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Université Oran 1 : une reprise «covidement» correcte !

par H. Benhaoua*

L'Université d'Oran 1 à l'instar des autres universités du pays et après quelques hésitations a ouvert ses portes, en fait il s'agit d'assurer la continuité pédagogique, administrative et scientifique de l'université. Cette année la situation est exceptionnelle puisqu'il faut d'abord clôturer l'année 2019/2020 puis préparer la rentrée 2020/2021. La tutelle préconise un protocole d'enseignement adapté aux conditions sanitaires. Ce plan basé sur le respect des règles de sécurité sanitaires intègre de nouvelles dispositions quant à la gestion des effectifs et du temps de travail. L'idée de base est de rassembler le minimum d'étudiants dans des locaux aérés, désinfectés continuellement de manière à minimiser les risques de contamination. La pédagogie renoue avec l'enseignement en présentiel organisé par vague d'étudiants ; les filières à faibles effectifs ont commencé pour une durée de 15 jours, suivie de la période d'examination, les effectifs plus nombreux sont divisés par petits groupes pour permettre un enseignement conforme aux règles sanitaires.

Mais cela ne veut pas dire que la pandémie est terminée, le virus est encore là, c'est le danger car il peut causer des dommages graves à l'homme ! Mais en société nous sommes tous exposés à des dangers divers, nous côtoyons constamment le danger, une prise électrique est un danger pour un bébé mais si on met une protection le risque d'électrocution disparaît (risque zéro), un autre exemple très frappant est celui du corps médical, qui mérite le respect, directement exposé au virus (contact avec les malades) et pourtant grâce au respect des mesures de sécurité draconiennes, les contaminations sont extrêmement rares (voire nulles) et Dieu merci ! Le risque de la contamination c'est l'évènement que peut produire le virus (danger) au contact de l'homme (maladie, souffrance...) et nous devons tout faire pour limiter voire éliminer un tel l'évènement. On ne peut pas agir sur la dangerosité du virus (sauf si on dispose d'un vaccin !) mais on peut limiter sa circulation par le respect des règles sanitaires simples ! C'est le seul moyen dont on dispose!

A la veille de la reprise et suite à la suspicion d'un cas de Covid-19 chez le personnel administratif de l'USTO, l'ensemble des locaux touchés a été complètement fermés avec accès interdit à toute personne, cette situation inquiétante interpelle les responsables ! Mais est-ce pour cela qu'on doit reporter la reprise universitaire (19 septembre) ? La réponse réside dans la prévention (dépistage, renforcement et respect des mesures sanitaires) et là, le comportement des étudiants et des travailleurs de l'université devrait être exemplaire.

Confinement et reconfinement

L'ouverture des lieux publics, l'accès aux mosquées, la reprise de l'activité pédagogique à l'université, l'organisation des examens du BEM (7 septembre) et du Baccalauréat (13 septembre) sont des signes encourageants, nous ne pouvons pas continuer à attendre ! Nous avons besoin d'un retour en société, on doit apprendre à vivre avec le virus et relancer tous les secteurs d'activité dans le pays. C'est ce message d'espoir qu'on devrait propager en direction de toute la société en insistant sur l'engagement citoyen solidaire de la part de tous ! Dans ce contexte difficile la relance de l'université et du secteur éducatif est une bonne initiative ! D'autres pays ayant supprimé le confinement sont confrontés actuellement à une recrudescence des contaminations, ils ne sont pas revenus pour antan au reconfinement systématique, mais ils ont adapté leur protocole sanitaire à la gravite de la situation ! Multiplication des tests de dépistage, retour à l'obligation du port du masque et isolement des foyers infectés. Ont-ils réussi leur déconfinement ? Probablement que oui, puisqu'ils préconisent une autre alternative à la protection anti-Covid-19 et amorcent un retour progressif en société. Paradoxalement le confinement, mesure antisociale limitant fortement les contacts humains, était devenu rassurant et protecteur pour certains (moins de contacts, moins de contaminations), psychologiquement démoralisant pour d'autres (ne supportant pas l'isolement) et paralysant économiquement pour le pays ! Qui d'entre nous n'a pas développé ce sentiment anxiogène par rapport à autrui, dans les milieux du travail, dans les endroits publics ? Nous sommes des humains et le sentiment d'impuissance engendre la peur et pousse à la méfiance? Certes le virus n'est pas totalement éradiqué, mais nous avons une expérience de gestion de la situation sanitaire, notre système de santé a évolué depuis mars 2019 et nous sommes mieux organisés et plus dotés pour lutter contre ce fléau !

Mais il ne faut pas baisser la garde ! Demain on aura sans doute des nouveaux cas dans des écoles, lycées, à l'université mais cela ne signifie pas que la politique de déconfinement est un échec, cela veut dire tout simplement que le virus frappe toujours ! Pas de panique, il faut agir vite et bien ! Cela dépendra de notre capacité à réagir dans la prise en charge de situations nouvelles ! La mise en place d'un dispositif sanitaire rigoureux facilement adaptable à des situations inédites reste un moyen de lutte efficace ! L'accès aux différentes institutions devrait être filtré et strictement géré par des services spécialisés : contrôle thermique au laser, points de désinfection mis à la disposition de tous les personnels impliqués dans la reprise.

Enseignement présentiel et enseignement à distance

En cette période de Covid, l'enseignement à distance (EAD) a été nécessaire mais insuffisant, on a tendance à exagérer et croire qu'il s'agit d'une réussite totale, or ce n'est pas le cas ! Car en dehors des problèmes techniques récurrents (fluctuation du débit internet...) ce n'est pas un enseignement participatif, il s'agit d'une somme de connaissances mise à la disposition des étudiants sur un site mais sans retour pour l'enseignant. Par contre l'enseignement par visioconférence (plateformes pédagogiques interactives) serait plus indiqué pour la diffusion et la compréhension du contenu pédagogique. Il serait judicieux de multiplier ces plateformes pédagogiques, elles peuvent être utiles même en temps normal. Une voie à explorer davantage !

L'enseignement à distance proposé par l'université (e-learning) existait bien avant l'avènement du Covid, mais il a été longtemps ignoré par les étudiants et marginalisé par les enseignants, certains doutent de son efficacité, c'est un plus mais il ne remplacera jamais le présentiel.

*Pr Université Oran1 - Ahmed Benbella