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Crise à l'hôpital de Boufarik: Le SNPSSP accuse des «syndicats rivaux»

par M. M.

  «L'équipe du service de maladies infectieuses» de l'hôpital de Boufarik (W. Blida), «épicentre de l'épidémie de Covid-19 dans notre pays», «n'assure plus que les urgences», alors que «les personnels des autres services refusent de travailler et les responsables médicaux d'autres services protestent contre l'admission de malades dans «leurs lits» alors que leur activité habituelle est à l'arrêt». «La situation est très grave et met en danger les capacités de réaction face à l'épidémie avec les conséquences pour la population qui en découlent ». Cette description est dressée par le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) qui fait état d'un «évènement de la plus haute gravité».

Selon la version du SNPSSP, les faits remontent «au passage en phase 3 de l'épidémie, lorsque les capacités du service de maladies infectieuses de l'EPH de Boufarik commençaient à être débordées». «Le responsable du service (Dr Yousfi, président du SNPSSP, ndlr) a demandé la mobilisation de ressources supplémentaires en termes de lits et de personnels à partir des autres services de l'établissement». Cette demande a rencontré une «réaction de peur et de panique chez certains personnels concernés» et «a entraîné une avalanche d'arrêts de travail», alors que d'autres personnels «restés en poste» ont «manifesté des réticences à s'intégrer dans le dispositif de prise en charge», précise le communiqué signé par le SG du SNPSSP, Dr Iddir M. «Le 26 mars 2020» s'est produit une « escalade dangereuse». Toujours selon le SNPSSP, «un appel a été lancé pour observer une minute de silence à la mémoire d'un collègue, ambulancier au sein de l'établissement décédé après avoir contracté le Covid-19 lors de sa fonction», s'est transformé «en une action de protestation, menée par les personnels des autres services qui ont refusé d'être associés à la prise en charge de l'épidémie contre la personne du chef de service de maladies infectieuses, considéré comme étant la source de leur malheur». «Lequel chef de service se trouve être par ailleurs le président du SNPSSP», ajoute le communiqué.

Pour le SNPSSP, si la «réaction de peur et de panique» est «compréhensible jusqu'à un certain point», elle a été «instrumentalisée par des syndicats rivaux, sans aucun égard pour le contexte (certains des contestataires étant des responsables syndicaux locaux et ne s'en sont pas cachés)».        

Le communiqué note que le «regroupement» s'est tenu au sein de l'hôpital, «en pleine phase 3 de l'épidémie, enfreignant toutes les consignes de distanciation sociale imposées réglementairement, en associant même des riverains, mettant ainsi en danger le personnel, et donnant le pire des exemples à la population en pareille circonstance». Le SNPSSP poursuit: «Malheureusement, la même situation s'est reproduite ce dimanche 29 mars 2020, avec la même virulence. L'équipe du service de maladies infectieuses, sous le choc, n'assure plus que les urgences. Les personnels des autres services refusent de travailler et les responsables médicaux d'autres services protestent contre l'admission de malades dans «leurs lits » alors que leur activité habituelle est à l'arrêt». La direction de l'EPH «est contrainte de lancer un appel à volontaires de l'extérieur pour renforcer l'établissement, pour pallier à la situation». Le syndicat se dit «affligé et scandalisé de voir de tels comportements en lieu et place de la solidarité qu'étaient en droit d'attendre les personnels en première ligne de la lutte contre l'épidémie». Le communiqué «lance un appel à la raison aux contestataires auxquels il demande de faire passer l'intérêt général au-dessus de toute autre considération» et interpelle «les autorités pour mettre fin à ce désordre aux graves conséquences, et pour assurer la sécurité des personnels du service de maladies infectieuses, afin de permettre à ce service de retrouver son fonctionnement normal». Le SNPSSP «déplore vivement le mutisme des syndicats représentant les personnels contestataires, mutisme qui ouvre droit à toutes les lectures».