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A la faveur du confinement sanitaire: Prolifération des constructions illicites à Mers El Kébir
par Rachid Boutlelis
L'amphithéâtre de Mers El Kébir s'est transformé au fil du temps en un véritable
sanctuaire pour les constructions illicites et ce, à la faveur d'une impavide
et insolente indifférence et de l'absurde laisser-faire, voire la complaisance
des uns et des autres. Cette prestigieuse municipalité, porte d'accès de la
daïra d'Aïn El Turck, a été
carrément et lamentablement envahie par de répugnants regroupements de masures
hideuses où s'entassent des familles venues des villes de l'intérieur,
notamment des contrées de l'ouest du pays. Selon un nouveau décompte, plus de
2.000 constructions illicites ont été répertoriées dans cette municipalité. Le
constat établi sur le terrain par Le Quotidien d'Oran est plus morbide
qu'alarmant. Le piratage de l'énergie électrique à partir des poteaux a dessiné
des baroques toiles d'araignées, confectionnées avec des câbles à haute
tension, qui se balancent dangereusement à quelques mètres au-dessus des têtes
des piétons et des véhicules. Le branchement illicite sur le réseau
d'alimentation de l'eau est également monnaie courante dans ces putrides
bidonvilles et ce, sans pour autant susciter une quelconque réaction de la part
des responsables locaux concernés. Un ridicule outrancier d'une extrême
gravité. Sur environ une distance de 3 kilomètres, la végétation, qui tapissait
les deux bas-côtés du chemin vicinal, ex-route des carrières, accédant à la
bretelle, desservant Oran et Aïn El Turck, a été arrachée pour le besoin de construire
illicitement des masures en parpaing et de la tôle ondulée. Tout un regroupement
de baraques faisandées s'est formé en ces lieux où le sanglier gambade
allègrement autour des amas d'ordures ménagères et autres détritus déposés par
les indus occupants de ces masures. « Ils lui évitent ainsi le déplacement
jusqu'au bas de la municipalité où il avait l'habitude de s'y rendre pour se
nourrir dans les poubelles des cités » ont fait remarquer sur un ton
laborieusement sarcastique des anciens habitants de ladite municipalité, qui
s'interrogent sur « l'absurde passivité des autorités locales face à la
prolifération effrénée des bidonvilles dans leur lieu de résidence avant de
renchérir avec désappointement. En réalité, c'est un secret de polichinelle
pour tout un chacun, le fait que des familles venues de différentes contrées du
pays, espèrent composter un ticket qui leur ouvre le supposé droit de figurer
sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux et/ou de ceux de la
résorption de l'habitat précaire, RHP. En effet selon nos sources, les membres
des réseaux qui activent toute honte bue dans la vente de masures et/ou de
lopins de terre, font miroiter sournoisement ce prétendu avantage dans le but
évident de convaincre leurs potentielles victimes à acheter dans ces
bidonvilles. Ce trafic semble avoir encore de beaux jours en se référant sur la
prolifération vertigineuse de ces regroupements de constructions illicites.
Des habitants domiciliés
dans les principaux quartiers, essaimés à travers la municipalité de Mers El Kébir, en l'occurrence Ouarsenis, Zohour,
Ben Bouali, Hansali et Dadayoum,
ont dénoncé la dégradation de leur cadre de vie. Nos interlocuteurs ont signalé
également « l'avancée insidieuse de la bidonvilisation, qui gangrène leurs
quartiers notamment ceux situés sur les hauteurs de cette municipalité où
l'essentiel des abattoirs clandestins de volaille, une dizaine environ, sont
répertoriés et ce, avec tous les désagréments néfastes à la santé plus
particulièrement en cette période de pandémie de Covid-19, qui en découlent sur
la population ». Selon le même constat, les bas-côtés du chemin rural, non
classé, menant du quartier Dadayoum au lieudit Santa
Cruz, s'est transformé en une véritable décharge sauvage où sont déversés les
déchets et autres abats de volailles qui pourrissent sous le soleil en
dégageant des odeurs nauséabondes insupportables, de véritables garde-manger
pour des meutes de chiens errants, de chats, de rats et de sangliers. Nos
interlocuteurs ont fait remarquer avec dépit « ce piètre état de fait prêtant
le flanc à moult interprétations. Les contrevenants ne font rien pour se cacher
en construisant illicitement de véritables douars et comble de l'ironie même
des lieux de culte, pour être sans aucun doute divinement protégés et légaliser
par ricochet leur putride transgression. C'est tout simplement diabolique et
encore c'est beaucoup plus fort parce Satan ignore la notice comment construire
un bidonville sans être inquiété ». Avec un mélange de sarcasme, de sidération
et de colère nos interlocuteurs estomaqués ont ajouté avec une humeur bilieuse
« nos responsables font preuve de pagnoterie face à
ce sordide phénomène, ayant complètement défiguré les paysages de notre
prestigieuse municipalité, qui représente tout un pan de l'histoire
contemporaine de la contrée d'Oran. Mers El Kébir est
un livre d'histoire. L'hideux, l'inculte et l'incivisme l'ont déchiré mais le
manuscrit existe toujours fort heureusement ».
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