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Le legs ad mortem (habous) de maître Boukli Hacène Omar (1897-1971), quarante années après... ?

par El Hassar Bénali

Omar Boukli Hacène (1897-1971), avocat, issu d'une famille de vieille notabilité citadine, de la génération des premiers juristes algériens associée au combat mené par l'élite sous l'étiquette des ?'Jeunes-Algériens''. Pendant la révolution en 1956, il fit l'objet de poursuites avant de s'exiler en 1956 avec sa famille au Maroc.

En 1957, il élabore les statuts fondateurs du Croissant-Rouge algérien (CRA) dont il sera le premier président en exil, à Tanger, où il comptera sur le soutien de membres très actifs dont le docteur Boumédiène Bensmaïne de Mostaganem, secrétaire général du CRA de 1958 à 1960, personnalité engagée et charitable connue qui, dans son engagement, entretenait des liens très forts d'amitié et d'engagement avec le premier martyr médecin de la révolution, docteur Benaouda Benzerdjeb, tombé au champ d'honneur en 1956. Notons que maître Boukli Hacène Omar, à la fin de sa vie, donna l'exemple d'un geste en hauteur qui manifeste en grandeur de ses sentiments nobles pour le pays en cédant l'universalité de ses biens, dont un bain traditionnel et une maison de maître et un jardin, ces deux derniers biens situés à l'entrée de l'acropole d'El-Eubbad El Fouki où est enterré le célèbre saint soufi andalou Sidi Abou Madyan Choaïb (1126-1197). La maison de cet avocat s'illustre aussi en tant que lieu de rencontres d'hommes dont l'histoire a marqué l'histoire culturelle et politique du pays : l'émir Khaled de passage à Tlemcen, en 1921, invité par les membres du cercle ?'Les Jeunes-Algériens'', Bachir al-Ibrahimi, Jacques Berque, Messali Hadj, Ferhat Abbas, Benoît Mechin, J. Massigon? Son habous a son importance du fait de l'existence d'une très riche bibliothèque en manuscrits rares dont notre juriste et grand homme de culture avait la passion d'en faire la récolte, en les achetant auprès des vieilles familles d'érudits tlemcéniens et aussi des œuvres d'art (tableaux, pièces d'artisanat local?). Ces manuscrits, œuvres d'art ont disparu de l'inventaire de ce legs ad mortem lié aussi à la piété. Notre avocat légataire destinait testamentairement son legs de piété et de générosité pour en faire, soit une maison d'accueil pour les enfants abandonnés ou de lieu de culture rattaché à Sidi Abou Madyan. Ce habous attend toujours d'exister en tant que tel et cela malgré les tentatives et l'insistance de personnalités de la vie civile que les cercles officiels d'autorité en ont empêché du fait de la politique exclusive de vieille mentalité politique basée sur la suspicion et le contrôle, les années de plomb, ont bloqué à l'éternité. Une politique d'où le pays arrive encore difficilement à en sortir et dont la conséquence aujourd'hui est le vide sidérant existant en l'absence d'entrée en jeu de la bonne société de l'action, de l'engagement et de l'initiative. Dans tous les pays, de tels legs sont gérés sur le modèle associatif avec une assemblée élective et des bilans moraux et financiers placés sous le contrôle de l'Etat. Le vœu de ce grand homme politique, humanitariste, attend toujours d'être entendu et réalisé voilà déjà quarante cinq ans après la disparition, en 1972. Maître Boukli Hacène Omar figure parmi les grands noms de l'histoire contemporaine de la vieille cité historique de Tlemcen qui n'ont pas à ce jour point mérité avec Messali Hadj, Abdelkader al-Midjaoui, Les frères Larbi et Benali Fekar, Abdelkader Mahdad et tant d'hommes qui ont illustré la cité par leur engagement nationaliste, leur pensée la baptisation de la moindre petite rue perpétuant en exemple, le souvenir.