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Ère à l'horizon !

par Abdelhafid Ouadda

L'année du rat, premier signe du bestiaire chinois évoluant autour d'un cycle de douze années. Cet animal, dans un vaste et surpeuplé pays comme l'Inde est sacré, mais en Europe il est toujours associé aux épidémies et particulièrement à la peste.

Ce rongeur intouchable prolifère aux abords des vestiges anciens où les humains les nourrissent en lait en leur prêtant des incarnations divines. 2020, année du rat gouvernée par une multitude invisible dans la solitude du recueillement, apporte cette fois son kit pathogène. Comment interpréter ce paradoxe ?

Est-ce de la malveillance ou l'inverse ? Ceux qui subissent le mal de front font partie, comme en période de guerre, des pertes collatérales et ceux plus résistants apprennent à s'adapter à des situations inédites qui feront probablement d'eux des êtres renouvelés voire actualisés.

Dans ce sens tout repart, après l'extinction, vers un état d'esprit conforme à l'ère du temps qui s'étale à l'horizon où la société a tendance à se décomposer dans des aberrations répétées depuis déjà plusieurs décennies. Habituellement les guerres font office de purification des pensées et des agissements collectifs qui sortent dangereusement du cadre légitime.

Cette fois, la raison mondiale est affectée d'une pandémie inconnue des registres du patrimoine médical. On fait alors place à de pittoresques thérapeutes qui font appel à des méthodes anciennes pour combattre un fléau inattendu.

Le coupable est toujours l'animal étant loin de l'homme, de ses gênes et de son impouvoir à jouer un rôle propre à sa définition.

Le successeur du rat est aujourd'hui la chauve-souris, animal de la même généalogie à qui on a attribué en premier ce fléau, le virus « Corona ». Arrive un autre animal moins volatile, le pangolin très prisé des trafiquants du sud de la Chine qui serait lui aussi porteur du virus. Les laboratoires européens spéculent sur le maillage de ces deux bêtes, le pangolin aurait l'infime fragment qui transmettrait ce germe à l'homme.

Des individus s'ingénient à diffuser des informations préoccupantes mais qui tiennent la route par leur raisonnement. Des données liées par exemple à des manipulations génétiques de laboratoires de recherches ou à des expériences appliquées sur des rats afin de mettre au point des armes bactériologiques à des fins sinistres. Bon nombre de fomentateurs issus des pays du G8 en garantissent leurs authenticités dans des interprétations appuyées de documents officiels. Par ailleurs, des dépêches alarmantes sur la mise en route de la 5G, l'annoncent comme étant dangereuse pour la santé.

En Angleterre apprenant ces thèses provenant de ces alarmistes du genre, des groupes craignant les agressions continues des ondes sur le cerveau humain ont, dans une totale panique, vandalisé des antennes 5G. Ces individus soutiennent que les propagations de ces ondes amplifieraient les symptômes du Covid-19 chez l'être humain. D'autres affirment au contraire que le virus est une invention pour masquer les dégâts causés par la 5G.

En attendant, le monde s'enferme dans ses retranchements laissant libre cours aux autorités d'assumer pleinement leurs responsabilités. Il est peut-être moins aisé d'être cette fois dans leur camp où il faut aujourd'hui plus que jamais montrer de sévères compétences dans les choix politiques et sociaux. Les enjeux sont complexes et cruciaux à la fois.      La fausse manœuvre est strictement interdite ! Les ambitieux du pouvoir et autres placés par népotisme auront la rude tâche du capitaine d'un bateau de plaisance qui se retrouve commandant d'un navire de charge en pleine tempête. Peut-être qu'à l'avenir une telle expérience conduira les États à élire des gouvernants avertis !

Sacrées pour les uns, illicites pour d'autres, certaines coutumes autour du monde conduisent à s'interroger sur ce qui nous est hors de portée. Comment parler de mondialisation lorsque les pratiques comestibles des antipodes sont totalement contradictoires ! Certains mangent du chameau, d'autres de la vache, des grenouilles, des criquets, des escargots, des chats et des chiens, des singes, des rats et des pangolins, etc., etc. Avec quelles devises pourrait-on échanger ou commercer quand les cultures gastronomiques de la planète sont aussi éclectiques ?

Nous nous sommes souvent retrouvés à ergoter sur certaines nourritures de l'homo sapiens.

Ce qui venant d'une autre partie du globe semble ragoûtant, paraît purement dégoûtant pour nos esprits éduqués dans d'autres girons. Ces mutuelles répugnances alimentaires servent aussi de terreau à la séparation, au chauvinisme pour ne pas dire au « racisme ». Il serait vraisemblablement grand temps d'harmoniser la gastronomie universelle en fonction des valeurs nutritives utiles aux êtres humains et apprendre à proscrire toute alimentation non conforme aux règles d'une éthique globale !

On murmure de part et d'autre qu'en ce début du 21e siècle, les seigneurs qui présumaient être passés maîtres de leurs conditions scientifiques et technologiques sont subito sans intérêt. Quid des inventions invraisemblables qui ont fait la fortune des inventeurs et de leurs mécènes ?

Que ressort-il actuellement de ces ahurissants vols spatiaux abusivement chers et qui n'apportent presque rien au bien-être de l'humanité ? Des nations connues à travers leurs exploits, ont saigné aux quatre veines leur économie en édifiant des projets ostentatoires pour en mettre plein la vue aux pays qui n'atteindront jamais le niveau technique requis pour s'aligner du côté des dominants du monde ? Il est vrai qu'avec des yeux hégémoniques, il est plus légitime de lancer des satellites-espions et de communications dans l'espace afin de contrôler et de saisir par prédation les réserves naturelles des pays non-alignés. Aujourd'hui tout le monde est « aligné » à la même enseigne ! Il n'y a ni blanc qui domine, ni brun sujet immigrant, ni jaune surchargé, ni religieux qui s'active. Il ne reste que l'Homme face à sa faible condition qui a toujours eu besoin d'un Bienfaiteur omnipotent.

La créature dans son retranchement, est-elle enfin en train de faire un bilan de ses agissements et de sa réelle mission sur terre ? Aurait-elle atteint cette conscience qui lui dit que l'heure est réellement grave et qu'il serait bien temps de songer à modifier son comportement vis-à-vis de ce qui l'entoure ?

De la nature qui la supporte, des animaux qui l'habitent, de l'air qu'elle respire, du voisin qu'elle ignore et du monde qui la regarde ? Hormis les places vides et les routes totalement libres provoquant en permanence une sorte de paralysie du temps, rien ne donne l'impression, dans les médias et les réseaux sociaux qui pullulent de légèretés, qu'elle gagne réellement au discernement ! On reste malgré tout attaché avec ardeur à la même manière d'être comme si on patientait frénétiquement aux portes d'une grande foire des désirs. Quand enfin elles s'ouvriront, on y pénètrera en se bousculant copieusement, et chacun de nous se précipitera aveuglément vers ses pôles d'intérêts. Faut-il encore quelques semaines ou quelques mois de confinement pour atteindre quelque peu la modération... l'expiation... l'ascétisme ? On dit que le 21e siècle sera religieux, mais de quelle religion parle-t-on et comment ? La nôtre dans laquelle nous ne nous retrouvons pas dans ce que l'on voit et par ce que l'on entend ? Ou celle des autres, « des mécréants » parce qu'ils ne font pas les choses selon nos codes ? Restera-t-on confinés chacun dans sa conviction, spirituelle ou matérielle, dans un monde brutalement déchiré par les contradictions ? Un monde qui provoquera toujours des conflits d'intérêts, compromettant à jamais l'unique raison de l'existence de l'être humain sur terre : l'âge d'or tant attendu !