Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Nourrir nos pensées, texte de W. Shakespeare: « La seule chose qui n'a pas de remède est la mort. Ne permettez à personne de vous insulter. »

par Medjdoub Hamed*

?? Je me sens toujours heureux, vous savez pourquoi?

Parce que je n'attends rien de personne.

Attendre fait toujours mal.

Les problèmes ne sont pas éternels, ils ont toujours une solution, la seule chose qui n'a pas de remède est la mort.

Ne permettez à personne de vous insulter, de vous humilier ou de réduire votre estime de soi.

Les cris sont des outils de lâches.

Certaines personnes pensent que nous sommes responsables de leurs problèmes.

Nous devons nous rappeler qu'après la tombée de la nuit, la noirceur et la bonté sont toujours les ténèbres et la solitude.

Avant de réagir, respirez profondément...

Avant de parler... écoutez.

Avant de critiquer... examinez-vous.

Avant d'écrire... réfléchissez bien.

Avant de frapper... pardonnez...

Avant de mourir... vivez, vivez !!

La meilleure relation n'est pas celle d'une personne parfaite, mais celle de ceux qui ont appris et qui apprennent à vivre,

Avec les défauts de l'autre et admirez et louez ses qualités malgré les défauts.

Si vous voulez être heureux, vous devez rendre quelqu'un heureux;

Si vous voulez avoir, vous devez donner de vous-même,

Vous devez vous entourer de bonnes personnes et en faire partie.

Rappelez-vous

Parfois, lorsque vous ne vous attendez pas à cela, il y aura des personnes qui vous feront vivre de bonnes expériences!

Ne perdez jamais votre cadeau sur le passé.

Un homme fort sait maintenir l'ordre dans sa vie. Même avec les larmes aux yeux, il s'adapte pour dire avec un sourire: « Dieu merci, tout va bien ?? Dans « Je me sens toujours heureux, savez-vous pourquoi? Parce que je n'attends rien de personne; attendre fait toujours mal », bien sûr Shakespeare a parfaitement raison. Il se sent heureux parce que tout simplement il était heureux. S'il le dit, et qu'il l'ait écrit, c'est qu'il l'était et devait laisser ce qu'il a écrit à l'histoire, aux générations qui ont suivi depuis et que d'autres pourront le lire, bien sûr pas tous ceux qui auront à le rencontrer par l'esprit, c'est-à-dire qui auront la chance de le lire.

Or, William Shakespeare, dramaturge, poète et acteur anglais, est né selon les historiens en 1564. Donc cela fait 456 ans, soit plus de quatre siècles. En disant, il parle aussi pour lui-même, il n'engage pas les autres. Une sorte de monologue.

Et il le crie « Je me sens toujours heureux, savez-vous pourquoi? Parce que je n'attends rien de personne; attendre fait toujours mal. » Oui, il n'attend rien de personne parce que « attendre fait toujours mal ». Mais attendre peut faire aussi du bien quand quelqu'un attend une réponse d'un problème qui lui tient à cœur, ou de quelque cœur qu'il aime et n'en a pas la certitude de la réciprocité peut faire beaucoup de bien.

Attendre ne signifie toujours que c'est faire mal à soi. L'attente c'est aussi se sentir vivre, aspirer à vivre, espérer un espoir qui peut venir et même s'il ne vient pas, il y a eu cet espoir. Et cela fait partie des bons moments de l'existence. La vie, il faut le dire, n'est pas un fleuve tranquille, si elle l'était, on n'aurait pas eu cette joie de vivre. La vie est aussi une éternelle attente de l'existence et de ce qu'elle doit nous donner. Et attendre fait toujours mal parce que nous aspirons à transformer cette attente en bonheur.

Et est-ce notre faute si nous attendons ? Ou la faute à Shakespeare qui affirme que « Je me sens toujours heureux, savez-vous pourquoi? Parce que je n'attends rien de personne; attendre fait toujours mal. » Cela a été son choix, et même un choix qui peut être juste, ou plutôt paraît juste. Peut-être pour lui, peut-être qu'il a tellement souffert qu'il ne veut attendre rien de personne.

Lorsque W. Shakespeare dit que » Les problèmes ne sont pas éternels, ils ont toujours une solution, la seule chose qui n'a pas de remède est la mort. Ne permettez à personne de vous insulter, de vous humilier ou de diminuer votre estime de soi. Les cris sont l'instrument des lâches, ceux qui ne pensent pas. » Bien au contraire « Les problèmes pour l'humain sont éternels », c'est le sens même de la vie, ils ont, comme il l'indique, toujours une solution. Mais le paradoxe, c'est que tout problème a forcément une solution sinon il n'est pas un problème. C'est dans l'ordre de la logique.

On peut même dire que l'homme, l'être humain est confronté à un problème parce qu'« il doit l'être ». Sans les problèmes, pourra-t-il dire qu'il a une existence ? S'il n'a pas de problème, à l'image d'un fleuve tranquille, ce fleuve a-t-il raison d'exister, il serait alors immobile comme une pierre. Et même la pierre s'use au gré des vents et du soleil. Aussi peut-on dire l'homme comme l'humanité entière est un problème éternel depuis la nuit des temps, et aussi une solution qui accompagne ce problème depuis la nuit des temps de l'histoire.

Peut-on accepter cette sentence de Shakespeare sur la mort. « La seule chose qui n'a pas de remède est la mort. » Puisque l'être humain naît, puis grandit, mène ensuite une vie selon ce qu'il en fait de sa vie, ou « la vie qui en a fait de lui », selon qu'il a profité de la vie ou qu'il n'en a pas profité, et dans les deux sens, il était ce qu'il était, il n'a pas choisi sa vie, c'est la vie qui lui a assumé sa vie. Puis vient la vieillesse.

Regardons ce qu'était la grande et belle actrice Brigitte Bardot, et ce qu'elle est devenue avec l'âge. Pourtant, elle était belle, elle était jeune, elle est toujours une étoile du cinéma français parce qu'elle a été. Mais il y a le poids de la vieillesse qui démolisse tout être humain. Donc, un être peut être jeune, beau, belle, vigoureux ou vigoureuse, il mord dans la vie, puis il vieillit, vieillit, et perd toutes ses capacités. Et sont rares ceux ou celles qui se maintiennent. N'est-ce pas un processus destructeur que d'avancer dans l'âge jusqu'à ce qu'il mène l'être à la mort. Une délivrance. Regardons François Mitterrand dans la force de la vieillesse et qui refusait de quitter la présidence de la République française pour cause « âge avancé », non il existait. Puis il est mort. Le prix Nobel de littérature (1915) Romain Roland écrit : « Gottfried avait « l'air vieilli, ratatiné, rapetissé, rabougri », aussi peut-on dire que l'être humain n'étant que l'ombre de lui-même pourrait-il continuer de vivre dans l'éternité avec cette posture physique qui continuera à se dégrader ? N'est-ce pas un destin punitif qui n'aurait aucun sens si la mort ne venait l'en délivrer.

La mort est donc le remède à la vie, lorsque celle-ci a « fait » ce pourquoi elle a existé. Un remède à la vieillesse en particulier. Un remède à l'existence déjà prédestinée si la mort survenait pour un être avant la vieillesse. Donc la mort pour les êtres humains ce n'est pas qu'elle n'a pas de remède, elle est elle-même remède à la vie en tout point de vue. « S'il n'y avait pas la mort, l'humanité ne serait pas humanité. »

N'est-ce pas que la mort donne tout le sens à la vie, où tout est vie, tout vibre dans l'harmonie, un joli ciel bleu, un soleil étincelant, une lever et un coucher du soleil féérique, bref en un mot un monde de l'harmonie. N'est-ce pas là la main de Dieu qui accorde la vie à la mort pour, malgré les grandes épreuves, l'éclosion d'une humanité heureuse qui veut toujours vivre englobant les joies aussi de la vieillesse.

On comprend donc que la mort a un sens essentiel dans la vie. Il faut le dire « sans la mort, la vie aurait-elle un sens ? » Si nous ne mourons pas, nous vivons toujours, peut-on dire que nous vivons ? Que la vie existe ? Il est évident que ce serait un état de nature qui va enlever tout sens à la vie. Je ne meurs pas, je suis toujours vivant, je ne peux concevoir mon existence, « je ne peux me concevoir que je vis puisque je ne sais pas la vie », puisque je ne pourrais la comparer à son contraire. Dire alors je vis ou j'existe n'aurait aucun sens. Je ne meurs pas. Par conséquent que je vis ou non, que j'existe ou non, cette pensée ne pourra pas m'effleurer. Y aurait-il alors un bonheur de vivre s'il n'y a pas la mort, et même s'il y a la maladie, elle ne peut être mortelle parce qu'il n'y a pas la mort ? La maladie sera tout simplement un désagrément passager, voire même une anomalie tout au plus sentie mais qui sera vite dépassée.

Sans la mort, la vie perdrait son sens. Tous nos sentiments qui font la force de notre existence seraient perdus. Pire encore, si la mort n'existait pas, les êtres humains vont pulluler sur terre. Ce sera alors des dizaines de milliards d'êtres humains existant sur terre. On serait comme des fourmis pullulant sur terre, prisonniers de la vie, une vie qui peut être un enfer que l'on subirait. Pas moyen d'y échapper.

A quoi serviraient-ils ces dizaines de milliards s'ils ne meurent pas, ne se régénèrent pas, ne laissent pas la place aux autres ? Y aura-t-il des vieux, des jeunes, des moins jeunes s'il n'y a pas la mort ? En supposant même que la Terre pourrait nous nourrir, quel sens aurait nos vies, nos existences ? La réponse est simple : « aucun ». Même nos pensées seraient formatées dans cette existence qui est en fait inexistence parce que nous existons sans vraiment exister parce que le mot vie n'aurait plus sa raison d'être. Nous serons éternels.

C'est parce que il y a la mort que l'existence humaine a tout son sens, et que l'histoire remémore les événements passés et par eux, elle donne sens à l'humanité. Prenons une histoire passée récente. Des puissances ont colonisé des continents entiers, cela a été le cas de la « petite » Europe. Et s'il n'y a pas la mort, pas de guerres ni de guerres mondiales, une grande partie de l'humanité serait condamnée à l'éternité dans la soumission, la colonisation, l'esclavage. Donc force de dire que la mort si rejetée par l'être humain, parce qu'elle peut être cruelle, elle demeure que c'est elle qui donne sens à l'humain. Sans elle, l'humain n'est pas, il n'existe ni ne peut exister, et donc une existence sans but, sans finalité, il n'est pas tout simplement.

Sur un autre plan, quand W. Shakespeare dit « Ne permettez à personne de vous insulter, de vous humilier ou de diminuer votre estime de soi. Les cris sont l'instrument des lâches, ceux qui ne pensent pas. »

Oui, c'est une bonne approche pour défendre sa dignité en tant qu'être humain libre qui s'assume envers soi et les autres. Cependant, elle ne peut être qu'une approche si louable qu'elle soit. Il faut tenir compte des contingences de l'existence. L'insulte, il ne faut pas l'oublier est un trait humain et tout être humain peut insulter et se faire insulter. Tout dépend du contexte de l'insulte. Une insulte peut entraîner une mort d'homme, d'êtres humains. Combien d'êtres humains ont tué des êtres humains ? Certainement des milliers.

Mais est-ce leur faute d'avoir tué ou blessé leur prochain parce que, sous l'effet de la colère, et quelle que soit la raison, l'auteur passe à l'acte. On ne peut ne pas penser qu'en fait l'acte de mort par une simple insulte et si gravissime qu'elle soit, est en fait un acte inconscient. Et on peut même dire gratuit. On ne peut tuer une personne pour une simple insulte.

J'ai pris cet exemple extrême pour simplement dire que les paroles de Shakespeare ont une portée certes morale mais cependant il y a des contingences que l'être humain subit. Ce qui nous fait dire qu'il croit être dans le vrai, mais en fait l'insulte, en tant que trait humain, en tant qu'être humain doué de raison, il faut l'accepter l'insulte, ce n'est pas une tare. Pourquoi ? Si quelqu'un vous insulte, vous pouvez ne pas répondre, ne rien dire, s'efforcer de ne pas répondre mais rester sur vos gardes néanmoins en cas de violence. Car, si quelqu'un vous insulte, en réalité, il s'insulte lui-même. En fait, vous n'êtes qu'une image pour lui, alors pour ses propres angoisses, il projette, il refoule sur vous son angoisse, et comme le dit Shakespeare, « il cherche à diminuer votre estime de soi ». Mais, en diminuant votre estime de soi par les insultes, les cris, en fait, il cherche à regagner son estime de soi à travers vous.

Un exemple vécu, il m'était arrivé de côtoyer quelqu'un de très dangereux mais j'étais averti car je connaissais son tempérament, et son histoire, il est capable de massacrer quelqu'un même si ce quelqu'un est deux fois plus fort que lui. Et cela est arrivé.

Un jour que j'avais affaire à lui, ce problème non d'insulte mais de cri, il est entré dans une fureur impossible à calmer. C'est comme s'il voulait briser l'air, je l'ai comparé dans mes pensées à Hitler car j'ai vu comment Hitler faisait ses discours, quand il galvanisait le peuple allemand. Face à ses cris, je suis resté silencieux, il criait, il criait, il criait, je suis certain qu'il m'aurait tué s'il le pouvait. Je le regardais droit dans les yeux, je n'avais pas peur de lui, du moins j'étais sur mes gardes. Il était dans un état de démence, de folie pour ainsi dire. Et extrêmement dangereux.

La seule question que je lui ai dite et très calmement : « Pourquoi vous criez ? Je ne vous comprends pas. Qu'est-ce qui vous met en colère ? » Incroyable, d'un coup il s'arrêta. Il se rassit sur une chaise. Et je l'ai quitté. J'ai compris qu'il se combat avec ses démons. Il est normal ou paraît normal, en fait dans l'absolu, il est anormal. Et combien d'êtres humains qui sont normaux mais inconsciemment anormaux.

Donc que W. Shakespeare dise : « Ne permettez à personne de vous insulter, de vous humilier ou de diminuer votre estime de soi. Les cris sont l'instrument des lâches, ceux qui ne pensent pas. » La seule réponse, devant des situations de danger, est « aux risques et périls » si l'être humain ne prend pas suffisamment conscience.

D'autre part, « les cris sont l'instrument des lâches, ceux qui ne pensent pas ». Un lâche, est-ce sa faute s'il est lâche ? Est-ce sa faute s'il a peur ? La peur est un sentiment naturel. On est humain parce que l'on peut avoir peur du danger. Et c'est cette peur qui nous permet de se défendre du danger, du moins elle éveille en nous le repli, le recul ou, par exemple, la peur d'une maladie nous pousse à prendre des remèdes pour se soigner.

Un courageux, est-ce sa faute s'il est courageux ? Il est courageux comme le peureux est peureux. Et cela relève de la constitution physique, psychique et de beaucoup de facteurs. Un peureux peut brusquement être courageux quand il prend conscience de lui-même, et un courageux peut brusquement avoir peur s'il voit un danger qui le menace. Donc, il faut relativiser les situations.

L'être humain est traversé par toutes sortes de sentiments. Le plus peureux peut être traversé par des sentiments de courage qu'il n'a pas mais qu'il peut avoir pour peu qu'il en prenne conscience que sa peur n'est en réalité que l'insuffisance de sa compréhension de soi, de son état, alors que son état est tout à fait normal sauf qu'il traîne avec lui des images de situations stressantes qu'il a traversées par le passé, dans son enfance, qui l'ont fait souffrir. Il se trouve à cultiver inconsciemment une peur envers l'autre, envers son prochain.

S'il se débarrasse de ses images et que dans son inconscient, il les pense qu'ils n'ont été que des situations malheureuses certes mais peuvent être dépassées, il va se voir autre. Qu'il a vécu une illusion, qu'en fait il avait tout pour lui alors qu'il s'est trouvé prisonnier de ses peurs, bien sûr cachées, secrètes mais présentes dans son inconscient.

De même, le courageux qui croit être courageux parce que le plus souvent, il dispose d'une force que l'autre n'a pas. Ou il dispose d'un caractère extrêmement fort, et un « concentré de force » que peu ont, et il peut n'avoir pas besoin de grande force physique, ce concentré de force y suppléé. Mais ce courageux qui se plaît à cette situation, il la doit aux autres qui dans un certain sens lui renvoient son image de force et de courage. Mais « si ces autres lui renvoient le contraire », et qu'en fait s'il est courageux, il l'est pour lui-même et pas pour les autres, la situation change, il devient normal.

Et c'est la raison pour laquelle la vie, l'existence est là pour dresser les êtres humains et les obliger à s'accepter, à respecter l'autre et à se faire respecter par l'autre, le monde d'aujourd'hui est très avancé par rapport à l'époque de Shakespeare. L'état de droit existe partout sur ce plan même dans les pays non démocratiques. « Les êtres humains ont appris le vivre ensemble. »

Pour les autres points, les recommandations de W. Shakespeare sont globalement très positives et nous, êtres humains, devions prendre de lui. Shakespeare demeure un penseur de tous les temps comme l'ont été les grands penseurs grecs, arabes, chrétiens, chinois, indiens et d'autres communautés humaines. En clair, l'humanité est d'une grande richesse. Mais cette richesse l'humanité la doit surtout à Dieu. Sans Dieu, l'humanité ne peut ni n'a existé, et c'est là le paradoxe, Dieu inspire nos pensées. Et la vie, la mort, les épreuves que les êtres humains traversent sur terre, malgré les malheurs qu'ils ont vécus et continueront d'affronter, relèvent de cette « harmonie de vie humaine », ce « miracle de l'existence » que Dieu a créé sur terre. Que l'on croit en Dieu ou non, tous les êtres humains doivent la vie à Dieu, ils ne peuvent être sans lui. C'est Dieu qui a donné le corps aux humains, Dieu qui a donné leurs pensées, Dieu qui a donné leur libre-arbitre pour s'assumer. Et peu importe comment ils s'assument, tout ce que les êtres humains « font » entre dans les desseins de Dieu. Que Dieu seul sait et que nous pouvons comprendre que dans une certaine limite par la pensée qu'il a mise en nous.

Comme il le conclut si bien William Shakespeare : « Un homme fort sait maintenir l'ordre dans sa vie. Même avec les larmes aux yeux, il s'adapte pour dire avec un sourire: « Dieu merci, tout va bien. ??

*Auteur et chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective