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Blida: Banalisé, le Covid19 ?

par Tahar Mansour

«On en meurt presque plus !» «C'est une grippe un peu plus virulente que les autres et c'est tout !» «Jusqu'à quand devons-nous vivre ainsi ?» Ce sont-là des commentaires que nous entendons, un peu partout, provenant de citoyens de différentes conditions et niveaux d'instruction, dont la plupart font fi de toute précaution ou mesure sanitaire.

Actuellement, ceux qui portent encore le masque de protection sont de moins en moins nombreux et sont en passe de devenir des excentriques. Comme tout est relatif, les gens trouvent que nous nous dirigeons vers la fin de la pandémie, en Algérie, car le nombre de cas contaminés est en baisse constante, à plus de 300 jeudi dernier, alors qu'en pleine crise pandémique nous nous alarmions quand ce chiffre atteignait 200 cas quotidiens ! Malgré aussi les recommandations et les mises en garde des pouvoir publics, les Algériens continuent d'organiser des fêtes de mariage, de circoncision et même pour une nouvelle naissance, et ce par dizaines, dans des appartements exigus, dans une promiscuité dangereuse. A un jeune qui venait de se marier, nous avons demandé s'il avait eu beaucoup d'invités et il répondit que oui. Quand nous lui avons fait remarquer que c'était dangereux, interdit temporairement car pouvant causer la contamination de centaines de gens, il répondit : «vous savez, les gendarmes puis les policiers sont passés, ils nous ont vu mais ils n'ont rien dit». Il ne sait pas que le gendarme et le policier sont fatigué de rappeler à une certaine catégorie de citoyens qu'observer ces mesures sanitaires, c'est se préserver soi-même de la maladie, que c'est plutôt lui qui doit veiller à l'application de ces mesures et non y être obligé.

Dans les marchés, à l'intérieur des cafés, des restaurants et de tous les endroits publics, le port de la bavette est de moins en moins appliqué. Le commerçant vous dira : «quand un client entre dans mon magasin sans bavette et qu'il ne veut pas en porter, vais-je le chasser ? Les temps sont très durs et les clients sont rares, alors je le laisse entrer en priant Dieu qu'il n'y ait pas de contrôle au même moment et que je sois obligé de payer une forte amende», toujours la peur du gendarme au détriment de la peur de la mort !!

En outre, et faute d'une information réelle et crédible, la rumeur continue de faire rage, surtout avec la facilité induite par les réseaux sociaux. Certains imputent la mort de malades du Covid19 à l'utilisation de la chloroquine alors qu'ils ont une maladie chronique incompatible avec l'utilisation de ce traitement. Il y a aussi des citoyens qui affirment que les parents de malades décédés de mort naturelle ou d'une autre maladie sont obligés de signer (quoi ?) pour reconnaître que leur parent est victime du Covid-9.

C'est aberrant mais très porteur et déstabilisant et nombre de nos concitoyens ne veulent pas admettre qu'on ne fait jamais signer quelqu'un pour lui faire dire que son parent est décédé d'une pathologie quelconque, comment le saurait-il et c'est le rôle du médecin qui constate le décès, pas celui du père, du fils ou du frère de la personne décédée. Il reste donc toujours évident que la seule alternative pour faire taire ces rumeurs demeure l'information réelle, juste et plausible.