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Tlemcen: Une rentrée difficile pour tout le monde

par Khaled Boumediene

  Vent, orage, pluie, embouteillages. La saison estivale est bel et bien terminée. A Tlemcen comme dans beaucoup d'autres villes du pays, la pluie, qui est tombée en abondance notamment au sud de la wilaya, est très souvent synonyme d'embouteillages, de mauvaise humeur et de morosité. Dans les forêts de Tlemcen, Zarifet, Béni-snous, Aïn Ghoraba, Marsa Ben M'hidi, Bider, Sidna Youchaâ, Bab El-Assa et Honaïne, les chants des cigales se sont éteints et les températures fraîches de l'automne commencent déjà à faire leur incursion. Même si certains estivants n'ont pas encore rangé leurs maillots et serviettes et profitent encore de leurs vacances sur la côte, la plupart d'entre eux sont rentrés chez eux. A Tlemcen, les accès sont tous les matins saturés et les embouteillages se multiplient à l'intérieur du centre-ville. Tout le monde est unanime : le plan de circulation doit être revu le plus vite possible si l'on veut éviter la saturation quotidienne du trafic dans les axes principaux de plusieurs secteurs de la ville.

Cette année, beaucoup de personnes ont le moral en berne à cause de leur pouvoir d'achat qui n'arrive plus à satisfaire leur besoin familial. Ajouté à cela, le retard mis dans le paiement des salaires des dizaines de travailleurs par les entreprises privées du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH), qui sont elles aussi au bord de l'asphyxie. Certains chefs d'entreprises qui n'ont pas résisté aux conséquences de la situation politique, ont même mis la clé sous le paillasson à cause surtout de la dégradation de leur plan de charge, la régression vertigineuse des projets et les lourdes charges fiscales et parafiscales. Les commerces ont également subi un sérieux coup. Par ailleurs, les 400 travailleurs de Sitel (une société de télécommunications), qui ont observé récemment un sit-in devant le parvis de leur direction générale pour exiger le renouvellement de leur contrat de travail et le paiement de leur salaire, ont éprouvé moult difficultés pour affronter le coût de la rentrée 2019-2020 et garantir à leurs enfants une scolarité normale. Idem pour les souscripteurs du programme location-vente de 2013 (AADL 2), pour qui la rentrée n'a pas été de tout repos, car ils ont été invités par cette agence à retirer leur ordre de versement concernant la troisième tranche, ce qui a alourdi le budget de ces familles lors de cette rentrée. Si la prime de solidarité scolaire qui est passée cette année de 3.000 à 5.000 dinars a mis du baume dans le cœur des parents d'élèves nécessiteux pour les aider à supporter le coût de la rentrée, le retard mis dans la concrétisation de cette mesure d'accompagnement a quelque peu gâché cette bonne initiative.

Les familles ont parcouru toutes les librairies et magasins à la recherche de prix attractifs pour les fournitures scolaires et habillements. D'autres ménages, qui n'ont pas bénéficié à temps de la prime de solidarité, ont été contraints à recourir à des astuces. La plupart des pères de familles ont mis plus la main à la poche à cause des prix des fournitures scolaires qui ont connu cette année une forte augmentation. Selon un père de famille dont les trois enfants sont au CEM de Kiffane (Tlemcen) : «la rentrée coûte trop cher. Forcément, si on achète de nouvelles chaussures aux enfants chaque année, c'est compliqué. Mes enfants vont aussi garder tout ce qu'ils n'ont pas utilisé l'année dernière, y compris les affaires scolaires usagées, comme les cartables et les calculatrices», souligne-t-il. Pour faire baisser les prix, certaines familles ont acheté des listes déjà constituées telles les packs «tout-en-un», proposés par certains libraires. Il faut saluer, dans ce cadre, le conseil de l'association caritative «Souboul El Kheirat» et le groupe «Dennouni Abdelmadjid» qui financent des kits de fournitures scolaires aux enfants de familles démunies.