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Allocations financières du Ramadhan: Des certificats de pauvreté exigés par des municipalités

par Moncef Wafi

Les réseaux sociaux se sont emparés de ce qui peut être considéré comme un nouvel affront pour les Algériens avec la délivrance par certaines communes de certificats de pauvreté pour prétendre à l'aide financière promise à l'occasion du mois du carême.

En effet, et suite aux nombreux épisodes malheureux concernant la distribution du fameux couffin du Ramadhan, entre bousculades et trafics en tous genres, le désormais ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait instruit, en mai 2018, le gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que cesse le recours à cette formule d'aide sociale et la remplacer par des allocations financières de l'ordre de 6.000 DA par famille nécessiteuse. Le chef de l'Etat a « instruit le gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que cesse le recours à la distribution du couffin de Ramadhan, et que cette action de solidarité de l'Etat soit réalisée, dès l'année prochaine, à travers des allocations financières décaissées par chèque ou par monétique », avait indiqué un communiqué rendu public à l'issue du Conseil des ministres. Ainsi certaines municipalités du pays ont exigé des éventuels bénéficiaires de cette allocation la présentation d'une attestation de pauvreté, à l'instar de l'APC de Bejaia, comme l'a montré un post publié sur Facebook. Et pour se faire délivrer ce certificat d'indigence, il a été demandé de présenter un dossier administratif comprenant une résidence, un certificat médical, une copie d'extrait de rôle, une attestation de non-exercice d'une activité rémunérée et un certificat de non-affiliation. Ainsi, après les scènes humiliantes des bousculades et des bagarres entérinant les distributions des couffins du Ramadhan, vient ce sinistre épisode pour rappeler que la pauvreté en Algérie est une réalité que ne peuvent occulter les chiffres avancés par les différents ministères du gouvernement. En 2015, le département des Affaires religieuses rapportait l'existence de 600.000 familles nécessiteuses alors que la Ligue algérienne des droits de l'homme indiquait, pour sa part, que plus de 15 millions d'Algériens vivent sous le seuil de la pauvreté. Par ailleurs, une étude réalisée par des chercheurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), réalisée à la demande du Programme alimentaire mondial (PAM), indiquait que plus de 1,2 million de familles démunies et nécessiteuses ont été identifiées à travers 40 wilayas du territoire national. Une étude qui a démontré que des poches de pauvreté subsistent encore tant en milieu urbain qu'en zone rurale. Elle précise qu'il y aurait 1.256.165 ménages considérés comme démunis et nécessitant une aide directe, d'après les données collectées dans 40 wilayas. En absence de données fiables, le Premier ministre de l'époque, Abdelmadjid Tebboune, avait mis sur pied en 2017 une commission technique chargée de mettre en place une plateforme pour la révision en profondeur de la politique des aides sociales et des subventions. L'objectif étant de répertorier les personnes éligibles à ces aides.