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Dialogue national: Le panel sous pression

par Yazid Alilat

C'est ce jeudi que l'avenir du panel de dialogue national, mis en place il y a une semaine jour pour jour par le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah, sera décidé.

Une semaine folle ayant caractérisé ses premiers pas, le panel, dirigé par l'ex-président de l'APN Karim Younès, a connu plusieurs revers et, surtout, une remise à l'ordre aussi soudaine que violente lui a été adressée par le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense le général Ahemd Gaid Salah. Pris en tenaille entre le refus des poids lourds de la politique algériens de rejoindre le panel, et une attaque frontale de Gaid Salah, qui a critiqué les revendications du panel, Kariml Younès est acculé à ses derniers retranchements, et le panel sous pression. Dans une déclaration mardi à la radio nationale, il a expliqué, après le refus de Mouloud Hamrouche, Mustapha Bouchachi, Djamila Bouhired, Mokrane Ait Larbi, et d'autres personnalités invitées à rejoindre le panel, que «de nombreuses personnalités nationales ont répondu positivement à l'appel lancé par le panel». «Celles qui ont refusé de le rejoindre ont leurs propres raisons personnelles», estime Karim Younès, qui a cependant réitéré son appel pour la satisfaction des revendications du panel relatives aux mesures d'apaisement comme condition prioritaire pour entamer le processus de dialogue national. Il a rappelé que «des invitations ont été lancées à ces personnalités pour rejoindre le Panel, mais elles sont libres d'accepter ou refuser cet appel.

Nous n'avons aucun commentaire à faire sur leurs positions, il y a ceux qui ont accepté avec enthousiasme l'invitation, et ceux qui l'ont déclinée et que nous refusons de commenter». Le coordinateur du panel chargé du dialogue national a également rappelé son appel aux autorités pour la satisfaction des mesures d'apaisement, qu'il a revendiquées comme étant «une priorité pour l'entame du dialogue national, dont la libération des jeunes manifestants du Hirak ou la levée du blocus imposé à la capitale tous les vendredis». Il a averti en outre que «si la présidence n'arrive pas à satisfaire ces revendications cette semaine, cela signifiera la fin sine die de mission du panel.» Mais, toutes les tractations menées au cours des dernières 48 heures autour des missions du panel ont été subitement stoppées après les déclarations du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la défense Ahmed Gaid Salah, qui a pratiquement rejeté les principales revendications du panel relatives aux mesures d'apaisement. Dans son discours devant les lauréats des examens du BEM et du Bac des cadets de la Nation, Ahmed Gaid Salah a rejeté presque tous les préalables réclamés par le panel que dirige Karim Younès. « Les élections constituent le point essentiel autour duquel doit s'axer le dialogue ; un dialogue que nous saluons et espérons qu'il sera couronné de succès et de réussite, loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu'aux diktats. De telles méthodes et thèses sont catégoriquement rejetées », avait prévenu Gaïd Salah. Quelques instants après ce discours, Smail Lalmas, un des membres du panel, a annoncé qu'il se retire: « Au peuple algérien et aux membres du Panel, en l'absence d'une réponse positive aux revendications populaires relatives aux mesures d'apaisement nécessaires pour la réussite du processus de dialogue et en raison des pressions que j'ai subies depuis l'annonce de la composition du comité, j'ai décidé de me retirer et de démissionner sur le champ du Panel de dialogue, et ce à partir de cet instant. J'ai essayé avec toutes mes forces de sortir le pays de la crise mais... », a écrit Lalmas sur sa page Facebook. Pour autant, le panel reste droit dans ses bottes et poursuit sa mission, mais avec quelques conditions. Tout devrait se décider ce jeudi à l'issue de la réunion prévue dans la matinée pour faire le point sur l'évolution de la situation, et, surtout prendre une décision concernant son avenir. Dans une déclaration à TSA, Karim Younès a souligné que « sur les questions d'intérêt capital, on n'a pas le droit de faire du cinéma, ni de renier ses engagements exprimés sincèrement après mûre réflexion ». Cependant, il a ajouté qu' «il n'est pas question de tergiverser sur les questions de principe, de dignité et de fidélité à la parole donnée aux Algériens. C'est la quintessence de notre démarche au sein du panel. » « Nous allons nous réunir demain. Nul doute que le panel décidera des démarches à venir », a-t-il dit, avant de rappeler que les engagements décidés jeudi dernier par la présidence de la République, dont les mesures d'apaisement, «n'ont pas connu un début de mise en application.»