Les uns disent qu'aussitôt sa démission signée, un avion l'a embarqué à Boufarik pour les Emirats où tout avait été organisé pour l'accueillir avec toutes les commodités sanitaires nécessaires à son état de santé. Version difficile à croire pour un grabataire poussé à l'effacement dans la précipitation. On a du mal à justifier le pourquoi d'une aussi lourde prise en charge pour un homme mourant qui ne servira plus. D'autres affirment qu'il est resté cloîtré dans sa clinique présidentielle sur la côte algéroise avec l'assurance qu'il ne sera jamais inquiété.

Qu'il soit ici ou ailleurs importe peu et son jugement que de nombreuses âmes avisées réclament relèverait d'une mise sur une estrade d'un épouvantail dans un état physique de délabrement avancé. Le jugement de l'Histoire a la primeur et il est probable qu'elle a déjà jugé l'humain vulnérable qui se prenait pour un roi alors qu'il n'était animé et armé que par les folies d'un Bokassa. Il serait donc futile de se plier à l'exigence de ceux qui aujourd'hui réclament son jugement. La raison bien gardée recommande toujours que les tirs sur une ambulance ne soient pas bien indiqués et le président déchu serait mieux loti dans un périmètre où les illusions sont diluées.

A bien des égards, Abdelaziz Bouteflika a été victime de lui-même et de sa roublardise stérile. Un ancien ministre qui l'a bien connu disait de lui qu'il était le sosie d'un fameux footballeur connu et reconnu mais qu'il n'avait jamais réussi à accéder à la grande gloire que tout le monde lui prédisait. Cette vedette au destin raté avait toujours sur un terrain le mauvais génie de se complaire à dribler toute l'équipe adverse, pour ensuite dribler ses propres coéquipiers et pour finir il trouvait un malin plaisir à se dribler lui-même.

Fausse vedette imposée hier, Bouteflika, dont on ne sait où il est aujourd'hui, a décapité des têtes indociles et envoyé d'autres à l'ombre des vestiaires. Quand il s'est retourné contre lui-même il a fini muet sur une chaise roulante.