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LA TERRE TOURNE EN ROND

par Abdou BENABBOU

Si l'on s'accorde dans un élan de pensée unanime que rien ne sera plus comme avant, on se fourre le doigt dans l'œil en croyant que le monde sera meilleur parce que l'humain a compris sa faiblesse et sa vulnérabilité. Il faudra juste admettre la nécessité de garder les pieds sur terre et il est certain que la recherche de nouveaux accommodements sera démultipliée pour aller vers une gloire passagère et une indigne revalorisation encore plus grande des tenants de ce monde. Peu importe d'ailleurs l'absence d'une dignité même si cette absence prouve souvent que l'espèce animale, à l'opposé, dispose d'un capital de noblesse vivrière et retenue.

L'être humain est ainsi et on ne peut exiger de lui une transformation radicale à la faveur d'une pandémie qui ne fait que passer. Sinon sa définition d'humain avec ses tares et ses faiblesses n'aurait aucun sens et qu'il est probable que le virus n'aurait jamais eu l'impudence de se présenter pour bousculer mortellement l'ensemble de l'humanité.

Il est très significatif que l'Organisation des Nations Unies, érigée pour imposer un large humanisme après le drame des grandes guerres, soit confinée elle aussi dans un silence que ne démentent que quelques saupoudrées de conseils et d'hypothèses dont la stérilité est patente. Malgré les près de 100.000 victimes livrées par l'épidémie, on observe toujours dans ces moments particuliers la raideur des compréhensions débiles de ceux qui disposent des hautes tribunes pour rester bercés dans les harangues et les prétentions décousues.

Un gouvernement du monde, n'en déplaise aux optimismes, n'aura jamais lieu. La redisposition de la planète n'est pas pour demain quand une pacotille de gants et de masques est motif de rapines pour les plus nantis. On en est encore et toujours dans les philosophies des aumônes et on croit sauver l'humanité avec quelques repas alors qu'il s'agit vraiment d'imposer à la terre de changer son sens de rotation. La faiblesse et l'individualisme sauvage des hommes se contenteront encore pour longtemps de la regarder tourner en rond.