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En l'absence d'un contrôle strict et rigoureux: Des dépôts de produits dangereux et toxiques en plein tissu urbain

par S.M.

  Des dépôts de produits dangereux et extrêmement nocifs pour la santé se sont installés un peu partout en plein tissu urbain de la ville sans que les services concernés par la régulation de l'activité commerciale n'interviennent pour prévenir l'irréparable.

Il y a quelques jours seulement, un dépôt de pneus avait pris feu au boulevard du Millénium causant de graves dégâts matériels. La Protection civile a mobilisé 71 sapeurs-pompiers et une quinzaine de véhicules pour venir à bout de cet incendie qui menaçait les habitations avoisinantes. Un nuage de fumée noire et toxique provoquée par la calcination des pneus a enveloppé tous les quartiers environnants. La fumée était visible dans toute la zone orientale de la ville et même dans certaines localités périphériques à l'exemple de Sidi El Bachir et Douar Belgaïd. Ce énième incident relance le débat sur l'implantation en plein tissu urbain d'activités dangereuses pour la santé des habitants. Qui a donné l'autorisation pour l'installation de dépôts de produits dangereux à l'intérieur du tissu urbain ? Outre les dépôts de produits toxiques, des unités industrielles et des stations de lavage et de vidange hautement polluantes prolifèrent en plein tissu urbain. Des produits hautement toxiques (huiles industrielles, produits chimiques, acides de batteries...) sont déversés dans le réseau d'assainissement de la ville. Il existe ainsi plus de 2.000 stations de lavage qui activent légalement ou illégalement sur le territoire de la wilaya.

Les campagnes périodiques de contrôle des unités industrielles implantées à l'intérieur du tissu urbain avaient permis aux contrôleurs de déceler de graves atteintes à l'environnement commises par les propriétaires, notamment le déversement de produits nocifs dans le réseau d'assainissement et les eaux de la Sebkha. Ces infractions sont liées principalement au rejet des déchets dans des espaces hors décharges publiques.

Il s'agit, le plus souvent, de rejets par les entreprises, publiques comme privées, hors zones réglementées. S'ajoutent d'autres infractions relatives au non préservation de l'environnement.

Les responsables de la Station de traitement et d'épuration (STEP) d'El Kerma avaient été les premiers à tirer la sonnette d'alarme. Le rejet des effluents industriels dans le réseau unitaire de collecte des eaux usées menace la STEP d'El Kerma. Cette méga station conçue initialement pour le traitement des eaux usées domestiques par voie biologique n'est pas équipée pour la prise en charge des effluents industriels. Le traitement des eaux résiduaires industrielles est, en fait, un problème compliqué aux multiples facettes qui requiert des solutions complexes et implique un grand nombre d'acteurs et une coordination entre les pollueurs et les responsables de la STEP. Le principal problème des effluents industriels est qu'ils sont propres à chaque industrie et par conséquent, il est nécessaire d'adapter les processus de traitement des eaux à chaque industrie. Ces eaux contiennent souvent une grande diversité de polluants, notamment des polluants chimiques à l'état solide ou dissous. Les descentes des ingénieurs de cette station menées dans les usines de la daïra d'Es-Senia pour sensibiliser les gérants sur la nécessité du prétraitement des eaux industrielles avant de les rejeter dans le réseau de collecte des eaux usées avaient révélé que la quasi-totalité de ces entités rejettent les eaux polluées sans aucun prétraitement.