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Le Hirak, de l'oligarchie à la tyrannie de l'ochlocratie (1ère partie)

par Mohamed Belhoucine*

«Il y a une différence entre démocratie et liberté. La liberté ne peut être appréhendée par la possibilité de voter, mais par le nombre de décisions faites à notre insu sur lesquelles nous ne votons pas». F.Kartsen et K. Beckman, p.73, Beyond Democracy, 2012, Trad.fr. Dépasser la démocratie, Paris, Institut Copper 2013

Le philosophe libéral espagnol José Ortega y Gasset dénonçait déjà dans les années 1920, la «démocratie morbide», il avertissait ses étudiants que le mot démocratie «s'est prostitué». Dans son œuvre majeure écrite en 1929 (La révolte des masses édit. Broché 2010), Ortega disait que le mot démocratie est devenu «stupide et frauduleux». Son utilisation quotidienne, pour n'importe quel motif, ressemble à l'invocation d'une religion civile. «Antidémocratique» sonne même aujourd'hui comme un péché capital. Même le grand philosophe américain John Dewey dont l'influence a été majeure dans le courant pragmatique en philosophie (Démocratie et éducation, édit. Armand Colin 1975) prenait fait et cause pour annoncer que la démocratie a dégénéré en fanatisme démocratique (en «annulation de toutes les différences », comme dit Hegel).

Le mot ?'Démocratie''est devenu un cliché, un lieu commun démagogique, une superstition que revendiquent ces nouvelles figures métapolitiques, les plaideurs, les phraseurs, les analphabètes loquaces, les rhéteurs et les populistes qui prolifèrent et courent actuellement les prétoires des tribunaux à Alger. Le but du logos (le discours logique et rationnel) n'est plus d'expliquer quelque chose ou de défendre un point de vue ; son but, dorénavant, est de produire des effets et des coups d'éclat qui sont utilisés pour donner l'impression d'une puissante unité des foules, largement artificielle, mais susceptible d'être exploitées sur le moment par les activistes.

Cette évolution reflète une insensibilité au contenu du mot et prédispose à son déclin. Le grand économiste autrichien Joseph Schumpeter (ci-dessous op.cité) avait proposé, mais évidemment sans succès, de remplacer le mot démocratie (demos/peuple et kratos/pouvoir) par démarchie (demos/peuple et archein/autorité) afin de débarrasser le contenu de son immoralité et de son avilissement.

Dans la conscience de chacun d'entre nous, au cours de libres discussions entre citoyens lambda, tout le monde a conscience que la relation avec la ?'démocratie'' est fausse et même que cette ?'démocratie'' nous menace. Qu'est-ce que la démocratie lorsque les gens ne comprennent pas pourquoi ou pour quelle raison ils votent, ou s'ils votent pour des oligarchies qui les exploitent et les soumettent à une sorte de servitude en monopolisant la liberté politique ?

La sentence de Karl Marx faite il y a presque deux siècles s'est confirmée : les gouvernements «démocratiques » ne sont composés que de fondés de pouvoir du Capital. Cette évidence est en train de s'imposer universellement. Depuis la 1e guerre mondiale (1914-1918), en grandeur nature, la démocratie a massivement représenté l'organisation, à une très large échelle, de l'impérialisme, du colonialisme et de guerres (Algérie, Vietnam, Corée, etc.) entassant les morts par millions.

Karsten et Beckman (voir ouvrage en incipit) nient que la démocratie puisse signifier liberté et tolérance. Le principe de la démocratie ce n'est qu'un présupposé et ne signifie nullement liberté politique : «L'un des plus grands mythes au sujet de notre démocratie actuelle et qu'elle serait synonyme de liberté. Mais en fait, la liberté et la démocratie sont opposées» (voir incipit). Même du temps d'Aristote et de Démocrite, la démocratie n'a jamais été sacralisée ou identifiée à une religion comme aujourd'hui.

Pour Karsten et Beckman «La démocratie est une tyrannie répartie sur un grand nombre de personnes ». Pour Aristote, la démocratie, gouvernement du démos (peuple), était au service des intérêts de classe. La démocratie dévalorisait le principe constitutif de la Polis (cité-Etat), la relation organique harmonieuse des parties avec l'ensemble, et la Cité cessait alors d'être une koinonia ou communauté naturelle. N'oublions pas que dans la Grèce classique (5 siècles av J.C) le mot demos se référait à un dixième du nombre total des citoyens.

Ce qui est certain, c'est que l'une des causes du dysfonctionnement de la démocratie et de son discrédit croissant consiste justement dans l'intuition martelée au coin du bon sens par la vox populi, qu'elle facilite le règne de l'oligarchie. Robert Michels (ci-dessous op.cité) reconnait que c'est en démocratie que le régime politique «est le mieux à même de générer et d'imiter les oligarchies ».

Pierre Manent (Cours familier de philosophie politique, édit. Gallimard 2004, p.24) reconnait lui aussi que «sous couvert de démocratie, c'est en réalité une oligarchie qui prospère ». Et il ajoute : «la minorité de ceux qui possèdent un capital matériel et culturel manipule les institutions politiques à son profit ».

Beckman va défendre ouvertement la nécessité d'abandonner cette démocratie : «L'une des grandes illusions politiques de notre temps est la démocratie. Beaucoup de gens se croient libre parce qu'ils votent. Ils opposent démocratie et tyrannie? Les Etats envahissent la sphère privé comme jamais auparavant, alors que le pillage a pris des formes qu'un Frederic Bastiat n'aurait jamais pu imaginer au XIXe siècle [«cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde»,«le profit de l'un est le profit de l'autre», «il m'est tout à fait impossible de concevoir la Fraternité légalement forcée, sans que la Liberté soit légalement détruite, et la Justice légalement foulée aux pieds» (Frederic Bastiat ], c'est bien la preuve que la démocratie ne fonctionne pas».

Les oligarques invitent les masses à accomplir le rite élémentaire du «vote » pour légitimer l'oligarchie. La démocratie c'est voter. Karl Loewenstein grand théoricien de la constitution va plus loin «Il n'y a pas de relation de cause à effet entre la structure du mécanisme gouvernemental et la localisation du pouvoir ». «Le leadership de toute nation est entre les mains d'une minorité manipulatrice constituée par ceux qui détiennent le pouvoir, qu'ils soient officiels ou invisibles ». Loewenstein insiste «Cette minorité tire les ficelles de l'appareil d'Etat comme dans toute organisation collective. Et c'est seulement en découvrant cette oligarchie dominante et dirigeante que l'on pénètre au cœur du processus du pouvoir ».

La théorie néo-pluraliste de la dynamique socio-économique et politique initiée par Thorstein Veblen (1857-1929) tend à insister sur l'équilibre des forces sociales concurrentes et à ignorer totalement l'existence d'une classe dirigeante. Le juriste et philosophe Gaetano Mosca (ci-dessous op.cité) déclare sans détour en son temps que la «démocratie libérale n'est en fait que l'hypocrisie organisée ».

Mosca rajoute «La tyrannie démocratique - la tyrannie de la majorité dirigée par les oligarques - naît généralement lorsque le droit, devenu simple reflets des désirs ou caprices des gouvernants, n'assure plus la sécurité et impose l'obéissance passive comme prélude à la servitude volontaire. Tout cela, bien sûr «au nom du peuple», «par le peuple et pour le peuple». Le pouvoir est une chose mais l'influence que l'on a sur lui en est une autre. C'est pourquoi il ne faut pas confondre les formes de gouvernements avec les formes de régime. Les régimes sont matériellement oligarchiques même lorsque les gouvernements ne le sont pas formellement».

La tragédie dans le régime de Bouteflika est que l'oligarchisation a atteint son intensité maximum, généralement en raison de l'affaiblissement de l'éthos populaire (l'êthos c'est ce qui est assimilable aux habitudes et les manières d'être de la collectivité) et des vertus correspondantes (la population a reconduit durant 04 mandats Bouteflika malgré la fraude au texte Constitutionnel !), alors la forme de gouvernement et le régime coïncident dans l'oligarchie et cette situation donne lieu à de graves conflits politiques. En revanche il n'en est pas ainsi lorsque l'oligarchie se soumet au droit établi, lorsqu'elle n'abuse pas du pouvoir (modération).

Dans la zone de turbulence que traverse notre pays, la dictature est-elle jouable ? Oui si c'est pour sauver l'Algérie d'un crash. L'Algérie a besoin d'un dictateur intègre à la culture et à la vision encyclopédiques constamment mises à jour mais alliées à des aptitudes d'homme d'Etat, fermeté, intransigeance, inentamabilité et détermination, c'est le Zeitgeist qui l'exige (l'esprit ou l'air du temps). La démocratie à l'effigie du Hirak nous mènera à la faillite. Les Romains cultivaient le sens de la dictature, car ils étaient jaloux du droit, ils étaient moins archaïques et naturalistes que les Grecs et avaient un sens politique fondé sur le principe du salus populi suprema lex est (le salut du peuple est la loi suprême), plus vaste, plus concret et plus juridique. Le droit romain incluait une innovation majeure, le ius vitae ac necis (droit de vie et de mort).

La dictature chez les Romains était un recours légal pour faire face à des situations exceptionnelles. Le droit n'était pas aboli, puisque la dictature était prévue par un statut juridique spécial (dont le fameux article 48 de la Constitution de Weimar était en quelque sorte la copie conforme). Ce statut consistait essentiellement à étendre à la vie civile et dans les cas extrême le pouvoir sacré de l'imperator, le chef militaire qui avait sur le champ bataille le pouvoir absolu, soutenu par l'auctoritas, du ius vitae ac necis. Contrairement au juge, dont la manière de condamner ou de dire le droit vient du dicare, ius dicare, au sens d'indiquer le ius (le juge ayant autorité mais n'exécutant pas), le dictateur est un mot qui dérive du verbe dicere : le dictateur n'indique pas, il dit ce qui doit être fait sans contradiction possible et, en outre, il accomplit ou exécute.

La dictature était pour les Romains une sorte de potion nécessaire pour sauvegarder la santé de la ville, du populus, lorsques les mores (les mœurs), les coutumes éthiques --la courtoisie- et le droit, incapables de remplir leurs fonctions, mettaient en péril la liberté collective ou mettaient la ville en danger en raison de causes externes (dans le cas de l'Algérie c'est l'impérialisme et ses agents locaux).

Qu'on s'entende bien, la dictature chez les Romains était une institution limite quand l'existence de la Civitas (la Cité) était en cause et en danger (situation que vit actuellement l'Algérie). La volonté expresse du dictateur était la loi dans un sens beaucoup plus fort et plus complet que les décisions de justice, puisqu'elle se référait à des intérêts collectifs, à Rome dans son ensemble. Il était seulement exigé d'elle de sauver la situation en rétablissant la normalité, l'ordre juridico-politique qui garantissait l'ordre social, dans un délai maximum de six mois.

Depuis la naissance des cités, le monde n'a pas connu d'autre forme de gouvernement que celle du petit nombre (la minorité dirigeante), et tout gouvernement à besoin de l'appui de l'opinion même si l'autorité et non la vérité qui fait la loi. C'est le pouvoir du glaive qui contraint et force les hommes à obéir aux lois ; sans la contrainte et la force, la loi sera inapplicable, tout juste de l'encre sur papier. Il n'y a pas de communauté politique sans hiérarchie ; pas de hiérarchie sans organisation, pas d'organisation sociale qui ne se concrétise sans la direction d'un petit nombre.

Chez les Grecs, le contraire de la démocratie n'est pas l'oligarchie mais la démagogie. La démagogie survient quand le régime s'impose au gouvernement (le régime n'est pas le gouvernement, c'est l'influence, c'est l'oligarchie qui se retrouve dominante, cachée et invisible derrière le gouvernement).

Guglielmo Ferrero (ci-dessous op.cité) insiste: «Le pouvoir invisible est la face cachée de la démocratie, toutes les démocraties sont oligarchiques» et «L'histoire est là pour montrer que tout régime ne s'impose que sous forme ploutocratique et que celle-ci est constitutive à l'économie libérale capitaliste et lui est consubstantielle». (Ploutocratie vient du Grec ploutos : dieu de la richesse et kratos : pouvoir. Un système de gouvernement où la richesse constitue la base principale du pouvoir politique. Ce trait ploutocratique, l'Algérie l'a connu durant deux décennies avec le régime de la famille Bouteflika)».

Robert Michels à son tour précise (ci-dessous op.cité) «La démagogie commence normalement quand la dégénérescence est si intense que l'oligarchie dérive en ploutocratie». (Oligarchie est composée de deux mots grecs, oligos signifie petit nombre et arkhos de arkhé, principe, principal, autorité). Le pouvoir de l'argent corrompt les institutions (y compris les plus étrangères à la politique comme peuvent être certaines zaouiates et leurs riches servants locaux, etc.).

La démagogie peut prendre deux formes, la ploutocratie ou l'ochlocratie (du grec okhlocratia, de okhlos, «foule » et kratos, «pouvoir »), cette dernière se manifeste par un régime politique dans lequel la foule a le pouvoir d'imposer sa volonté (le gouvernement de la foule, de la multitude, de la populace ou de la démagogie populiste).

A vrai dire, suite à l'affaiblissement de la valeur (celle liée à la production et à la circulation de l'argent), et conséquemment de la survaleur et de sa «désubstantialisation » (depuis 1980 le capital réalise l'essentiel de ses profits non à travers le travail productif mais à travers le crédit et la finance) les démocraties libérales et capitalistes d'aujourd'hui tendent toutes à être des ochlocraties. Rien n'empêche que la démocratie apparemment la plus sûre dégénère en ochlocratie tyrannique. Le pouvoir de la populace, de la foule. Le pire.

Le Hirak est voué naturellement à muter et à s'acheminer vers l'ochlocratie c'est-à-dire le pouvoir de la rue et de la foule. L'une des premières implications de l'ochlocratie est la dictature de la populace et ses conséquences directes que sont le délitement et l'implosion de l'Etat. Cela se produit lorsque la ploutocratie et l'ochlocratie se mélangent dans ce que Machiavel appelle l'Etat dépravé (p.97 Discours sur la première décade de Tite-live édit. Gallimard 2004), une expression particulièrement appropriée pour décrire les Etats occidentaux actuels. Il en a été toujours ainsi lorsque la dégénérescence des dirigeants - gens médiocres et corrompus issus des masses - corrompt tout systématiquement, aussi bien la vie publique que la vie privée en utilisant le pouvoir politique.

Un mouvement de foules est toujours le résultat d'une propagande qui, par ailleurs rétroagit sur les élites (E. Bernays). Le grand économiste Pareto pensait que l'une des causes du déclin inévitable de la démocratie était de perturber le gouvernement, de semer le désordre, de permettre une désorganisation organisée par les foules ochlocratiques (dans notre cas les foules sont instrumentalisée de l'intérieur et de l'extérieur à notre pays) au profit de l'oligarchie nationale et mondiale. Dans tous les cas de figure quand la contestation s'épuise, nous retrouverons toujours à la fin du tunnel, l'oligarchie composée de nouveaux arrivants au pouvoir. Le peuple qui n'est pas dupe a compris qu'une oligarchie reconduit toujours une autre.

Pour beaucoup de penseurs, l'oligarchie en tant que forme transcendantale de gouvernement n'est pas condamnable en soi car elle obéit à la réalité de la nature humaine. Soit ! Mais il faut la maitriser, la canaliser, la surveiller ; même si nous ne pouvons pas l'éradiquer il faut la réduire à ses dimensions congrues et naturelles par les moyens du Droit. Le Hirak est une mobilisation massive de civils qui protestent contre le gouvernement en place tout en maintenant une pression tendant à limiter le choix du gouvernement pour l'empêcher de faire face efficacement à la déstabilisation en cours.

Le Hirak repose sur un jeu complexe de plusieurs pièces (où les immixtions étrangères ne sont pas absentes) fonctionnant simultanément selon un modèle syncrétique et interdisciplinaire auto-entretenu au loin par l'Occident impérialiste et repose sur les matières suivantes : la psychologie des masses et manipulation de l'opinion (Edwards Bernays (1891-1995), sociologie, idéologie, finance, entrainement, information, medias, drogue (Il faut savoir que les deux drogues spices et méthadone ont été distribuées en Ukraine et en Egypte aux manifestants, pour accélérer et intensifier l'insurrection, etc..). Le FKSN russe et les chefs des polices anti-drogue de l'OCS (Shanghai), ont tiré la sonnette sur les nouvelles drogues spices (méthadone) développées dans les centres de recherches américains et anglais pour être utilisées par les manifestants pour fomenter des révolutions de couleur. Ces drogues rendent insensibles les foules à toute forme de peur ou de heurts violents et transforment celles-ci en véritable chair à canon.

Une bonne compréhension de toutes les parties opérationnelles du Hirak peut permettre de mieux comprendre cette nouvelle tactique de guerre menée et dirigée contre les gouvernements nationaux afin de les déstabiliser. La phase de stricte et patiente observation doit être de rigueur visant à identifier les vulnérabilités du Hirak grâce aux stocks considérables de données accumulées, emmagasinées et traitées par les structures idoines ; faire l'inventaire et remonter toutes les filières est impératif pour contrer tout mouvement de foule en nette dérive. Le Hirak devenant plus organisé et expérimenté est en train de prendre une autre tournure loin des objectifs de ses débuts, en appliquant les tactiques de la ?'terre brulée'', de la ?'contre-hégémonie'' et du ?'toujours plus en revendication insensées'', cette dernière est un moyen de lutte très spécifiques à la mentalité de la dachra. Toutes ces vulnérabilités peuvent être exploitées dans l'élaboration d'une contre-stratégie révolutionnaire efficace. Toutes les révolutions de couleur suivent de près le même modèle, et la compréhension de la nature de ces tactiques appliquées de déstabilisation permettra à l'Etat et à nos spécialistes de la gestion des crises et de la contre-insurrection d'élaborer des contre-mesures efficaces et appropriées au cas algérien.

L'Algérie profonde et son peuple ont tous les moyens pour circonscrire, contenir et rendre gorge à cette grave dérive réactionnaire et fasciste du Hirak qui menace notre Amne El Kaoumi (les alternatives politiques ont disparu au profit de 4 catégories proto-fascistes : ethnico-dachratiste, religieuse, morale et nationalitaire). Il faut de la connaissance et du professionnalisme appliqués avec fermeté et détermination pour que les foules sachent et comprennent que la récréation est finie et qu'il est temps de rentrer à la maison. L'Algérie a tous les moyens humains et matériels pour le faire. La pusillanimité et le laxisme d'un gouvernement faible mèneront l'Algérie à la catastrophe et à l'effritement. Il faut être intransigeant quand il s'agit du destin de notre histoire et de la survie de notre civilisation. Abdelfattah Sissi avec une extrême fermeté a parfaitement rétabli l'ordre et a assuré la stabilité à son pays en rendant gorge aux foules manipulées par les fascismes locaux et les dictées extérieures. Sissi en bon militaire et dont la bagarre est le métier, n'a pas hésité à faire manger de la paille à la foule et l'a poussée à boire son propre calice jusqu'à la lie.

Il ne faut se faire aucune illusion quel que soit le mouvement de foule, toujours l'ancienne oligarchie est remplacée par une autre. Le pouvoir invisible est la face cachée et obscure de la démocratie. Une grande partie de la lutte politique se déroule sur un terrain caché. C'est en distinguant les formes de gouvernement et les formes du régime que le caractère de l'oligarchie se révèle. L'influence, le pouvoir, les pouvoirs informels, ce sont eux qui conditionnent et déterminent l'exercice du pouvoir formel. Les dirigeants ne sont que des personnes interposés ; les institutions juridico-politiques des «superstructures », et les pouvoirs législatif et exécutif de simples délégations de pouvoir. Il en est de même du pouvoir judiciaire lorsque l'êthos (Max.Weber), substance de l'ordre social, est complètement dégradé (l'êthos c'est ce qui est assimilable aux habitudes et les manières d'être de la collectivité).

Après l'indépendance, notre êthos social a amorcé une phase de délitement prononcé et sa propension à la corruption n'a cessé de croître et de s'accélérer au fil des ans pour atteindre son optimum durant le règne antinational, prévaricateur et vengeur de la famille Bouteflika.

Par ailleurs les puissances impérialistes et le capitalisme mondialisé avec ses inégalités, ses crises et ses guerres, entretiennent et nourrissent les révolutions colorées, avec un objectif ultime d'installer des régimes ochlocratiques à semblant ?'démocratique'' pour assujettir les pays récalcitrants aux ordres impérialistes (accès aux ressources, au marché, protection de l'entité sioniste etc.) et les Etats qui résistent n'auront d'autre sort que le délitement, la décomposition voir la disparition (Syrie, Irak, Libye, Yémen, Iran, Venezuela, Russie, Chine, etc.).

*Docteur en Physique et DEA en science du management

A suivre