Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'orthophonie dans ses prolongements en recherches neuroscientiques, en lien avec l'économie

par Nacira Zellal*

Le monde de l'économie est basé sur la dichotomie : «pays exportateur» ou fort, producteur VS «pays importateur» ou faible, consommateur : «ou je produis et tu consommes ou c'est l'inverse : on ne peut pas être tous les deux producteurs ni tous les deux consommateurs».

Si l'homme produit sans un marché face à lui afin d'écouler son fruit, il disparaîtra et son produit avec du champ de la vie ; vivre c'est consommer, tout est économie, tout est Projet. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe à l'université : celui qui n'a pas de Projet lutte constamment pour sa survie, contraint de voler le produit d'autrui, car il est, de disparition menacé, constamment aussi.

L'homme normal ne supporte pas la dépendance d'un autre homme ; la dépendance crée la blessure affective et le complexe d'infériorité ; à l'inverse, l'équilibre produit la sérénité, le bonheur et la paix. L'équilibre c'est l'échange, dans un rapport d'égalité. C'est pourquoi, c'est l'ignorance qui produit la violence, l'injustice, la dépression, le stress, le traumatisme psychique, le choc face à l'innovation, bref, le symptôme social, qu'il s'agira, ensuite, de prendre en charge. Et c'est ce cercle vicieux-là qui réalise la crise et les symptômes socio-économiques.

Le lien entre le concept de neurosciences cognitives et ces préliminaires, peut être ainsi résumé : l'objet économique des deux termes de la binarité : « importation/exportation » c'est le fruit de l'«intelligence», objet scientifique de la psychologie cognitive et non de la psychologie sociale.

L'objet de la psychologie sociale c'est le symptôme (de l'échec cognitif), à prendre en charge et à soigner ; et c'est ce symptôme du mal social qui crée la dépendance du fruit du cognitif d'autrui et de l'importation.

1. Un symptôme ou «social humain» ou encore «comportement», on ne peut que le décrire ; en revanche, les neurosciences cognitives sont des sciences explicatives

Pourquoi décrire un symptôme si ce n'est pour le situer dans un ordre et en classer les traits diagnostiques ? Une thèse consiste à classer, à expliquer, à prévenir et/ou à prendre en charge le comportement compromis.

Tous les faits objet de recherches scientifiques (aphasiques, agronomiques, physiques, linguistiques, médicaux, orthophoniques, psychologiques, économiques, sociaux,...) sont approchés, à travers l'un de ses 04 angles d'attaque ; il n'y a donc pas 36 façons d'être scientifique et chercheur de thèses, de solutions.

Claude Bachelard a parlé de «l'esprit scientifique» au singulier : en effet donc, l'esprit scientifique est le même, quelle que soit la discipline considérée. On l'apprend au lycée à travers «l'étude de texte», exercice qui travaille l'esprit de synthèse, l'argumentation scientifique, qui aboutit à une thèse (qui sera exportable, échangeable). En effet, le stylo, la voiture, les légumes, l'avion,... achetés, c'est le fruit de l'intelligence humaine, du cognitif, bref, le résultat de thèses. En termes de recherches scientifiques : la plaquette de comprimés d'aspirine, solution à la migraine, c'est le fruit de la vérification d'hypothèses dans un laboratoire, qui deviendra objet pédagogique, toujours en progrès (hatta lellahd).

On parle aujourd'hui d'intelligence économique, d'intelligence industrielle et, tant l'Internet contribue au développement du e-business, d'intelligence artificielle.

Les neurosciences cognitives ou «sciences du cerveau et de la connaissance» (Edelman, 2008), intégrant ce raisonnement, sont des sciences explicatives : le comportement ou «social humain» est déterminé par les composants de l'intelligence, il faut donc rechercher les causes de ses déviances et de ses déficits, à l'intérieur du bagage cognitif : on soigne un mal à partir de sa cause : c'est l'étiologie en médecine. Sinon, pourquoi les thérapies cognitivo-comportementalistes l'emportent-elles donc, aujourd'hui, sur la psychanalyse ?

2. En synthèse, il existe donc «3 psychologies» : la psychologie «cognitive», ou celle du conscient et de l'intelligence, la psychologie «sociale» et la psychologie de «l'inconscient» ou psychanalyse.

En effet, les sciences de l'Homme enseignent que chaque individu est fait de deux registres : le registre volontaire et le registre automatique. Plus on a d'automatismes, plus on est intelligent. Les conduites automatiques deviennent presque inconscientes, comme lorsqu'on réalise, par exemple, un gâteau, sans faire attention aux mesures de ses ingrédients ou, lorsqu'on est «rôdé» en mathématiques ou en dissertation, on trouve la solution à plusieurs problèmes et on écrit un bon texte structuré en peu de temps.

Pour multiplier les automatismes, le volontaire est constamment développé. Apprendre toujours du neuf exige l'effort, l'éveil, l'assurance, la forte structuration temporo-spatiale, la conscience, la vigilance.

L'intérêt pour les lapsus signifiants et les rêves prémonitoires, deux notions qui relèvent des automatismes et qu'approche, pour accéder au psychisme, le psychanalyste, atteint ses limites dès lors que, dans ce monde de pragmatisme, de vigilance et de veille concurrentielle, sont convoqués sollicite la veille cognitive, la solide structuration temporo-spatiales et l'éveil. C'est pourquoi, laissant place au courant cognitiviste, la psychanalyse est devenue un courant évanescent.

Les neurosciences, intégrant les thérapies cognitivo-comportementalistes (TCC) et les sciences du conscient (geste, action, décision, comportement concurrent, langage, communication par le Net et interindividuelle), ont alors grand succès. Les colloques internationaux et les laboratoires de neuro + une (voire des) science(s), poussent dans le monde développé, comme des champignons, du fait de l'explication du comportement social, par le bagage cognitif, c'est-à-dire par le conscient. Si le jeune adolescent se drogue, c'est parce que ses perceptions lui dictent que ceci lui apporte bien-être et l'y conduisent, jusqu'à addiction. Seule une volonté perceptive, pourra l'en départir. Les TCC, dont l'orthophonie, neuroscience du langage, fait partie, agissent justement sur les perceptions, afin de modifier le comportement (voco-verbal, aphasique, suicidaire, ...).

Le conscient dessine l'affectif : on façonne sa relation et son comportement par rapport à autrui, comme on le perçoit. Autre exemple : «on décide d'ouvrir une porte, puis on l'ouvre : on n'ouvre pas la porte, puis on décide de l'ouvrir» : en sciences de gestion, des chapitres entiers sont consacrés aux notions de «décision, de risque».

C'est pourquoi le cognitivisme l'emporte, aujourd'hui, sur « les 2 autres psychologies » (psychologie sociale et psychanalyse). Les chercheurs se focalisent, d'une part sur l'explication (perceptive-cognitive-intellectuelle) du comportement, plutôt que sur sa description, sa sémiologie, objet de la psychologie sociale et, d'autre part, sur les sciences du langage, la communication, la pragmatique et le réel, plutôt que sur le rêve, objet d'observation de la psychanalyse.

3. En sciences humaines et sociales, neurosciences cognitives = neurolinguistique + neuropsychologie

En effet, la neurobiologie, elle, est développée dans des laboratoires de biologie et dans les hôpitaux. L'URNOP initie, à l'université d'Alger 2, l'intégration dans ses projets et ses cursus LMD des équipes de biologistes du comportement, qui sont des enseignants-chercheurs de l'USTHB, dont les recherches, à l'URNOP, affèrent, outre aux neuro-dégénérescences à l'origine des déficits de la mémoire, au stress et à la dyslexie.

Ainsi, le couple Neurolinguistique (ex. création de tests linguistiques théoriquement justifiés, travaux en acquisition-apprentissage) + neuropsychologie (ex. soin de l'aphasie et des troubles «dys») s'associent, aujourd'hui, à l'université d'Alger 2, à la neurobiologie, afin de créer les neurosciences tout court.

Et dernièrement, le professeur Bairi (qui, chercheur au Laboratoire de neurobiologie de l'université d'Annaba, a fait partie du jury de soutenance, le 22 mars 2018, du doctorat de Kacemi Salah dans le thème des effets du «MTA» numérisé, sur le soin de l'aphasie), a cosigné, comme l'a fait le Laboratoire de génie biomédical de l'université de Tlemcen du Pr Bereksi, une convention avec l'URNOP, dans le cadre du programme de doctorat LMD «Orthophonie-Neurosciences cognitives et E-Therapy ».

La pluridisciplinarité est donc de mise au sein de l'URNOP, entité de recherches aux 20 équipes, composées de linguistes, de médecins, d'orthophonistes, de psychologues cognitivistes, de biologistes, d'informaticiens et d'électroniciens, dont l'objectif est d'optimiser, en Algérie aussi, comme cela se fait aux exemples d'universités des pays exportateurs comme celles de Stanford et de Paris 6, la connaissance du cerveau et de ses fonctions cognitives, afin de prendre en charge valablement, c'est-à-dire de façon théoriquement justifiée par la recherche, le comportement compromis. Nous visons donc, au final, le développement de l'autonomie humaine, sans exclure la maîtrise des fondements de l'échec scolaire en Algérie, le tout, pour enseigner ces modules neuroscientifiques neufs, dans le LMD et proposer des solutions.

4. C'est l'orthophonie, qui crée les neurosciences cognitives en Algérie

Depuis l'Égypte ancienne, il a été découvert que l'intelligence est logée dans le cerveau, puisqu'une lésion cérébrale provoque une aphasie, une alexie, une amnésie, une apraxie ou une agnosie et le langage, la mémoire, l'exécution des gestes et les cognitions sont bien les composants de l'intelligence humaine.

Ceci veut dire que la vie n'est qu'un cycle qui se réitère : les neurosciences existaient déjà avant l'antiquité et elles reviennent aujourd'hui, fondées par le concept de pluridisciplinarité : jadis, le philosophe était médecin et physicien. Puis, les sciences se sont séparées et ont évolué indépendamment et aujourd'hui, je parle de neuropsycholinguistique, courant qui circonscrit justement formation et recherches en orthophonie.

Autrement dit, cloisonnées, les sciences ont atteint leurs limites et c'est la crise économique mondiale qui recrée les neurosciences depuis deux décennies, car, il faut davantage développer l'intelligence, en optimisant la connaissance de l'organe qui la loge, le cerveau, moyennant l'exploitation de toutes les sciences possibles et imaginables à la fois, en même temps et dans un minimum d'espace.

Sinon, comment demeurer les exportateurs du monde ? Telle est la question centrale des recherches neuroscientifiques en pays exportateurs. Les sous-questions coulent de source, dont les 02 principales, qui font la vie humaine, peuvent alors être résumées, en ces termes :

- Comment l'enfant acquiert-il la connaissance, de 0 à 06 ans ?

- Comment l'apprend-t-il de 06 ans jusqu'à la fin de la vie ?

Deux moments de la vie humaine, acquisition et apprentissage, que les psycholinguistes ont commencé à explorer et à créer, depuis les années 50-60.

L'enseignement de la psychologie a précédé, dans le monde entier, celui d'orthophonie, il date du 19e siècle. L'orthophonie est enseignée au sein des universités du monde exportateur, depuis les années 60 seulement. Pourquoi ? Parce que les thèses d'acquisition-apprentissages (nées en 50-60), expliquent les troubles d'acquisition-apprentissages et leur soin s'appelle «orthophonie». Ce sont les linguistes et non les psychologues qui ont créé les thèses d'acquisition-apprentissages. Ainsi, c'est l'orthophonie, dont la base est la psycholinguistique, formant le concept neuf, de neuropsycholinguistique, qui m'a permis de comprendre, dès les années 80, l'échec scolaire et d'écrire des articles en vue de justifier (comme à travers ceux de l'été 2015), l'arrêt de la gabegie, qui allait l'accentuer, si l'énigme de la «daridja» avait pu marcher.

La neuropsycholinguistique c'est l'étude, l'explication cognitivo -biologique du comportement le plus spécifiquement humain, le langage, principale fonction cognitive et de son soin, lorsqu'il est compromis.

La voix, qui matérialise le langage et le rend audible, crée deux spécialités orthophoniques, la phoniatrie et l'audiophonologie.

Ainsi, les pays exportateurs voient loin : ils sont conscients qu'une crise économique fera chuter toute civilisation et qu'après l'apogée, la courbe d'évolution redescend. Pour se maintenir forts, ils ont alors lancé, dès les années 50-60, les thèses du développement cognitivo-cérébral, sans exclure l'imagerie, les TIC ; les TICE,... bref, toutes les technologies sophistiquées, pour optimiser la connaissance du cerveau, lieu de l'intelligence, dont le fruit est exportable.

Et, pour demeurer exportateurs de leur fruit intellectuel, ces pays ont tout intérêt à bêtifier la société des pays ciblés comme marchés importateurs, telle est l'hypothèse de travail, créatrice des neurosciences cognitives, dans le monde moderne.

L'éducation et l'école en constituent le fer de lance. L'école algérienne, depuis la réforme des années 70, produit des cognitivement assistés et donc de futurs importateurs, incapables de créer des thèses exportables. Plusieurs conférences et articles l'expliquent, depuis les années 80 et le lien de l'école avec le critère économique, est repris au cours de ces dernières années, à travers plusieurs projets dont les résultats sont relatés dans le site l'URNOP, comme à travers les 02 exemples de vidéo-conférences : celle présentée en mars 2003, au service de pédopsychiatrie de l'hôpital d'Evry, lors de la mission de l'équipe algérienne du projet CMEP 01 MDU 535 : https://urnop-alger2.com/ et celle présentée en novembre 2014, à l'auditorium du campus de Bouzarréah, lors de la Semaine du Projet CMEP 13MDU902 avec Paris 8 : http:// video.urnop-alger2.com/.

En conclusion

Signalons le fait que si, aujourd'hui, en Algérie, le métier d'orthophoniste est en train de dépasser de loin, celui du psychologue, surtout en secteur libéral, lieu où se cristallise la vraie compétence, c'est du fait que le soin orthophonique est théoriquement justifié : il a ses fondements, qui sont validés par la confrontation internationale et la publication dans des éditions comme Wiley-Blackwell et Direct Science de la thèse thérapeutique, cognitivo-comportementaliste, évaluée en 1986 à Paris 3, par un jury justement pluridisciplinaire, composé du neurologue, du psychologue, du sémiticien, du phonéticien et du linguiste (thèse publiée dans le site de l'URNOP et Traité d'orthophonie bientôt en vente à l'OPU, paru en ce janvier 2020). Mes étudiants, qui sont encore en 2ème année de master de «Neurosciences cognitives» touchent deux fois et l'une de mes thésardes en doctorat de «Neurosciences cognitives et E-Therapy » sept fois mon salaire. Bien mené, l'exercice orthophonique neuroscientifique est donc plus rémunérant que celui du dentiste, du médecin et du pharmacien.

Mon élève, que j'ai faite enseignante, au lieu de s'y inscrire pour apprendre, a été utilisée, l'an passé, pour tenter de me dérober ce master, afin de le tuer, objet de l'enquête ministérielle en cours et mes assistants du département que j'ai créé, en complicité avec des psychosociologues, ont bloqué de 2012 à 2016, ce doctorat LMD (programmes en ligne).

Tous les sabotages en série des neurosciences cognitives visent donc à maintenir l'Algérie dans le statut de pays importateur. Cependant, nous parvenons à les créer et à les enseigner, car l'URNOP échappe aux mains ennemies du progrès et elle exporte même son LMD, première une, depuis l'indépendance.

*Professeur