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Politique: Le panel crée une commission nationale de sages

par Yazid Alilat

Comme elle l'a promis, l'instance nationale de médiation et de dialogue (le Panel), a annoncé hier dimanche une réunion et, dans la foulée, la création d'une commission de sages devant conduire et gérer le dialogue national de sortie de crise. C'est durant sa première réunion tenue dans une villa sur les hauteurs d'Alger, appartenant à un membre du panel et qui leur servira de bureau dorénavant, que les membres de cette instance ont tenu leur première réunion. Tous les membres, «y compris les nouveaux», étaient présents, selon un communiqué de la commission signé par son coordinateur Karim Younès. En outre, des commissions de travail ont été mises en place lors de cette réunion, avec leurs missions et la désignation de leurs membres. Quant à la commission de sages, «elle se compose de personnalités et d'experts qui ont accepté de rejoindre l'Instance», précise le communiqué, sans dévoiler les noms des membres de la commission. Mais des personnalités politiques sont déjà pressenties, et on parle même de Mouloud Hamrouche ou Taleb El Ibrahimi. Dans son communiqué, l'Instance a précisé qu'elle «valorise toutes les initiatives de dialogue ainsi que toutes leurs plates-formes et leurs propositions de sortie de crise» qui ont précédé la création du panel. Bien plus, «toutes ces plates-formes et ces propositions constitueront des documents de travail qui seront utilisés pour l'élaboration» des propositions qui seront soumises à la conférence nationale qui sera organisée à la fin des consultations, explique le même communiqué.

Par ailleurs, l'instance dirigée par Karim Younès a annoncé qu'elle a décidé d'entamer «immédiatement» l'organisation des consultations de dialogue avec la classe politique, les personnalités nationales et la société civile. Ces annonces interviennent par ailleurs au milieu d'un climat politique délétère, marqué par des critiques acerbes contre le panel, accusé de faire le jeu du pouvoir et, bien plus, de ne pas avoir de vraies prérogatives dans la conduite du processus de dialogue, dès lors que ses mesures d'apaisement qu'il a revendiquées comme préalable à l'entame de sa mission, ont été balayées d'un coup de main par le chef d'état-major de l'ANP Ahmed Gaïd Salah, au milieu d'un silence assourdissant du chef de l'Etat qui avait garanti au panel la satisfaction de ces revendications. Cependant, Karim Younès a affirmé samedi, qu'il reste attaché aux mesures d'apaisement, et qu'il ne les a pas abandonnées. Dans un entretien à « Liberté» paru samedi, il a déclaré qu'il n'a pas abandonné les préalables que lui et les autres membres du panel avaient posés avant d'accepter la mission. «Contrairement à ce qui s'est raconté, nous n'avons pas renoncé aux préalables. Je persiste sur le fait que nous ne pouvons envisager un dialogue serein sans mesures d'apaisement. Nous avons un engagement de la part du chef de l'État. Nous attendons toujours sa mise en œuvre », affirme-t-il. D'autre part, le panel a indiqué qu'il a décidé d'entamer immédiatement des rounds de dialogue, tout en restant ouvert à toute proposition ou idée émanant du «hirak». Après le départ de Smaïl Lalmas et Azeddine Benaïssa, deux autres personnalités (Hadda Hazzem et Guessoum) ont décidé de rejoindre ce panel. La réunion de dimanche a été par ailleurs consacrée à l'élaboration de l'agenda des rencontres qu'elle devrait avoir dans les prochaines semaines avec les différents acteurs politiques pour discuter des voies et moyens de sortie de crise. Il n'empêche que la classe politique ne semble pas emballée par le panel et ses missions, à l'image du parti Al Adala qui a annoncé hier dimanche que « nous ne sommes pas concernés par le panel dont l'objet a été défini précédemment et qui a été créé spécialement pour la mise en place de l'instance indépendante de contrôle et d'organisation des élections. Nous pensons que cela ne répond pas au but recherché ». Selon Abdallah Djaballah, « le peuple algérien vit une révolution qui nécessite un changement global et le traitement de la crise de la tyrannie et la corruption qui sévit dans le pays depuis des décennies ». Il a précisé dans un entretien à TSA-Arabi que «cette crise ne peut pas disparaître juste en allant en élections ». Cependant, les membres du panel restent optimistes quant à l'intégration à l'instance d'autres personnalités nationales.