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Lettre ouvert à Monsieur le Président de la République

par Mohamed Soussi*

  Notre pays est en phase à une restructuration des institutions de la République dans le cadre des revendications populaires objets des manifestations pacifiques et nationales commencées le 22 février 2019.

Lors de votre campagne électorale, et après votre élection, vous vous êtes engagé à rétablir dans leurs droits les victimes des gangs (ISSABA) du système décrié, et foncièrement injuste, qui a prévalu depuis une vingtaine d'années.

Le «Hirak» n'est pas une vue de l'esprit, il s'agit d'un souffle gigantesque de tout un peuple, de consécration universelle dont la flamme est encore vivace.

Ne jetons pas de l'huile sur le feu et donnez à l'Etat de droit, aux grands principes de Libertés, de Démocratie et de Justice sociale, leurs véritables sens.

En libérant 76 détenus d'opinions, récemment, vous avez fait preuve d'un geste d'apaisement appréciable.

Cependant, observez Monsieur le Président, qu'il existe, encore, à la prison d'El Harach, plus de détenus d'opinions qui font l'honneur du pays, que de criminels économiques qui ont déshonoré les hautes fonctions de l'Etat, au plus haut niveau de la fonction politique, allant de l'ex-président de la République aux ex Premiers ministres et certains ministres et walis. Cette différence de statuts où le déshonneur prime sur l'honneur, et où l'injustice côtoie la justice, constitue un couac et pose un sérieux problème de confiance. J'entends illustrer mon exposé par une dramatique affaire, toujours d'actualité, dans laquelle nous relevons d'épouvantables dépassements couverts par le cercle du pouvoir présidentiel et certains ministres (dominants au moment des faits) au service de la nomenklatura. Les faits portent sur une grave atteinte à la souveraineté nationale, du côté algérien comme du côté français. Des ponctions financières portant sur plusieurs milliards de centimes, sans aucune garantie et avec la complicité d'agents publics, démontées officiellement.

Les enquêtes non moins officielles, datant des années 2002, 2007, 2014 et la toute dernière de l'Inspection judiciaire de 2017, prouvant l'arnaque du siècle, restent classées sans suite.

L'entier dossier comportant toutes les preuves irréfragables, reste à votre disposition. Vous comprendriez alors le niveau inégalé du traumatisme du peuple algérien, ainsi que la persistance de la flamme «hirakiste» quoique vous devez avoir un aperçu.

Croyez, Monsieur le Président de la République à mon déférent respect.

*Avocat