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Coronavirus: Entre levée de confinement et mesures sanitaires

par Tahar Mansour

  C'est devenu presque un lapsus et une lourde répétition que d'appeler encore et toujours nos concitoyens à se conformer strictement aux recommandations édictées par la situation sanitaire que nous vivons à l'instar de l'ensemble de la planète, à des degrés divers, mais c'est une situation inédite et mortelle.

D'un côté, nous constatons que le nombre de nouveaux cas a baissé sensiblement depuis l'apparition de la pandémie, celui des décès est encore plus remarquable et nous avons assisté il y a quelques jours à un allègement relatif du confinement et à sa levée totale pour quatre wilayas, dont trois du Grand-Sud. Mais, notent le directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie et d'autres responsables sanitaires, il reste encore dix wilayas du pays où les nouveaux cas confirmés sont encore élevés et dépassent les dix pour chaque 24 heures, ce qui est plutôt inquiétant.

Une enquête épidémiologique a d'ailleurs été initiée pour connaître les causes exactes de ces hausses du nombre de personnes atteintes au niveau de ces dix wilayas mais, déjà, il est avéré que, parmi ces causes, le non-respect des mesures sanitaires comme le port de bavettes, la distanciation sanitaire, l'hygiène des mains et des lieux, n'est pas des moindres. Répéter chaque jour, dans les médias, en direct grâce aux actions de volontariat et des services de sécurité et de la protection civile ne peut durer dans le temps et n'aura qu'un impact limité sur le comportement des gens. Il serait peut-être plus «rentable» de fixer une date butoir pour que chacun de nous se conforme aux mesures de sécurité sanitaire et, s'il continue de les ignorer, il y sera obligé par la force de la loi et devra donc payer des amendes ou même arriver à la privation de sa liberté car il deviendrait alors un hors-la-loi qui porte préjudice à la vie même de ses concitoyens. Beaucoup affirment que les Algériens n'obéissent qu'au bâton, mais c'est une affirmation erronée et gratuite car la majorité ne demande qu'à répondre positivement aux injonctions des pouvoirs publics, surtout quand ces injonctions viennent pour nous éviter des ennuis sanitaires et nous éviter un danger réel pour nos vies, pourvu seulement qu'ils comprennent ce qui leur est demandé. C'est pour cela qu'il faudrait peut-être laisser un peu de temps aux gens pour s'adapter et, une fois la décantation faite, il faudrait sévir de manière stricte contre toute personne ne se conformant pas aux mesures.

Les décisions du Conseil des ministres

Une réponse a été donnée aux citoyens impactés par le confinement et qui n'ont pas encore repris leurs activités, comme les transporteurs de personnes, les cafetiers, les restaurateurs, les coiffeurs, les marchands de vêtements et de chaussures et ce, lors du Conseil des ministres de ce dimanche 31 mai 2020. En effet, de nouvelles aides leur sont accordées, comme l'allègement de leur fiscalité et la liste de bénéficiaires de l'aide 10.000 DA qui reste ouverte pour accueillir les noms de ceux qui n'ont pas pu encore s'inscrire. Il faudrait seulement aux collectivités locales trouver le moyen le plus adéquat pour n'oublier personne et écarter ceux qui n'ouvrent pas droit et dont les noms se trouvent sur ces listes, d'une manière illégale. Il y a aussi le fait que certains commerces ou services ne représentant pas un grand risque de contamination pourraient être autorisés après consultation avec leurs représentants syndicaux.

Ces mesures pourraient inciter donc les gens impactés à éviter de prendre des risques inutiles comme ils le font actuellement car poussés par le besoin après près de trois mois d'inactivité et d'absence de revenus. Le transporteur par taxi pourrait alors travailler en toute légalité sans avoir à le faire clandestinement, tout comme le coiffeur qui exerce chez lui ou chez ses clients, le cafetier qui vend son café presse sous le rideau ou ce commerçant en vêtements et chaussures qui squatte une place sur un trottoir ou au niveau d'un quartier populeux pour écouler sa marchandise. Ce serait donc la politique du moindre risque qui sera appliquée et il serait alors loisible d'obliger ces citoyens de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de retomber dans le confinement qu'ils ont si durement vécu dans leurs chairs et dans leurs poches.