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SE VOILER LA FACE

par Abdou BENABBOU

Ne se contentant pas de nous donner des faces de canidés, le jusqu'ici indéfinissable Covid a fini par nous faire tourner en bourriques. Une puissance reconnue comme la France vient d'attribuer une notion désopilante à une réglementation préventive pour que soit mise en place une arme qui ne concernait jusqu'ici que les appareillages et les fonctionnements des outillages.

Obligées de lâcher du mou pour respecter les accompagnements d'une fête religieuse sacrée et pour tempérer les colères sociales, les autorités françaises n'ont pas trouvé mieux que de se rabattre sur le procédé trop incongru de jauges corporelles pour redéfinir la distanciation humaine. Une surface de huit mètres carrés est accordée à chaque être pour se mouvoir seul et isolé dans un magasin pour faire des achats. Dites jauges humaines pour maîtriser une mouvance impossible à cadrer leur tenue préfigure une articulation dramatique dont seuls les félins sauvages connaissent le goût. La similitude est catastrophique et il faudra peut-être convenir dorénavant que l'intervalle entre l'homme et la faune s'est sérieusement rétréci. Si les découvertes de vaccins annoncés se révèlent être une mauvaise blague, il ne sera pas exagéré de supposer que les hommes soient en passe de devoir prévoir des camisoles lunaires pour se protéger.

Les demi-remèdes initiés ici et là pour une parade vue par toutes les populations comme une lourde entorse à l'existence ont tracé des clôtures à l'utilité des intelligences qui se tamponnent pour ne plus produire que le désarroi.

On le constate partout, il y a de tout et du n'importe quoi dans les approximatives approches et les retouches face à la mort devenue un outrage familier. Fermer les yeux sur le bouillonnement humain dans les marchés et exiger d'un conducteur d'automobile isolé de cacher le nez et la bouche ne rend pas réceptives les plus autoritaires des recommandations.

La symbolique de se voiler la face est en tout point de vue un aveu d'échec qui témoigne d'une véritable dégénérescence pour on ne sait combien de temps.