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L'Ordre des avocats d'Alger répond au syndicat des magistrats

par R. N.

Dans un communiqué rendu public mardi après-midi, l'Ordre des avocats d'Alger qualifie «d'écart inacceptable» et de «déformation des faits» les propos tenus dans «les communiqués du Syndicat national des magistrats (SNM) et de la section syndicale de la Cour d'Alger» qui «qualifient» de «sélectif» le mouvement de protestation des avocats et «présentent (leur démarche) à l'opinion publique» comme «visant à défendre une catégorie particulière de la société». Cet échange intervient après les deux sit-in de protestation des avocats, en soutien au bâtonnier Me Sellini, et à la grève nationale de deux jours lancée par les robes noires pour appeler au respect des droits de la défense.

Le communiqué de l'Ordre des avocats d'Alger affirme que la corporation «défend, sans exclusive, les droits et les libertés de l'ensemble des composantes de la société». Les avocats affirment que leur attitude «n'est pas propre à cette conjoncture» et rejettent toutes «surenchères», qualifiant les communiqués des deux syndicats des magistrats de «slogans creux qui n'ont jamais été appliqués sur le terrain, bien qu'ils portaient les espoirs du peuple pour la construction de l'Etat de droit».

L'Ordre des avocats affirme qu'il a été «précurseur» dans l'accompagnement du Hirak en appelant à la «concrétisation d'un Etat de droit» et qu'il a «soutenu tous les opprimés sans exception, contrairement au message que veut faire passer le syndicat des magistrats en tentant de discréditer le rôle des collectifs de défense prétendant qu'il ne sert qu'une catégorie des opprimés».

Le communiqué rappelle ses actions, à savoir «la création de collectifs de défense» dans plusieurs «juridictions» et le «boycott de la 5e Chambre criminelle de la Cour d'Alger depuis près de 7 mois, suite à la transgression de son président des principes d'un jugement équitable dans l'affaire de Karim Tabbou». Le communiqué de l'Ordre des avocats affirme que dans la pratique «la justice ne garantit plus les plus simples des droits des justiciables ni ceux de la défense ou encore un jugement équitable».

«Le plus récent de ces dépassements a été celui de la 1èr Chambre criminelle de la Cour d'Alger qui a accepté, dans un premier temps, la demande de la défense de continuer les plaidoiries jusqu'au samedi 26 septembre, ce qui a permis à des avocats parmi les 25 prévus durant les plaidoiries de quitter l'audience, avant de se rétracter évoquant une fausse justification», précise encore le communiqué de l'Ordre des avocats. Pour les avocats, «cette attitude qui n'honore pas la justice, s'ajoute à une série de dépassements qui caractérisent les procédures judiciaires normales».

Selon la même source, en laissant entendre (dans le communiqué du SNM, ndlr) que des «poursuites pourraient être entamées à l'encontre du représentant du collectif de la défense», «cela ne fera que renforcer l'Ordre des avocats dans sa démarche de défense des droits des justiciables et de la défense».