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par Rachid Mohammed-Brahim*

  «Qui dit une loi dans un état libre, dit une chose devant laquelle tout citoyen tremble, le roi tout le premier» Jean Jacques Rousseau

Si notre pays s'apprête à changer de régime de gouvernance et à renouveler son système politique, économique et social c'est à la faveur de la volonté de son peuple et particulièrement de sa jeunesse et non à la faveur de toute autre machination y compris la prétendue conférence nationale.

Les missions et l'organisation de toute structure à même d'opérer le bond qualitatif, réclamé par des millions d'Algériens, aspirant à leur citoyenneté usurpée, n'incombent à aucun mécanisme autre qu'à ce qu'aura décidé le peuple algérien souverain, mature et discipliné, en toute responsabilité. Il sera consacré par les documents (charte, constitution, déclaration comme celle des droits de l'Homme par exemple?) que le peuple aura choisi pour le faire.

L'avenir de l'Algérie, sur les plans économique, politique, social et culturel sera dicté par son peuple et pour son peuple en toute souveraineté et soumis au suffrage des Algériens. L'époque de la préfabrication est révolue. Si on avait fabriqué, loyalement, le pays aurait émergé depuis longtemps de par son potentiel humain et matériel et on n'en serait pas là, hélas ! Une conférence nationale programmatique définissant un projet futur structuré ne se décide pas en fin de parcours pour ceux qui doivent partir mais au début d'une aire nouvelle. Cette aire, nous l'espérons sereine, pacifique, responsable et incluant les mesures d'autocontrôle et de gouvernance avisée dont l'intérêt de servir le peuple et son pays et non se servir comme le dénoncent la jeunesse, à l'occasion de ses innombrables sorties, dans toutes les rues d'Algérie et les Algériens expatriés, là où ils le sont.

La dépendance aux hydrocarbures et son dépassement aurait dû être votre œuvre, depuis 1999, parce qu'il en était fortement question depuis la crise de 1986, soit depuis trente- trois ans, une génération, pourrions-nous savoir pourquoi cette tâche d'intérêt vital pour le pays a été reportée, sine die, et qu'a-t-il été fait depuis.

La crise multiforme nous la subissons sauf que ce pays demeure sable et en paix grâce à l'effort de l'ANP qui défend vaillamment le pays et ses frontières. Cette stabilité et cette sécurité nécessitent pour leur maintien et leur approfondissement une gouvernance sérieuse, saine, sûre et présente et non représentée chaque jour. Le peuple, de son côté, a montré qu'il savait sauvegarder les acquis de l'indépendance, chèrement payée et le plus par ses chouhada. Si l'Algérie s'apprête à changer son régime de gouvernance et renouveler son système politique, économique, social et culturel c'est à la faveur de sa jeunesse et de son peuple, et non à la faveur de toute autre machination ou machinateur d'une quelconque conférence nationale. Les missions et l'organisation de toute structure, à même d'opérer le bon qualitatif réclamé par des millions d'Algériens aspirant à redevenir des citoyens et non des assistés, n'incombent à aucun scénario autre que ce qu'aura décidé le peuple souverain mature et discipliné en toute responsabilité, il sera alors consacré par un pacte imposable à chacun. Il sera dit que l'Algérie et son avenir ne seront plus jamais l'œuvre d'un quelconque cabinet noir ou d'un démiurge dont les effets néfastes sur tous les plans se font lourdement ressentir aujourd'hui, par toutes les franges de la nation.

L'avenir n'est pas une question simple, soumise à des tergiversations politico-politiciennes mais à une seule question dans l'arène internationale d'aujourd'hui, parsemée de dangers ô combien mortifères : « To be or not to be » Alors est-il raisonnable qu'en fin de règne on puisse parler d'objectifs ! Cela voudrait-il dire que nous avons navigué à vue depuis vingt ans ! Et c'est aujourd'hui que l'on vienne nous dire qu'il faut négocier, parlementer et qu'il nous appartient, à nous les partants, de régir votre avenir et de diriger les débats, les orienter et leur donner le cadre que nous voulons. Que cache ce jeu ? L'enjeu n'est pas simple et la menace de la continuité de l'assommoir qui nous a régi est encore prégnante. Non il s'agit d'un flagrant hors-jeu qui dépasse tous les entendements et le carton de l'arbitre doit-être rouge.

«Un homme ne doit jamais rougir en avouant qu'il a tort, car en faisant cet aveu, il prouve qu'il st plus sage aujourd'hui qu'hier».

Jean Jacques Rousseau

* Université d'Oran