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Les banques, encore et toujours

par Akram Belkaïd, Paris

L’étude, publiée mardi 22 octobre, fait grand bruit. Selon le cabinet conseil McKinsey, une crise financière pourrait provoquer la disparition d’un grand nombre de banques. En analysant la situation de 984 établissements, il a ainsi établi que le tiers d’entre-elles pourraient cesser leurs activités en raison d’une faible rentabilité. Une faiblesse qui les rendrait vulnérables à toute onde de choc. Dans cette étude, les 354 banques concernées se répartissent principalement entre l’Europe de l’Ouest (37%) et l’Asie développée (43%).

Taux faibles

Pourquoi ces banques feraient-elles faillite en cas de grande crise ? Le raisonnement est simple. Dans le contexte actuel de taux faibles pour ne pas dire nuls, ces établissements sont obligés d’accorder de nombreux crédits pour maintenir leurs revenus à un niveau acceptable (si les taux sont bas, il faut plus de clients afin d’avoir plus de revenus liés aux crédits accordés). Si jamais la conjoncture se retourne et qu’un grain de sable fait dérailler le système financier, on peut craindre qu’une partie des endettés ne puissent faire face à leurs obligations. C’est ainsi que se déclenche une crise bancaire systémique… On touche là, une nouvelle fois, aux défis imposés par les politiques monétaires plus qu’accommodantes. Cela fait plusieurs années que les banques centrales font en sorte que les taux d’intérêts soient au plus bas et que la liquidité des banques soit assurée. Ces derniers temps on a même vu réapparaitre les débats à propos de la nécessité de relancer la consommation des ménages par des mesures incitatives en matière d’endettement.

Des banquiers très sérieux ont aussi évoqué l’habituelle image de l’argent distribué gratuitement par hélicoptères au dessus des maisons...

Une image que l’ancien président de la Réserve fédérale (Fed) Ben Bernanke avait cité dans ses travaux ce qui lui avait valu le surnom d’« helicopter man ». Récemment encore, en Europe, une rumeur a alimenté les passions : la Banque centrale européenne (BCE) se préparerait à envoyer un chèque à chaque ménage européen. L’objectif, doper les achats de fin d’année. Bien entendu, il s’agit d’une « fake news » mais on aura compris l’idée.

Comment sortir de cette nasse où les taux d’intérêts faibles alimentent des bulles spéculatives et mettent en danger la santé financière de plusieurs établissements ? Personne n’a la réponse. Aux États-Unis, la Fed est tentée par une remontée des taux, ce qui lui vaut la colère du président Donald Trump qui affirme que cela ne fera que ralentir l’économie. En Europe, la BCE garde le cap des politiques accommodantes au risque d’aggraver le surplus de liquidités qui circulent sur le marché.

Un bilan contesté

Ce jeudi, Mario Draghi présidera la dernière réunion du conseil des gouverneurs de la BCE. Signe des temps, son départ et son remplacement par Christine Lagarde, ancienne directrice générale du Fonds monétaire international, se fera dans une ambiance morose. Ses critiques lui reprochent notamment le fait que les épargnants européens perdent beaucoup à cause de la faiblesse des taux cela sans oublier les 2.400 milliards d’euros dépensés pour racheter les actifs des banques afin d’entretenir la liquidité du marché.

Des actifs dont la valeur sera, très certainement, dépréciée en cas de trou d’air. Autrement dit, l’un des piliers mondiaux du système financier international est aujourd’hui divisé et l’on peut se demander quelle sera son efficacité quand la crise viendra. Car elle finit toujours par venir.