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Tlemcen: Plaidoyer pour la préservation de l'écosystème

par Khaled Boumediene

  La wilaya de Tlemcen dispose d'une richesse exceptionnelle qui tient tant à la variété des paysages (zones steppiques, zones humides, forêts et hautes montagnes) propices aux échanges qu'à la multiplication des barrages et des plans d'eau qui abritent plus de 200 oiseaux de différentes espèces (dont une centaine d'oiseaux endémiques et migrateurs selon le Parc national de Tlemcen) appartenant aux familles des canards et des rapaces, tels grues cendrées, aigrettes, canards au col blanc ou flamants. Les reliefs escarpés et d'accès accidentés des monts de l'Ourit, Zarifet, Motas, Béni-Ghezli, Nador, Tchounfi, Fellaoucène et Tadjra favorisent la nidification et la ponte d'œufs de nombreux oiseaux très appréciés pour leurs chants si variés, leurs vols, leurs plumages colorés et leurs parades.

« Les différents plans d'eau et zones humides de Dhayat El Ferd dans la commune d'El Aricha, ainsi que les retenues d'eau de Magoura dans la commune de Sidi Djillali, les barrages de Hammam Boughrara, Sidi Abdelli et Sekkak dans la commune de Aïn Youcef favorisent les peuplements d'oiseaux de différentes espèces dont des oiseaux migrateurs et endémiques et abritent une diversité biologique importante, notamment avifaunistique. Les oiseaux ne sont pas dispersés au hasard sur terre, chaque espèce apparaît dans l'habitat auquel il est adapté, compte tenu de la disponibilité en eau, des ressources alimentaires, des abris disponibles, de la diversité paysagère et des facteurs climatiques», explique M. Kazi-Tani Saïd, conservateur des forêts de la wilaya de Tlemcen et ex-directeur du Parc national de Tlemcen.

Cette année, des écologistes ont remarqué une hausse remarquable de l'aigle royal, l'aigle de Bonelli et le vautour fauve, qui survolent en permanence les hautes falaises du mont de l'Ourit (commune d'Ain Fezza). Ces rapaces se réunissent dans ce massif de garrigues dégradées pour se reproduire, se reposer et capturer des proies. Selon des ornithologues, les couples reproducteurs de l'aigle de Bonelli sont sédentaires. Outre l'envahissement de ces nicheurs, des dizaines de cigognes élisent domicile aux faîtes des minarets et des antennes téléphoniques élevées qui semblent leur convenir. « Les cigognes sont généralement fidèles à leur site et donc aux minarets ou antennes téléphoniques. Ces oiseaux migrent vers des endroits chauds à l'arrivée de l'hiver. La présence des cigognes dans notre wilaya et dans d'autres régions du pays est favorisée par le climat continental qui y règne. Les cigognes migrent vers le Sud-Ouest en franchissant le détroit de Gibraltar, et de l'autre vers le Sud-Est à partir du Bosphore pour contourner la mer Méditerranée, avant de rejoindre leurs quartiers respectifs en Afrique occidentale ou en Afrique de l'Est jusqu'au Sud », ajoute M. Kazi.

Au cours de leur présence dans notre région, des accidents se produisent. Récemment, deux cigognes blanches ont péri sur des lignes à haute et moyenne tension sur la commune de Hennaya. « C'est un problème qui est assez fréquent car les cigognes ne visualisent pas les câbles électriques au moment de leur envol, et puis aucun effort n'a été fait pour neutraliser certaines lignes dénudées qui électrocutent ces oiseaux ! Il faut éliminer toutes lignes aériennes dénudées et les remplacer par des fils torsadés plus sécurisants et isolants ! », rapporte Sid-Ahmed, un habitant de Hennaya qui a assisté à la mort de deux cigognes qui ont percuté des câbles électriques. Selon cet habitant, chaque année, des cigognes qui survolent la grande plaine de Kacem à la recherche de leurs nourritures (insectes, mollusques, reptiles, petits mammifères et petits oiseaux) au sol parmi la végétation basse et dans l'eau peu profonde, décèdent à cette même période. «Il faut préserver l'écosystème et sauvegarder ces espèces ornithologiques endémiques», lance-t-il.