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Aramco, c’est parti !

par Akram Belkaïd, Paris

C’est donc ce mercredi que la compagnie pétrolière Aramco doit faire son entrée sur le marché Tadawul, la Bourse de Riyad. Le prix d’introduction a été fixé à 32 rials soit l’équivalent de 8,53 dollars. Cela correspond au haut de la fourchette fixée par la compagnie et cela veut dire que les dirigeants de l’entreprise anticipent une forte demande dès la première cotation. Autrement dit, l’action Aramco devrait, sauf grande surprise, décoller dès les premiers échanges. Au total, cette «Initial public offering» (IPO) doit permettre à Aramco de lever 25,6 milliards de dollars soit plus que les 25 milliards de dollars levée par le géant du commerce électronique chinois Alibaba (25 milliards de dollars en 2014).
 
Grosse demande
 
Au total, l’action à 8,53 dollars valorise la compagnie à 1700 milliards de dollars. On est loin du montant 2000 milliards de dollars avancé par le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS) mais il faut attendre quelques semaines avant d’avoir une idée définitive de la valorisation de l’entreprise par le marché. A ce sujet, on ne répétera jamais assez qu’il s’agit de la Bourse saoudienne et que, d’une certaine manière, les critères sont quelque peu faussés. Il aurait été plus intéressant de connaître la valorisation du géant pétrolier par des marchés comme la Bourse de New York ou celle de Londres. Une perspective écartée par les dirigeants saoudiens pour qui Tadawul offre un environnement plus rassurant car plus commode en matière d’exigence de transparence.

Quoi qu’il en soit, les investisseurs saoudiens se bousculent. L’IPO a été sursouscrite près de cinq fois, c’est-à-dire qu’il avait cinq fois plus de demande d’actions Aramco que d’offre. Comme c’est toujours le cas dans ce genre d’introduction en Bourse, il existe ce que l’on existe un «green shoe» ou une surallocation qui permet d’introduire un plus grand nombre de titres afin de répondre, en partie, à la demande. Pour Aramco, 450 millions d’actions supplémentaires devraient être proposées ce qui permettra une levée totale de 29,4 milliards de dollars. Un record.
 
Quelle diversification ?
 
Désormais, une question majeure se pose. Que va faire le pouvoir saoudien de tout cet argent ? Quand une compagnie privée ouvre son capital, c’est pouvoir se développer. Dans le cas d’Aramco, l’argent est censé aider à la diversification de l’économie saoudienne. Comment ? Aucune annonce concrète n’a été faite en ce sens. Pour certains observateurs, le risque est grand de voir ces fonds contribuer à équilibrer les finances du pays, malmenées par la baisse des cours de l’or noir et par le coût de la guerre au Yémen.

D’autres experts craignent des dépenses improductives consacrées à des projets clinquants mais n’ayant aucune rentabilité durable. La liste de ce genre d’« éléphants blancs» est longue : ville technologique «zéro carbone», cité du numérique, centre pour jeunes pousses («start-up»). Il faudra donc suivre de près la manière dont l’économie saoudienne va évoluer. Sera-t-elle capable de créer les millions d’emplois attendus par une jeunesse en jachère ? L’argent est là, reste à savoir comment le dépenser. Et, au passage, l’Algérie pourra suivre cette expérience car la diversification économique n’est pas un défi réservé à l’Arabie saoudite.