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Il viole une adolescente de 15 ans: Sept ans de prison pour le taxieur clandestin

par M. Nadir

Lundi, premier jour de ramadhan, le tribunal criminel de première instance d'Oran a jugé une affaire dans laquelle un chauffeur de taxi clandestin a été condamné à sept ans de prison pour détournement et viol de mineure.

Demande de mariage rejetée

Les faits remontent à septembre 2016 lorsque les parents de Chaïma, collégienne de 15 ans, portent plainte contre T. Abdelhak, chauffeur de taxi de 32 ans, qu'ils accusent d'avoir enlevé leur fille et de l'avoir violée. Selon les termes de la plainte, Abdelhak, qui était en relation suivie avec l'adolescente depuis plusieurs semaines, se résout à demander Chaïma en mariage. En raison du jeune âge de sa fille et de la situation professionnelle instable du prétendant, le père oppose une fin de non recevoir. Ce qui aurait provoqué la colère de Abdelhak: «Je vais l'enlever et mettre ses parents devant le fait accompli», aurait-il confié à l'un de ses amis.

De fait, quelques jours plus tard, deux événements accélèrent les choses : des camarades de classe de Chaïma informent le père que sa fille a manqué les cours pendant cinq jours, et la mère reçoit un coup de téléphone du confident de Abdelhak l'avertissant que Chaïma se trouve en compagnie du chauffeur de taxi, chez lui, à Sidi El-Bachir. Une fois de retour à la maison, l'adolescente est mise sur le gril par ses parents auxquels elle finit par avouer qu'elle a été enlevée par Abdelhak et qu'elle a perdu sa virginité.

20 ans de réclusion par contumace

Après l'enregistrement de la plainte, une procédure est engagée contre le suspect mais celui-ci disparaît dans la nature. Un moment soupçonnées de complicité, la mère et la sœur du suspect bénéficieront vite d'un non-lieu, le juge d'instruction n'ayant pas trouvé de preuves matérielles accablantes.

Malgré les recherches et la diffusion d'un mandat d'arrêt, Abdelhak demeure introuvable et ne se présente pas au procès à l'issue duquel il écope de 20 ans de réclusion criminelle par contumace. Il finira par réapparaître et à comparaître devant le tribunal criminel pour répondre des chefs d'accusation de viol sur mineure de moins de 18 ans selon l'article 336, alinéa 2, du code pénal, et d'enlèvement de mineur suivant l'article 326, alinéa 1. Il risque une peine comprise entre 10 et 20 ans de réclusion criminelle.

Abdelhak : «Sa mère était au courant»

A la barre, Abdelhak (qui n'a été interrogé ni par la police ni par le juge d'instruction) reconnaît les faits : «Je l'ai emmenée chez moi à Sidi El-Bachir et puis chez ma sœur à Arzew mais ce n'était pas un enlèvement?

Elle m'avait appelé pour me dire que son père lui mettait la pression? Je voulais l'épouser», dira-t-il en substance avant d'annoncer, à la grande surprise de la cour, qu'il était déjà marié et avait deux enfants : «Ma femme est partie après cet épisode», ajoutera-t-il.

Pour sa défense, il ajoutera que la mère de Chaïma, employée dans un hammam, était au courant de sa relation avec sa fille et qu'il lui arrivait d'accompagner sa fille à ses rendez-vous amoureux.

Ce que la concernée réfutera avec véhémence : «J'ai toujours surveillé les faits et gestes de ma fille. Jamais je n'aurais accepté pareille situation, encore moins m'être faite complice de cette déviance», s'élèvera la mère, une dame portant le hidjab. Tout comme sa fille, dont le visage d'adolescente a surpris toute l'assistance, qui affirmera que l'accusé l'avait menacée. Elle reconnaîtra toutefois avoir entretenu des relations avec lui? après être sortie avec son ami et confident, celui-là même auquel il s'était confié après le refus du père et qui avait averti la mère de la présence de Chaïma chez Abdelhak. Ce qui suscitera l'incrédulité du président d'audience: «Tu n'avais que 15 ans et déjà tu étais sortie avec deux adultes ?!!», demandera-t-il sans attendre de réponse.

Quant au père, il reviendra sur la demande en mariage, expliquera son refus et déclarera maintenir la plainte déposée contre l'accusé: «Non, je ne retire pas la plainte et je ne lui pardonne pas», lancera-t-il au président.

Le ministère veut 15 ans de réclusion

Dans son bref réquisitoire, le ministère public requerra 15 ans de réclusion en soulignant la gravité de l'affaire qui implique une mineure et en s'appuyant sur les aveux de l'accusé et les conclusions de l'expertise médicale qui avait conclu au viol.

L'avocat de la défense tentera désespérément de plaider la cause (déjà perdue) de son client en choisissant maladroitement d'accabler les parents de la victime : «Lorsque vous maintenez votre enfant sous pression, il explose. C'est là, la cause première de tout ce qui vient de se produire», dira-t-il en substance en demandant la clémence de la cour. Une plaidoirie qui n'a pas été du goût du père de Chaïma, qui s'en est violemment pris à l'avocat de la défense à l'occasion d'une suspension d'audience.

Au retour des délibérations, le tribunal criminel de première instance d'Oran a déclaré l'accusé coupable des faits reprochés et l'a condamné à 7 ans de prison ferme.