Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Pas de sortie «honorable» pour Sidi Saïd

par Kharroubi Habib

Des milliers de travailleurs affiliés à la centrale syndicale UGTA se sont à nouveau donné rendez-vous hier matin devant le siège de l'organisation place du 1er Mai à Alger pour à la fois exiger le départ immédiat de Sidi Saïd et dénier à la direction qu'il préside encore le droit d'organiser un congrès extraordinaire les 21 et 22 juin dont elle a fait avaliser la tenue par une commission exécutive nationale (CEN) qui s'est réunie le 27 avril aux Andalouses à Oran.

Pour les manifestants venus en masse place du 1er Mai, il n'est pas question que Sidi Saïd et la direction actuelle de la centrale s'offrent une sortie « honorable » à travers un congrès organisé par eux et par conséquent sans risque qu'il tourne au procès de la politique syndicale qu'ils ont imposée à la centrale et de leur complicité et participation à la prédation générée par le régime de Bouteflika. Ce qu'ils réclament c'est le limogeage de la direction actuelle de l'UGTA et son remplacement par un directoire qui devra préparer un congrès de « refondation » en dehors des cadres actuels.

En cela, les travailleurs protestataires développent la même logique dont se revendiquent les centaines de milliers de leurs compatriotes chaque vendredi depuis le 22 février. A savoir qu'il est impossible d'aller au changement sans au préalable une opération nettoyage visant les acteurs ayant une part de responsabilité avérée dans l'immense calamité politique, économique, sociale et morale qu'aura été le régime de Bouteflika.

Certes, Sidi Saïd et la direction de la centrale qui l'entoure ne sont pas responsables au premier degré de ce qui s'est fait durant le règne de Bouteflika. Mais ils ont en toute conscience cautionné et défendu l'indéfendable du point de vue de l'intérêt national et de la cause des travailleurs dont ils étaient censés être les porte-paroles. Tous comme les résidus du régime moribond s'accrochent encore aux postes qu'ils occupent malgré leur rejet par la vox populi, les inamovibles caciques syndicaux qui ont terni le prestige de l'historique centrale UGTA n'ont pas droit à une sortie « honorable ». Les travailleurs ont totalement le droit d'exiger leur disqualification et de s'opposer à la tenue d'un congrès extraordinaire sous leur égide et à leurs conditions.

L'homme qui a proclamé avec arrogance et mépris qu'il « assume » ne peut attendre de ceux qu'il a trahis qu'ils s'inclinent devant la dernière entourloupe qu'il s'apprête à leur jouer avec la complicité de ses affidés dont il a peuplé l'appareil syndical.