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Le FMI : mauvais docteur financier

par Benallal Mohamed*

«Les démagogues font autant mieux leurs affaires qu'ils ont jeté leur pays dans la discorde», Esope

C'est bien triste comme c'est tout à fait normal, le principe fait que les dépenses suivent la croissance, de nouveaux besoins qui se développent à partir de la croissance du taux démographique et dans l'état actuel, l'Etat n'a plus beaucoup de sous dans sa caisse ou dans ces réserves constitués par la rente pétrolière car il n'existe pas de valeur ajoutée en dehors de la rente et l'existant a été spolié par de véritables faux politiciens et vrais prédateurs. Cet état de fait s'appelle le détournement de l'équilibre en déficit.

Malgré tous les impôts récoltés des poches des agents économiques, exception faite des oligarques prédateurs, les recettes recouvrées se limitent juste à la consommation ; cette dernière prend du recul faute à la baisse du pouvoir d'achat et à la population active qui n'arrive pas à vaincre en nombre les chômeurs. Pour cela il est recommandé à ce que l'Etat pense de nouveau à emprunter pour financer ses dépenses courantes. Cet état factuel semblable à la situation que nous avions vécue en 1985 où la dette s'est élevée à plus de 30 milliards de dollars, dont les intérêts sur sa dette font bien plus peur que son remboursement. Et comme la valeur ajoutée du pays est minable, l'accumulation du capital est négative, par conséquent il faut que l'Etat emprunte de nouveau pour rembourser ses emprunts qui arrivent à échéance et le cercle vicieux prend sa forme, alors l'obligation nécessite de faire appel par S.O.S, à un secours au docteur financier «FMI» dont ces boys de Chicago, bien expérimentés et élevés par une éducation d'ultralibéralisme basée sur la théorie de l'expert en économie Milton Friedman.

Je le radote presque souvent : nous courons à la crise budgétaire, à la crise économique, à la crise financière à et enfin à la crise sociale dérivée de la crise culturelle et existentielle. Il existe plusieurs issues pour faire face à cette situation. La seule chose retenue comme une éventualité porteuse de bien qui permet de sauver le pays, ce sont les taux d'intérêts trafiqués à la baisse (spéculation) sinon retrancher les manches et que le travail productif se mette en marche, à produire une plus-value prometteuse permettant de faire le remboursement des dettes. Une austérité est recommandée pour dire adieu aux bananes, aux kiwis et aux autres biens ostentatoires ; l'investissement doit revenir comme aux années de l'âge d'or, la seule et unique solution est d'investir plus public avant tout et mettre en place une vision d'avenir où le couple public et privé s'engage sous une seule optique, celle de créer de la richesse, que de la richesse et rien que la richesse ; qu'importe que le chat soit blanc ou noir comme disent les Chinois. Refaire l'expérience de 1988 est ridicule et insensée sinon ça serait un suicide suivi d'une mort lente de la société. Toute les dépenses publiques, privées et cette mainmise de l'Etat sur l'économie doit obligatoirement créer de la richesse ? Contrairement à cela le staff politique proclame son impuissance avant que le cataclysme ne nous emmène vers l'inconnu et ce qui a été opéré depuis le 22 février 2019.

L'Algérie est très riche par ses ressources naturelles très diversifiées, par sa jeunesse quant à la création de la richesse, elle est parmi les plus pauvres au monde faute à une mauvaise gouvernance basée par le népotisme et la corruption qui avantagent plus l'incompétence et la médiocrité. Un cas de figure qui nous amène à une simple question : si on emprunte de l'argent des institutions financières extérieures qu'elles créent (à partir de rien), mais qu'elles nous demandent ensuite de rembourser à des intérêts que ni eux, ni nous, n'avons créés : Dans ce cas, comment rembourser, sans devoir réemprunter à nouveau ?...Il est grand temps que la fête des prédateurs s'arrête, vous ne croyez pas ? La souveraineté algérienne est donc largement devenue sans que l'on s'en rende compte, une vaste illusion car celui qui donne ordonne, et Rothschild, ce fondateur de la dynastie de l'empire de la haute finance, avait bien dit «Donnez-moi le contrôle de la monnaie et je me passerais de ceux qui font les lois». Ceci est valable aussi chez nous dans notre petit contexte microéconomique ou ceux qui se nomment «s'hab chkara» piétinent les lois de la république par le biais de la corruption et la malversation. Au fait, il y a aussi l'or que l'on oublie et qui appartient aux Algériens. L'or et les avoirs algériens sont détenus par la Banque d'Algérie et une partie est probablement swappée pour mieux facilité la prédation.

Pour faire face à cette situation désastreuse, il y a eu une brillante idée géniale, parait-il, pour ceux qui veulent du bien au pays. Puisque les investisseurs étrangers ne veulent plus de la dette d'un pays dit, ledit pays achète, investit son épargne pour soutenir l'effort national et lutter en même temps contre les «spéculateurs» «s'hab schkara».

Par conséquent et en résumé, l'idée biaisée d'un emprunt d'Etat à souscription obligatoire. Rappelons que ce dit pays pris en exemple doit lever par tout moyen l'année prochaine X milliards de dinars dont X-Y milliards de dinars de refinancement de sa dette existante. C'est tout à fait le genre d'idée que nos trésoriers de l'Etat lorsqu'ils se sentent acculés lorsque la rente s'amenuise et les revenues deviennent très rares. Le risque est énorme. L'Algérie est si grande qu'elle représente une menace systémique de régence pour l'ensemble de sa population.

Face à tous cela et bien d'autres interrogations non illustrées, la vraie question n'est pas de savoir qui on taxe car seuls les travailleurs payent l'impôt, s'il faut un emprunt national que seules les petites bourses alimentent par leur minuscules épargnes. La vraie question, soigneusement éludée, ce qui arrange bien le mauvais personnel politique, est celle de ce mauvais rôle de l'Etat via un pouvoir et un régime despotique et népotique que le «hirak» veut en finir pour toujours avec.

La question qui se pose dans le fond, doit-on régenter l'économie seulement ? Visiblement, ce n'est pas la voie de la prospérité, il faut révolutionner le système et non le reformer par des institutions légitimes, efficaces, rentables et la séparation des pouvoirs par des faits; tous cela régi par le droit et la liberté d'entreprendre car sans une opération main propre bien coordonnée, elle ne risque pas d'effacer la formule «hadj moussa» au contraire elle laissera toujours le fauteuil à «moussa hadj». L'opération mains propres que l'état-major de l'ANP (armée nationale populaire) algérienne vient de déclencher est plus que nécessaire pour mieux mener la transition démocratique sans aucun contretemps. Certes, la position de l'état-major est difficile, compliquée et incompréhensible, comme hier, il a su battre le colonialisme français, dans un passé récent, il a su moissonner le terrorisme, aujourd'hui il devrait triompher face à la corruption et la déliquescence de ce système. C'est pourquoi la position très délicate de l'état-major a permis de faire valoir les raisons de toutes attaques que le chef d'état-major essuie sur les opérations concernant la lutte contre la corruption.

Il avait bien dit que l'armée accompagne le «hirak» contre la lutte contre la corruption pour balayer la route vers le changement du système, car le plus grand danger de ce changement pour aller vers la transition démocratique est bien cet argent très sale dilapidé qui peut influer négativement sur le processus de transformation. L'emprisonnement des oligarques permet d'éliminer la menace tout en actionnant la mesure et à titre conservatoire de geler tous les avoirs et récupérer tout le patrimoine au profit de l'Etat, le tout en assurant le fonctionnement normal de l'outil de production des institutions étatiques, par conséquent cette gigantesque tâche est focalisé sur le chef de l'état-major qui est devenu la cible des oligarques et surtout de leurs réseaux qui n'ont pas encore été inquiétés, tant que les enquêtes sont en cours, le temps est devenu très précieux, un retard dans le temps peut compromettre la transition, le vide constitutionnel laissera la porte ouverte aux dérives politiques et mettra le «hirak» face à l'armée et bonjour les dégâts «pour l'armée, peuple khawa khawa» ce qui provoquera probablement des troubles et risque la remise en cause de l'opération main propre par une amnistie favorable aux oligarques. C'est l'objectif recherché par les prédateurs.

Par conséquent, qu'attendez-vous de l'Etat actuel alors qu'il règle tous vos problèmes ou bien qu'il assure la stricte égalité de chacun devant la loi ? Vous me direz encore faut-il que la loi soit consacrée à protéger la liberté et la propriété des individus même les plus modestes. Les lois d'aujourd'hui faites par l'oligarchie se consacrent plutôt à organiser les prébendes des uns (riches) au détriment des autres (pauvres). Sans l'opération main propre, et tout en attendant que le jour de la faillite oblige la classe politique à répondre à ces questions, évitez de confier votre épargne à l'Etat et acharnez-vous à vous créer par une valeur ajoutée des sources de revenus qui n'en dépendent pas et qui ne dépendent pas des impôts des autres, mais de votre sueur et votre génie. Alors enrichissez-vous «hallal liyenne» comme font les Chinois actuellement.

*Ancien cadre