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LFP - Arrêt des compétitions: De redoutables conséquences pour les clubs

par Adjal L.

Personne n'ignore qu'en temps normal, avant l'arrivée du coronavirus, les clubs algériens souffraient le martyre dans le domaine financier, y compris ceux qui sont parrainés par les entreprises économiques. Bon an, mal an, ils ont survécu grâce à la manne de l'Etat. Sans l'aide des pouvoirs publics donc, les clubs supposés du statut professionnel seraient incapables d'être présents sur le terrain et donner un semblant d'animation sportive à une population pourtant prête à vibrer au moindre exploit. La preuve a été donnée au mois de juillet dernier, lorsque nos «Verts» ont remporté la Coupe d'Afrique des nations dans un milieu pourtant très hostile. Officiellement, les clubs de l'élite sont censés générer des moyens pour leur autofinancement. Outre l'Etat, les dirigeants misent énormément sur le sponsoring des entreprises économiques et, évidemment, sur les recettes aux guichets. Il s'avère qu'en dépit de ces sources de financement, c'est dans un gouffre que sont plongés tous les clubs des deux divisions.

C'est la colossale masse salariale et les fortes primes qui sont les causes principales de cette déplorable banqueroute. Car, engagés dans une folle surenchère pour avoir les meilleurs joueurs disponibles sur le marché, les dirigeants dépensent sans compter, d'où les endettements faramineux enregistrés à chaque saison.

A présent que le championnat est à l'arrêt, il est certain que les conséquences vont aller crescendo, dans la mesure où les sources de financement sont appelées à se tarir.

D'un côté, l'Etat, principal bailleur de fonds, a d'autres occupations vitales au fonctionnement du pays.

Avec la chute du prix du pétrole et l'apparition de la pandémie, le gouvernement, sous les directives du président de la République, a opté pour des mesures d'austérité. C'est déjà un coup très dur pour les clubs trop longtemps habitués au rôle d'assistés. Et comme il n'y a plus de matches, il n'y a plus de quotes-parts émanant de la télé publique, un apport non négligeable par temps « normal ». Pas de recettes aux guichets non plus. Comme on le voit, le tableau est très sombre. Dans ces conditions, on se demande comment vont réagir les dirigeants, censés être les capitaines à bord de navires cherchant à éviter de nombreux écueils ? Car il ne faudrait pas oublier les autres charges.

Outre les salaires et les primes, ils doivent s'acquitter des frais liés à l'infrastructure, au transport et à l'hébergement. On se gardera d'oublier les cotisations non versées à la CNAS. A ce propos, on a appris que les clubs traînent des ardoises faramineuses. On ajoutera qu'en raison du manquement à leurs obligations figurant pourtant dans les contrats avec leurs joueurs, les clubs sont souvent sanctionnés financièrement par la CRL. Aussi, les dirigeants sont pris dans une spirale dont on ne voit pas la fin.

Le plus grave, c'est qu'aucune porte de sortie de crise ne pointe à l'horizon, surtout avec la situation d'urgence actuelle du pays.

Trouver des solutions durables

En Europe, de nombreux clubs ont procédé à une baisse sensible des salaires de leurs joueurs, une mesure globalement acceptée et applaudie par la majorité des joueurs. Quant à la minorité récalcitrante, elle a essuyé les violentes critiques des médias.

On soulignera aussi la conduite civique de plusieurs stars du sport qui ont fait des dons conséquents aux hôpitaux et aux laboratoires. Les clubs leur ont emboîté le pas en mettant leurs stades à la disposition des équipes médicales. Même les moins nantis ont également contribué à alimenter les comptes bancaires anonymement pour endiguer les effets de cette terrible crise humanitaire. Chez nous, les joueurs auront-ils le réflexe de baisser leurs gros salaires ? C'est une question qui vient à l'esprit au moment où la solidarité nationale est un devoir incontournable. Pour ce faire, il faudrait que les «stars» s'exécutent et donnent l'exemple aux autres joueurs grassement payés. Avec cette crise que personne n'attendait, les responsables des ligues ainsi que les dirigeants des clubs seraient bien inspirés de plancher sur des solutions durables à travers de projets pour assurer au moins une partie du financement. Si aucune initiative ne pointe à l'horizon, il est fort probable que le football algérien est appelé à subir de redoutables conséquences. Sommes-nous trop pessimistes?