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Presque achevé mais non encore équipé: La reconversion de l'ex-Palais des congrès en centre culturel traîne toujours

par H.S.

  Après le Châteauneuf, le Palais des congrès est l'équipement public inachevé le plus vieux de la cité. Du moins à l'échelle des projets d'envergure qui crèvent les yeux de par leur consistance physique et leur gâchis financier.

Toutes proportions gardées, si l'ex-hôtel Châteauneuf érigé près de la forteresse espagnole Roza Alcazar et du palais ottoman Qasr El-Bey est la bêtise architecturale des années 80 dans la carte postale d'Oran, l'ex-Palais des congrès, implanté à l'orée de la cité-dortoir de Haï Es-Sabah, est son équivalent des années 90. Plusieurs points communs existent entre les deux. Dans le fond et dans la forme. A commencer par le préfixe ex-. Hôtel sur papier et en carton maquette, Châteauneuf ne servira jamais en tant que tel -quand il sera achevé et mis en service, on voudrait bien le croire cette foi-ci- puisqu'on lui a trouvé, 35 ans plus tard, une tout autre vocation. Qui ne lui va pas du tout d'ailleurs, structurellement et architecturalement parlant, siège de la mairie en l'occurrence. Palais des congrès censé, comme son nom le suggère, abriter des rendez-vous politiques, économiques et scientifiques et autres divers évènements prestigieux de dimension internationale, celui-ci a été lui aussi déchu de son statut chemin faisant, au détour d'une visite du président de la République, qui a invalidé l'intitulé du projet inscrit, à l'état d'ossature en béton alors, et considéré comme nulle et non avenue l'étude d'opportunité. Son emplacement à la croisée des chemins d'un nouveau quartier populaire en plein boom, au gré des déplacements de populations à coups de programmes RHP, social, LSP, location-vente, ainsi que sa modeste structure sont entre autres éléments à l'origine de la décision d'invalidation -intervenue très en retard- du projet du Palais des congrès de Haï Sabah et sa reconversion en centre d'activités culturelles et de loisirs.

Visite présidentielle, instruction de reconversion

Peu importait la nouvelle fonction qu'on devait prêter à cet équipement public, l'essentiel c'était de mener à bout la structure, de rentabiliser l'investissement, quitte à le verser dans la rubrique passe-partout : «art, culture et loisirs». L'équipement a changé donc de vocation, d'intitulé et de main aussi, passant du maître d'ouvrage DLEP (Direction du logement et des équipements publics) qui pilotait ce projet sectoriel à la wilaya par l'intermédiaire de la DAL (Direction de l'administration locale). Un crédit budgétaire de 1,5 milliard de DA a été alors accordé à la wilaya pour parachever le projet de centre d'activités culturelles et de loisirs et reprendre ainsi le chantier, qui se trouvait à l'arrêt depuis 2003, pratiquement depuis l'achèvement des gros œuvres par l'entreprise Cosider.

Par la suite, un cahier des charges a été élaboré pour l'achèvement des corps d'état secondaires et un avis d'appel d'offres a été lancé en 2005. Un seul soumissionnaire a été présélectionné, l'entreprise turque Atlas, sans pour autant que le marché soit conclu en raison du manque de la couverture financière nécessaire. En 2006, il a été procédé à une deuxième consultation, mais sans suite puisque, après un accord de principe, il n'y a pas eu passation de marché, puisque l'entreprise chinoise CSCEC a demandé un montant «exagéré», selon la wilaya. Sur fond de situation au bord du pourrissement, marquée par des contentieux complexes et multilatéraux mettant aux prises l'ancien bureau d'études, les 14 anciennes entreprises qui intervenaient au niveau des 14 lots du chantier ainsi que la wilaya, au point où on est arrivé au fait que le bureau de suivi a refusé carrément de remettre le cahier de chantier et autres documents pour les besoins de la vérification de la conformité des travaux, le chantier n'a pas pu être relancé. Entre-temps, l'horrible et écœurante masse de béton tombait en décrépitude au fil du temps, devenant un lieu de tous les vices, les turpitudes et les formes de délinquance et de criminalité, un charnier où les sapeurs-pompiers et les égoutiers de la commune sont appelés fréquemment à repêcher un corps jeté dans les caves inondées, d'où se dégagent des odeurs nauséeuses qui infectent un grand pan de ce secteur abritant notamment le pôle médical en plein essor.

Le chantier a bien repris, mais quand finira-t-il ?

Ce n'est que plus de 12 ans plus tard que ce projet, qui incarne par ailleurs l'interférence des sphères de décision, des différentes instances administratives et exécutives et la gestion centralisée et par télécommande d'un simple projet censé être géré 100% localement, a été redémarré par la DAL après le dégagement d'enveloppes financières du budget de wilaya (36 milliards de centimes en supplément) et la levée des contraintes techniques et administratives.

La énième fausse annonce du 1er semestre 2017 à jeter dans les oubliettes, on ne dispose à ce jour d'aucune échéance officielle de livraison de l'ouvrage, encore moins de sa mise en fonction après équipement. L'on ne sait rien également sur son mode de gestion, l'organisme auquel en sera confiée la gestion-exploitation. Néanmoins, le brin d'optimisme, la lueur d'espoir dans une triste série de ratages et de projets inachevés ou carrément mort-nés, viennent de la grande mosquée Ibn Badis, ouvrage resté à l'état de squelette pendant plus de 40 ans mais qui a été finalement remis sur rails et confié à une entreprise turque, celle-là même actuellement en charge de Châteauneuf, qui l'a livré dans les délais, à quelques mois près, avec la qualité qui était bien au rendez-vous.