où s'expriment les abus et où les passions partisanes, claniques et même tribales, trouvent impunément la possibilité d'éclore.

- La mise en place d'institutions qui se mettent à l'écoute du citoyen et fassent une lecture clairvoyante de ses aspirations, de ses ambitions, de ses besoins et de ses contraintes.

- La lutte contre les menaces susceptibles de provenir des idéologies simplificatrices et totalitaires.

- La lutte contre tout ce qui rend le citoyen triste, égoïste et violent en promouvant les notions de probité, de rigueur, de tolérance, d'ouverture sur le monde et son adhésion aux valeurs universelles que distille le complexe progrès/civilisation.

Ce sera donc à la lumière de cette philosophie que devront être définis, conçus et élaborés les plans d'étude, (programmes d'étude et méthodes et procédés d'enseignement). Autrement dit, toute école se voulant créatrice de renaissance et porteuse d'avenir n'évoluera pas en marge de cette dynamique civilisationnelle, faute de quoi sa mission sera vouée à l'échec. C'est-à-dire que sans un consensus politique établi autour de ces valeurs, toute forme de projet éducatif et culturel, si rigoureux soit-il, s'assèche et se mutile.

En conclusion, cette école préparera les chemins de l'avenir. Ceux-ci passeront par son adaptation aux multiples, complexes et combien exaltantes exigences d'un monde entraîné dans un mouvement de plus en plus rapide et qui condamne, de plus en plus impitoyablement, les retardataires.

Si ici et là on reproche à l'école algérienne d'avoir créé de profondes insatisfactions en produisant des exclus, ceux et celles qui décrochent mais aussi ceux et celles qui, bien que persévérant, n'acquièrent pas une formation de qualité, c'est parce qu'elle éprouve des difficultés à comprendre sa mission. Elle a besoin d'être réanimée parce que l'heure est venue de promouvoir une société capable de, (et au risque de me répéter), « mobiliser ses aspirations pour qu'elles ne s'effilochent, de vectorialiser ses ambitions pour qu'elles ne tombent en désuétude, de sélectionner ses besoins pour qu'ils ne se transforment en désirs épars et de canaliser ses contraintes pour qu'elles ne l'envahissent. L'heure est venue d'envisager des ajustements structurels au moyen d'une politique éducative et culturelle «intelligente», celle qui s'opposera à l'idée de réforme définitive, (le renouveau éducatif et culturel ne pouvant être immuable) et qui, aux moments propices, saura s'arrêter, relire la conjoncture sociale, culturelle et économique qui prévaudra, discerner les urgences et proposer «les virages» qui s'imposeront.

Qui concevra cette politique éducative et culturelle ?

Au moment où l'autonomie du développement national est devenue à l'échelle planétaire un objectif incontournable, en Algérie on lui tourne le dos. La conception et l'élaboration d'une politique éducative et culturelle «valorisatrice» de la ressource humaine, exigeant une volonté intellectuelle certaine et un courage politique évident, ne peuvent plus demeurer l'apanage de personnages archaïques n'ayant en commun que la stérilité de leurs idées et donc, dans leur «hotte» aucune solution nouvelle et fiable aux problèmes que connaît l'école et dont la résolution appelle à la fonctionnalité de l'engagement à prendre à cet effet et à la crédibilité et à la compétence professionnelle à investir.

La participation d'esprits nouveaux comptabilisant un capital expérientiel certain, mais qualifiés, perspicaces et déterminés à cette tâche, s'impose tel un inéluctable. Le monopole des ambitions creuses de ceux qui faute de courage politique, de qualification, de perspicacité et de détermination, devra être brisé.

Ces architectes du renouveau, engagés pour une école prospective et convaincus de la gravité de leur mission, feront de cette politique un nouvel ordre de logique de formation qui sera le creuset des confrontations et des convergences des attentes sociales novatrices et réformatrices. Bien entendu, cette élite parce que croyant à l'opportunité, à la nécessité et à l'utilité de cette politique, ne mettra pas hors jeu cette majorité qu'on a voulue silencieuse, les élèves eux-mêmes. Elle leur parlera juste et vrai

POUR UNE POLITIQUE EDUCATIVE ET CULTURELLE AU SERVICE DE L'AUTONOMIE DANS LE PROCESSUS DU DEVELOPPEMENT DURABLE

Ne voulant pas s'insulariser dans cette société humaine de savoir et d'action qui préside aux destinées du troisième millénaire, la nation algérienne aspire à s'élever de l'état de dépendance vers celui de l'autonomie. Elle aspire à ne plus demeurer à la remorque de «l'autre» et à se défaire de la mythologie de l'aide. Il lui est donc impératif de subordonner le programme de sa croissance civilisationnelle à une politique éducative et culturelle valorisatrice de la ressource humaine.

Prendre part, sans gêne et sans complexe, au concert des nations impose de facto, l'élévation culturelle et scientifique de la cité et par conséquent, l'émergence d'élites nanties d'expertises. La ressource humaine étant un enjeu stratégique majeur, pour la valoriser il faut concevoir et élaborer une politique éducative et culturelle qui libérera l'école de cette excentricité dans laquelle elle est en train de dépérir par dégénérescence et qui inscrira sa finalité dan le cadre des principes généraux qui inspirent, de nos jours, l'édification des systèmes éducatifs et culturels performants. Cela suppose l'institutionnalisation d'une authentique entreprise de promotion de la qualification et de la compétence, cohérente dans ses objectifs, claire dans ses contenus,, appliquée dans la gestion de la mission dont elle est investie et évoluant dans le sens des grandes tendances mondiales contemporaines en matière d'éducation et de formation.

Tendances mondiales dont il faut s'accommoder

Concevoir et élaborer une politique éducative et culturelle novatrice et réformatrice, c'est être en mesure, tout en n'occultant pas nos spécificités nationales, de prendre en considération les acquis et les expériences éducatifs performants de par le monde.

Aujourd?hui la notion d'égalité des chances ne signifie pas « la même éducation pour tous », mais « une meilleure éducation pour chacun », d'où la nécessité de concilier l'instruction de base commune pour tous (les langages fondamentaux - lecture, écriture, calcul -) et l'éducation de leurs capacités de retenir, de comprendre, d'assimiler et d'exploiter les connaissances qui leur sont enseignées. Telle est la tendance mondiale en matière de formation et qui est d'ailleurs le propre de la mission éducative et culturelle valorisatrice d'une ressource humaine génératrice du progrès social. La lecture politique prospective des préoccupations nationales, au regard de cette tendance, montre bien la nécessité de procéder à un changement radical dans la manière de concevoir et de gérer l'éducation et la formation. L'objectif sera désormais :

- la formation du citoyen au corps sain, imaginatif, recherchant le vrai, appréciant le beau, ne confondant pas le bien avec sa volonté, sachant se maintenir dans une voie tracée et persévérer dans ce qu'il entreprend ;

- la formation du citoyen capable de raisonner logiquement et de juger avec méthode, d'adopter des points de vue et d'assumer la responsabilité de ses actes. Cela suppose un équilibre harmonieux entre l'éducation intellectuelle et l'éducation citoyenne (morale, civique, esthétique, artistique et sportive).

Le référentiel de cette gestion devra être remodelé à partir d'équilibres fondés sur des représentations nouvelles, à savoir :

- garantir un niveau minimal de compétences et de qualifications pour tous ;

- former des jeunes, non seulement à l'exercice de la citoyenneté mais aussi leur capacité à s'adapter aux diverses circonstances susceptibles de les assiéger en les préparant aux contextes de mobilité et de flexibilité qui caractérisent aujourd'hui le monde des métiers ;

- susciter et développer leur aptitude au perfectionnement continu.

A cet effet, l'enseignement-apprentissage devra faire l'objet d'une attention particulière. Il sera perçu par ceux qui en seront en charge et par ceux à qui il se destinera, comme la base de toute adaptation future aux circonstances que crée la mondialisation. La capacité au changement devra devenir autant importante que l'acquisition des connaissances et des savoir-faire. Le cloisonnement et la distinction ségrégative et discriminatoire qui existent entre l'enseignement général et l'enseignement professionnel devront s'estomper pour enfin, disparaître.

Vers une Ecole porte-parole de son temps

Si l'évolution rapide du progrès des sciences et des technologies a rendu obsolètes les contenus des plans de formation, l'actualisation et la mise à niveau de ceux-ci s'imposent. En sus de cela, ils n'omettront pas d'adopter une approche inter et intra disciplinaire, le souci est qu'ils devront favoriser l'intégration des concepts dans la dynamique de leur épanouissement. En conséquence et pour apporter un soutien mieux adapté à l'activité éducative telle qu'elle ne décentre pas de sa dynamique originelle (former une communauté de savoir capable d'exprimer ses valeurs et ses aspirations, ses exigences et ses attentes) et s'ajuste continuellement à ses prérogatives (éduquer, instruire, former et qualifier), l'école algérienne rénovée deviendra le premier palier pour l'apprentissage de la culture démocratique et le meilleur garant de la cohésion nationale. Elle assurera, donc, la formation d'un citoyen doté de repères incontestables, fidèle à ses principes et à ses valeurs, mais aussi capable de comprendre le monde qui l'entoure. Elle sera alors en mesure de s'ouvrir plus largement et sans complexe, sur le monde extérieur. Le bon sens nous y invite, la mondialisation nous le recommande. Cela signifie qu'elle formera le citoyen en mesure de faire avec le renouvellement des perspectives que crée la mondialisation des idées et des réflexes. Réinventer l'école algérienne est désormais un inéluctable.

L'ouverture culturelle de l'Algérie sur le monde ne pouvant être que le signe d'une maturité politique et sociale qui refuse que son espace civilisationnel se sclérose ou s'atrophie, est incontournable. Réinventer le système éducatif algérien, c'est lui assigner pour mission l'obligation de stimuler et d'encourager l'élévation du niveau culturel de la société. Il s'engagera, pour ce faire, dans la valorisation de la ressource humaine en la nantissant des qualifications qui lui permettront d'enrichir le patrimoine culturel national, d'adhérer à la mouvance civilisationnelle mondiale et d'affirmer son appartenance à la commune humanité.

En ce troisième millénaire, il n'est plus question d'indépendance mais de survie. Il est alors impérieux pour le système éducatif et culturel algérien de cultiver le génie humain.

EN CONCLUSION, REINVENTER L'ECOLE C'EST

- Organiser un débat approprié à cet effet.

- Faire en sorte que l'école comprenne sa mission.

- Aménager une situation pédagogique appropriée.

- C'est repenser la conception et l'élaboration des manuels scolaires.

- Revoir la formation des Inspecteurs d'enseignement, des Chefs d'établissement et des Enseignants.

- Croire en la valeur éducative et culturelle de l'enseignement scientifique et technique.

- Concevoir et élaborer des plans de formation adaptés à l'enseignement scientifique et technique.

- Former des citoyens capables de raisonner logiquement et de juger avec méthode.

- Promouvoir la valeur éducative et culturelle de l'enseignement du Saint Coran et des Hadiths du Prophète Mohamed QLSDDSSL.

- Former le citoyen porte-parole de son temps et témoin de demain.

- C'est former une personnalité capable d'accompagner son temps, d'où la réhabilitation de sa fonction sociale.

- C'est repenser l'homme.

- C'est définir un consensus Ecole / Famille.

- C'est réhabiliter l'INRE dans sa fonction originelle.

*Directeur départemental de l'Education - Ancien Professeur INRE. Auteur. Dernier ouvrage paru aux Editions El Maârifa : «Comment mettre en état un Etat qui était dans tous ses états»