Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Projet de loi de finances complémentaire: Les députés contre la hausse des prix des carburants

par M. Aziza

La majorité des députés ayant débattu hier le projet de loi de finances complémentaire de 2020 (PLFC 2020) présenté à l'Assemblée populaire nationale (APN) ont plaidé en faveur de l'annulation pure et simple de la hausse des prix du carburant, introduite dans ledit projet.

Une hausse qui a été pourtant écartée dans la loi de finances 2020 et qui a été introduite dans le projet de la loi de finances complémentaire. Et ce avec une augmentation de 3 DA pour le prix de l'essence et 5 DA pour le gasoil.

Pour les députés, cette hausse a été décidée dans un moment inopportun, notamment dans ce contexte de crise sanitaire ayant impacté sérieusement le pouvoir d'achat des Algériens. Les parlementaires dont la majorité de formations FLN et RND ont estimé que cette augmentation du prix du gasoil entraînera automatiquement une hausse des prix de la majorité des produits, puisqu'elle touchera plusieurs secteurs que ce soit des services, comme le transport, ou du secteur industriel et agricole.

Yacine Bjebar du RND parle de contradiction. « On décide d'une part d'une augmentation du SNMG de 18 à 20.000 DA et la suppression de l'IRG pour les bas revenus (moins de 30.000 DA) et on décide d'autre part une augmentation des prix des carburants qui pourrait sérieusement impacter toute la chaîne de production et du transport, alors qu'il fallait prendre des mesures plus courageuses et profondes qui permettront à notre pays d'atteindre l'autosuffisante en carburants en créant de nouvelles raffineries».

Saïd Lakhdari du FLN a reconnu pour sa part devant les ministres du gouvernement que le pouvoir d'achat des Algériens est sérieusement menacé. «En cette période de confinement, je fais moi-même les courses, je me suis rendu compte que c'est insoutenable, et je vous demande monsieur le Ministre de trouver une solution et d'annuler la hausse des prix des carburants, ce n'est pas le moment». Les députés ont appelé le gouvernement à récupérer l'argent en canalisant le marché de l'informel et en améliorant le recouvrement des impôts.

Concernant l'annulation du régime préférentiel pour l'importation des lots SKD/CKD pour le montage de véhicules, la majorité des députés se sont interrogés sur le sort des postes d'emploi et sur comment faire pour la question relative au remboursement des crédits bancaires, notamment ceux contractés par des étrangers.

A signaler que la majorité des parlementaires ont exprimé leur mécontentement quant à la programmation du débat autour de la loi de finances complémentaire, d'une façon hâtive, dans des conditions de confinement et absence de transport ayant empêché certains députés d'y assister. Certains se sont dit déçus : «toutes les modifications que nous avons proposées ont été rejetées». D'autres ont estimé que la majorité des mesures introduites sont en fait «des sanctions financières». Pourtant, cette loi de finances complémentaire devait en principe ajuster le budget prévisionnel de l'Etat et prendre en charge les nouveaux engagements économiques et sociaux.

Les députés attendaient à des «engagements et des mesures courageuses» en faveur de certains secteurs, notamment ceux du BTPH et du tourisme, sérieusement impactés par la crise sanitaire du Covid-19.