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Condamné à 18 ans de prison en première instance: Ali Haddad rejugé aujourd'hui en appel

par Z. Mehdaoui

Les déboires de l'ex-patron du FCE, Ali Haddad continuent ce dimanche avec l'ouverture de son procès en appel. En effet, c'est aujourd'hui que s'ouvre à la Cour d'appel d'Alger le procès en appel d'Ali Haddad, condamné à 18 ans de réclusion en première instance. Le patron du groupe ETRHB, transféré à la prison de Lambèse à Batna, sera rejugé avec plusieurs autres anciens hauts responsables notamment les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Ces deux derniers avaient été également transférés respectivement à Abadla, wilaya de Béchar et El-Ménéa celle de Ghardaïa.

Selon certains avocats, les accusés transférés hors de la capitale seront interrogés par visioconférence et ne seront pas présents physiquement dans le box des accusés à la Cour d'Alger.

Ali Haddad est poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation, notamment, «obtention de privilèges, d'avantages et de marchés publics, en violation de la législation,», «dilapidation de deniers publics », «abus de fonction », «conflit d'intérêts» et «corruption dans la conclusion de marchés publics». Il est utile de rappeler que l'enquête préliminaire avait fait état de révélations fracassantes sur l'hégémonie de l'homme d'affaires sur les marchés publics et les banques publiques. Ainsi, de l'année 2000 jusqu'à 2019, le groupe ETRHB a bénéficié de 124 marchés publics (dont la plus grande partie entre 2012 et 2018), d'un montant de 78.410 milliards de centimes. Le secteur des Travaux publics vient en première position, avec 99 marchés, pour une enveloppe de 56.430 milliards de centimes, suivi de l'Hydraulique avec 23 marchés d'un montant de 21.719 milliards de centimes, puis de l'Energie et des Mines avec 2 marchés de plus de 261 milliards de centimes. Grâce à sa proximité avec le frère du président déchu, Saïd Bouteflika, Ali Haddad a pu décrocher 452 crédits bancaires pour un montant de 211.000 milliards de centimes, dont 167.000 milliards de centimes, soit 83%, ont été accordés par des banques publiques, à leur tête le CPA (Crédit populaire d'Algérie), avec 73 000 milliards de centimes, soit 43% des montants prêtés. L'enquête a détaillé particulièrement les marchés obtenus par l'ETRHB, avec des sociétés étrangères, le portugais Teixeira, les turcs Mapa et Ozgun, les chinois CSCEC et Chec, l'italien Rizzani Todini, les espagnols Ofcc, Inerica, Enyse, comme chefs de file et qui auraient bénéficié des plus grands montants transférés à l'étranger. Ils concernent de nombreuses réalisations majoritairement non achevées, avec de nombreux avenants ayant fait littéralement exploser les coûts.

Le cas de la ligne du tramway Alger-Est, confiée à l'ETRHB, avec Meditrail et Alstom comme chefs de file, pour un montant de 3.263 milliards de centimes, dont une grande partie, soit 2.300 milliards de centimes, transférée en devises. Après 19 avenants, le coût de cette réalisation a connu une hausse de 88% du montant initial, avec un retard de 9 ans. Il faut rappeler, également, que dans le cadre de la même affaire qui sera rejugée, ce dimanche, plusieurs autres ministres et walis ont été condamnés à de lourdes peines de prison en première instance. L'ancien ministre des Transports et Travaux publics Amar Ghoul avait écopé de 10 ans de prison ferme, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi de 2 ans de prison ferme, Zaâlane, l'ancien ministre des Transports, a été condamné à 3 ans de prison ferme. L'ancien ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb (en fuite) a écopé quant à lui d'une peine de 20 ans de prison ferme par contumace.