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Le e-commerce, vedette de 2020

par Akram Belkaïd, Paris

Pour ce qui concerne l’économie, la pandémie de Covid-19 aura contribué à l’affirmation de la vente en ligne au détriment de la distribution directe, qu’elle soit grande ou petite. Cela fait certes plusieurs années que les ménages dans les pays développés privilégient ce type d’achat aux emplettes classiques. Mais avec les restrictions en matière de déplacement et la fermeture des commerces de détail pour des raisons sanitaires, le e-commerce est vainqueur sur tous les fronts. Il est l’unique solution pour faire ses achats « non essentiels ».

Une dynamique haussière

La tendance va s’amplifier à l’approche des fêtes de fin d’année et leurs campagnes d’incitation à l’achat (« Black Friday, Noël, soldes de janvier). Les entrepôts des grandes plateformes vont donc tourner en continu. Ce créneau de la logistique est d’ailleurs l’un des rares secteurs à continuer d’embaucher alors que le reste de l’économie est en panne. On pourrait saluer l’émergence d’une nouvelle dynamique en matière d’activité mais des voix discordantes commencent à se faire entendre. D’abord, le e-commerce contribue à tuer les commerces de proximité. Certes, des magasins de services particuliers ne sont pas affectés comme c’est le cas, par exemple, des nettoyages à sec. Par contre, libraires, confiseurs, papetiers, droguistes, magasins de vêtements, parfumeurs sont tous sous la menace de géants qui peuvent rogner sur leurs marges pour attirer vers eux la clientèle. Et rien, sur le plan réglementaire, ne peut empêcher cette concurrence. Les discours sur la convivialité, sur le lien social, cèdent rapidement le pas quand il s’agit de faire des économies.

Impact environnemental

Ensuite, il y a la question de l’environnement. Derrière le clic et le numéro de la carte de crédit que l’on communique au site internet, il y a l’énergie des serveurs, la masse d’eau qui nécessite leur refroidissement. Il faut rappeler ici que le secteur du numérique au sens large est considéré comme un gros pollueur avec une part de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (ges). C’est plus que le secteur aérien, lui aussi sur la sellette.

A cela s’ajoutent les quantités importantes d’énergie dépensées pour stocker puis déstocker le produit avant de l’acheminer chez l’acheteur ou chez l’intermédiaire où il viendra retirer ses achats. Une chaîne qui accumule les émissions de ges sans oublier le fait que les grands entrepôts, comme ceux d’Amazon rognent sur les terres agricoles et participent à l’enlaidissement des paysages. Certes, on peut relever que ces émissions sont compensées par le fait que les ménages n’ont plus à se déplacer avec leurs voitures dans les grands centres commerciaux pour faire leurs courses. D’ailleurs, la tendance de fond, si l’on prend le cas des États-Unis, est au déclin de ces « mall » qui ont connu leur heure de gloire à partir de la fin des années 1950. Pour autant, le e-commerce n’est certainement pas, ou pas encore, l’ami de l’environnement. L’affaire semble être entendue. Le grand centre commercial comme la petite boutique sont obligés de repenser leurs activités. Dans certains cas, la combinaison site réel et site internet est privilégiée mais est-ce que cela va durer ? C’est à une véritable révolution du commerce et de la consommation que nous assistons actuellement.