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Tribunal criminel d'Oran: Huit ans de prison pour les narcotrafiquants de Sidi Bel-Abbès

par M. Nadir

Cinq éléments composant un réseau de trafic de stupéfiants activant à Sidi Bel-Abbès ont été condamnés, ce lundi, à huit ans de prison pour trafic portant sur la quantité de 44 kg de résine de cannabis.

Les faits de cette affaire remontent à octobre 2016 quand les services de la gendarmerie de la wilaya de Tlemcen sont informés du passage prévu d'un chargement de kif marocain à bord d'un véhicule utilitaire aménagé pour plombier chauffagiste. Les gendarmes ont des renseignements précis (marque du véhicule, matricule, identité du conducteur) qui leur permettent d'interpeller près de Mansourah une camionnette Hyundai conduite par un certain J. Hichem. Une fouille du véhicule permet la découverte de 44 kg de résine de cannabis, dissimulés sous du matériel de plomberie. Hichem et Br. Bilal, son accompagnateur, tous deux plombiers résidant à Sidi Bel-Abbès sont mis aux arrêts et interrogés. Hichem indique avoir été chargé de convoyer la drogue pour le compte d'un certain B. Fethi, vendeur de vêtements pour femmes, établi dans la capitale de la Mekerra. Considéré comme le chef de la bande et propriétaire de la drogue, Fethi est également interpellé dans une Toyota Yaris de location, mise à sa disposition par un dénommé B. Mohamed Amine, également vendeur d'habits féminins dans un marché de Sidi Bel-Abbès. Fethi avoue que la drogue lui a été envoyée de Sebdou par un certain Mohamed Sebdaoui (qui ne sera jamais identifié) et incrimine B. Madani, chauffeur de taxi, comme faisant partie de la bande de trafiquants.

Après une enquête et une instruction qui ont conduit les chargés du dossier à conclure qu'il s'agissait d'un réseau de trafic qui n'était pas à son coup d'essai, le magistrat instructeur inculpe les 5 suspects sous les chefs d'accusation prévus par les articles 2 et 17 (aliénas 1 et 3) de la loi 04-18 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Soit la détention, le transport et la mise en vente en bande organisée, accusations qui peuvent emporter la réclusion à perpétuité.

Lors du procès devant le tribunal criminel de 1re instance près la cour d'Oran, seuls J. Hichem, le chauffeur de 31 ans arrêté en flagrant délit de transport, et B. Fethi, 45 ans, destinataire de la drogue, reconnaissent les faits reprochés. Ils plaideront coupables, à la fois, en mettant en avant des conditions sociales difficiles et des dettes à régler, en tentant de décharger les trois autres accusés.

B. Bilal, 22 ans, B. Mohamed Amine, 32 ans, et B. Madani, 38 ans, rejetteront les charges ; le 1er en assurant qu'il ignorait que Hichem transportait de la drogue, le 2ème en soutenant qu'il n'était en rien mêlé à cette sombre affaire, et le dernier en jurant que Fethi l'avait incriminé par vengeance suite à un vieux différend.

Pour la représentante du ministère public, les preuves contenues dans le dossier d'accusation démontrent qu'il est bien question d'un réseau de trafic de drogue et que les dénégations des uns et des autres ne peuvent rien contre la réalité des faits. S'appuyant sur le flagrant délit, les aveux faits par les accusés lors de l'enquête et les connexions que les enquêteurs ont mises à jour, la magistrate requerra la peine de 20 ans de réclusion pour chacun des mis en cause.

Hormis les avocats de B. Fethi et J. Hichem qui plaideront les circonstances atténuantes pour des accusés qui ont « reconnu leur faute » et «méritent une seconde chance», la défense des trois autres accusés a demandé l'acquittement pour « absence de preuves matérielles accablantes établissant les liens entre les mis en cause », « aveux extorqués sous la contrainte physique » ou encore « non-recevabilité de déclarations incriminantes d'un accusé contre un autre accusé ». Autrement dit, les avocats de Bilal, Mohamed Amine et Madani estiment que l'accusation n'a pas apporté de preuves démontrant sans le moindre doute la culpabilité de leurs clients.

A l'issue des délibérations, le tribunal criminel déclarera les accusés coupables et les condamnera à huit ans de prison ferme.