Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

PÉCHÉ D'ORGUEIL !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Bien sûr, la sélection nationale de football a - en apparence - hérité du groupe le plus faible, lors du tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du Monde 2002, effectué, mardi 21 janvier, au Caire, en Egypte.

Mais de là à déjà chanter victoire, il y a un pas qu'il ne faut pas allègrement franchir. Et , pourtant, c'est ce qu'ont fait bien de nos commentateurs sportifs. On a même parlé de «fleur aux dents». Rien que ça !

Pour nos «spécialistes», abstraction faite du Burkina Faso, «devenu un simple nom après quelque furtif éclat en Coupe d'Afrique des Nations, exclusivement», le Niger et Djibouti «ne devraient même pas prétendre au luxe de compter sur quelque effet de surprise, au vu de leur très humble envergure». De plus, prétentieux et «haggarine» !

Il est vrai que les Verts et les supporters, même devenus champions d'Afrique, restent sous le coup d'une frustration ; celle d'avoir raté la marche pour le Mondial russe de 2018.

En somme, pour les Algériens, il s'agira beaucoup d'une bonne occasion de se faire la main et préparer l'ultime tour qui devrait ouvrir les portes pour Doha 2022.

Bien de nos journalistes et commentateurs sportifs (ainsi d'ailleurs que bien de citoyens), une fois de plus, commettent le «péché d'orgueil» tout en exploitant les propos naturellement encourageants du coach national. Tous se voient déjà au Mondial 2022 en conquérants. Le syndrome «guerriers du désert» («Mouharibou Essahra», une appellation ni «déposée» ni «contrôlée» et inventée par les super-nationalistes du nouveau paysage audiovisuel) fait encore, et toujours, des siennes. On oublie que seule l'équipe classée première de chaque poule disputera l'ultime tour de qualifications pour le Mondial 2022 ( A la fin, cinq sélections seulement représenteront l'Afrique au Qatar) et, pour l'instant, en dehors de l'exploit cairote en Can, les clubs algériens sont en train de traverser un grand désert. Ainsi, dans le dernier classement mondial Iffs, le Cr Belouizdad occupe la 287è place, l'Usm Alger la 303è (268è en 2018) et le Cs Constantine la 321 è place. Tous, bien loin de l'Espérance de Tunis, 19è mondiale. Il faudra donc continuer à «compter» sur la «diaspora» ! Et, cesser de «gérer le foot avec un casse-croute comme par le passé» (Anwar Bachta, ancien joueur, Le Soir d'Algérie, jeudi 22/2/2020). Mais, jusqu'à quand ?

Une, deux, trois ou même une quinzaine d'hirondelles n'ont jamais fait un beau ou bon printemps. Le printemps algérien du foot (et du sport en général) est d'abord affaire, non seulement de volonté, pas seulement de moyens, mais surtout d'organisation et de rigueur. Comme d'ailleurs dans toute discipline sportive. Et, aussi et surtout de la continuité et des innovations.

Continuité et innovations ? Le maître-mot de toute politique. Sports, Education, Industries, Commerce, Agriculture. Ne pas penser à réaliser à tout prix des «ruptures» car, inévitablement, on passera notre temps à «renaître» et, donc, à demeurer «ado'».

Attention, ne pas se tromper sur les termes utilisés ! Il ne s'agit pas d'éviter les changements de contenus ; toujours appelés à évoluer avec le temps, les comportements sociétaux et les progrès technologiques. Il s'agit, ici, des contenants que sont l'organisation, la discipline, la volonté, le respect des lois, des règles et des normes établies. Il s'agit, aussi, de la part des gestionnaires, d'entreprises et d'institutions, de se vouer complètement à la réussite de chaque projet au bénéfice de tous. Sinon gare au (x) hirak (s) !