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Le pouvoir financier juif américain : Les prédictions de Jacques Attali (Suite et fin)

par Medjdoub Hamed*

Depuis 1913, date de la création de la FED, il y a eu 11 gouverneurs juifs sur 14 gouverneurs nommés par la Maison Blanche. La douzième gouverneure (une femme), Janet Yellen, prendra ses fonctions en février 2014. Le pouvoir financier comme le lobby juif ne savent pas que la «relation pétrole-dollar» n'est qu'une facilité trompeuse d'acquérir des richesses sans «travail» alors qu'en réalité elle contribue à détruire insidieusement l'industrie de l'Occident, par son transfert vers d'autres cieux qui en demandent.

Le problème est que si le pouvoir financier juif est aveugle, l'Occident l'est tout autant, comme d'ailleurs tous ceux qui ont la charge de l'économie. Force est de dire que, malgré le progrès, le développement du monde, l'âge de l'atome et l'Internet, le monde vit encore dans un «esprit de domination dépassé» qui est en train de se reléguer doucement mais sûrement à «l'Histoire».

S'il en est ainsi, il reste à saisir cette persistance passée du pouvoir financier juif en Amérique et en Europe au XXe et, aujourd'hui encore, en ce début de XXIe siècle. A vrai dire, les Juifs ont toujours rempli un rôle multiséculaire malgré la création de l'Etat d'Israël, en 1948, ce qui a certainement une «raison historique». Mais laquelle, doit-on s'interroger ? Si l'on regarde aujourd'hui l'ascension des puissances émergentes qui ont bénéficié des liquidités internationales en livre sterling, en yen, en euro et surtout en dollar, on constate que non seulement les injections monétaires ont eu un effet dopant sur leurs économies, mais la compétitivité aidant, due au bas coût de leur main-d'œuvre qui a déséquilibré les échanges internationaux, a amené l'Occident à se défaire d'une grande partie de son industrie au profit de ces pays devenus des «pays émergents». En d'autres termes, les liquidités internationales occidentales (dollars, yen, etc.) qui ont inondé ces pays et les délocalisations d'entreprises occidentales ont eu un effet bénéfique pour les pays du reste du monde. Et cela grâce à la persévérance du pouvoir financier juif aux États-Unis et en Europe, obnubilé par la domination monétaire, sans prendre en considération que ces pays, après rattrapage, pourraient s'émanciper de l'Occident même de sa monnaie, en créant leurs propres monnaies internationales. Donc le pouvoir financier juif américain a été en fin de compte «positif», puisqu'il a concouru dans l'équilibre économique de toutes les régions du monde. Un véritable prodige du temps ! Un pouvoir financier, devenu un «instrument de l'Histoire».

Si, aujourd'hui, le pouvoir financier juif, aux États-Unis, tente de gagner du temps en injectant de plus en plus de liquidités, en entraînant l'Europe et le Japon dans la «duplication monétaire» dans l'espoir de redémarrer la machine économique occidentale, des éclaircies certes se constatent ça et là. C'est encore positif, mais la crise véritable ne saurait ni ne pourrait être surmontée. Un processus de compte à rebours s'est enclenché aujourd'hui, et doit aller à son terme.

4. Les prédictions de Jacques Attali

Aussi peut-on dire, comme l'a déjà prédit Jacques Attali, dans son livre «Demain, qui gouvernera le monde»: «L'humanité n'a aucun moyen de contrôler globalement les masses monétaires émises par les nations, en particulier par la Banque centrale américaine. Celle-ci pourrait d'ailleurs faire faillite en cas de perte de confiance des prêteurs, avec des conséquences tragiques pour l'humanité entière, sans que nul n'y puisse quoi que ce soit.» Et ce qu'il a dit dans un ton prémonitoire et très explicite sur l'avenir du pouvoir financier juif américain, il faut le lire dans l'interview qu'il a donnée dans l'Express du 10/01/2002, sur son livre «Les Juifs, les chrétiens et l'argent».

«Jacques Attali: «Les Juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire», propos recueillis par Eric Conan

E. Conan : Sous cette formulation générale - «Les Juifs, le monde et l'argent» - le thème de votre nouveau livre relevait jusqu'ici plutôt de la rhétorique antisémite...

J. Attali : Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de fondé dans tout ce qui était raconté, y compris le pire, sur le rapport des Juifs au monde et à l'argent. J'ai voulu aborder cette question de front, avec franchise et honnêteté, à travers une longue enquête historique, et ma conclusion est que les Juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire.

[...]

E.Conan : C'est à cette époque que débute une phase heureuse de complémentarité avec la puissance grecque : les Juifs semblent mieux réussir leur exil que leur royaume ?

J. Attali : C'est clair ! Parce que l'identité juive est d'abord nomade. Babylone et Alexandrie, qui sont au IIIe siècle avant notre ère les capitales de l'économie mondiale, fonctionnent grâce au savoir et au commerce des marchands lettrés juifs. Ils acquièrent progressivement une compétence et une légitimité fondées sur la confiance et sur des techniques financières et commerciales efficaces. Ils y inventeront en particulier le chèque, le billet à ordre, la lettre de change. Cela n'empêchera pas l'apparition, à Alexandrie, d'un anti-judaïsme pré-chrétien.

[...]

E. Conan: S'ouvre ensuite une nouvelle et longue ère heureuse de complémentarité avec les musulmans: les califes ne recrutent leurs conseillers et experts économiques que parmi les Juifs.

J. Attali: Cela tient à une nécessité : il y a dans l'islam la même interdiction du prêt à intérêt que chez les chrétiens. Et les Juifs sont parmi les rares à savoir lire et écrire. Ils sont donc les seuls capables d'organiser ces prêts, dont l'économie commence alors à avoir besoin : les marchands lettrés juifs constituent même le seul réseau mondial de courtiers, de commerçants et de changeurs. Tout en relevant d'un statut humiliant -selon la «dhimmitude» du Coran, on protège un «inférieur»- la compétence juive s'impose très vite. Le ministre des Finances du troisième calife, à Damas, est juif ! C'est l'apparition d'un nouveau personnage: le Juif de cour, qui n'existait pas sous l'Empire romain. Mais cette élite aspirée vers le haut ne constitue qu'une infime minorité du peuple juif, essentiellement composé d'artisans, de paysans, de vignerons, de marins, de commerçants, qui vivent dans l'angoisse des conséquences possibles de la jalousie que peuvent susciter ceux d'en haut.

E. Conan: Pourquoi cette spécialisation économique se reproduit-elle de manière beaucoup plus tragique tout au long du Moyen Age européen ?

J. Attali : Avec le déclin de Bagdad, le centre de gravité se déplace vers l'Europe. Le continent souffre d'un manque de monnaie métallique : il n'y a pas assez d'or et d'argent pour assurer les transactions. Vers l'an mille, il n'y a guère plus de 150.000 juifs en Europe, qui, pendant trois siècles, se retrouvent dans la situation extraordinaire d'être les seuls à avoir le droit de faire des prêts alors que le besoin d'argent est considérable. C'est d'ailleurs l'une des rares activités qui leur sont autorisées au milieu d'un océan d'interdictions professionnelles. Mais c'est aussi une obligation : souvent, une communauté n'est tolérée dans une ville que si elle accepte d'assurer ce service. Les Juifs, tous les Juifs, vont donc jouer le rôle de prêteurs ; les paysans, bouchers, et artisans juifs sont aussi prêteurs. Ce sont en général des prêts entre voisins. Dans l'Europe du Sud, cela se passe parfois très bien. Ils sont utiles et les chrétiens le reconnaissent. Mais à cette époque se constituent aussi les Etats ; les souverains vont, à leur tour, recourir aux prêteurs juifs, forcés de leur prêter pour tout, même pour financer les guerres et les croisades.

E. Conan: Les rabbins ne mettent-ils pas en garde contre le développement de cette spécialisation sociale très piégée ?

J. Attali: Il y a de grands débats. Certains sages considèrent que prêter aux non-Juifs est un devoir, pour les aider à s'enrichir. D'autres s'inquiètent de voir les Juifs prendre le risque d'être haïs pour services rendus. Et c'est ce qui arrive : quand cela va mal - à cause d'épidémies ou de mauvaises récoltes - et que l'on ne peut plus rembourser, paysans et princes trouvent une raison de se fâcher avec les Juifs. «Juif» devient synonyme d'«usurier». Ils font alors l'objet de racket, doivent payer pour tous les actes de la vie quotidienne, sous l'éternelle menace d'expulsion. D'où un cycle infini de périodes de calme suivies d'épisodes violents de pillages, de destructions de communautés.

[...]

Ni le nomadisme ni la finance ne sont plus des spécialités juives

E. Conan: En conclusion, vous dressez, à l'heure de la mondialisation, le constat de la fin de ce rôle multiséculaire des Juifs : on n'a plus besoin d'eux ?

J. Attali : Le rôle principal des Juifs, pendant trois mille ans, fut celui du nomade, dont le sédentaire a besoin pour entretenir les contacts avec l'extérieur. Mais quand, avec la mondialisation, tout le monde devient nomade, il n'y a plus besoin de ces nomades-là ! C'est nouveau et très récent, à tel point qu'en Israël les nouvelles élites sont elles-mêmes nomades à l'égard de l'Etat juif. Un autre rôle attend sans doute le peuple du Livre, avant-garde du nomadisme.»

Ainsi, ni Janet Yellen, la future gouverneure de la FED, ni toute autre personnalité juive ne changeront le cours de l'Histoire. Le cours de l'Histoire du monde est déjà tracé. Et on peut répondre à Jacques Attali : «Quand avec la mondialisation, tout le monde devient nomade et tout le monde prend l'habit du pouvoir financier juif (issu de la diaspora), il n'y a plus de nomadisme. Le pouvoir financier juif aura alors terminé son rôle multiséculaire. Il l'aura terminé en prenant sans qu'il le sache de l'Occident pour le donner à un Orient qui lui aussi se transformera en un autre Occident.» Un déclin occidental auquel a contribué le pouvoir financier juif, mais qui entrait dans les «Nécessités de l'Histoire».

Tel peut être compris le rôle herméneutique du pouvoir financier juif dans la marche de ces soixante dernières années d'histoire.

Notes:

1. «L'incroyable destinée du dollar, de l'euro, de la livre sterling et du yen dans les destinées du monde», par Medjdoub hamed

https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/l-incroyable-destinee-du-dollar-de-143013

2. «Un marché transatlantique, sans le règlement de la crise syrienne et israélo-palestinienne, condamnée à n'être qu'une funeste chimère», par Medjdoub hamed https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-marche-transatlantique-sans-le-143242

*Auteur et chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective.