Le 19 mars 1962, le peuple algérien est sorti
massivement dans toutes les rues d'Algérie exprimer sa joie. A
El-Bayadh, ville qui a payé un lourd tribut pendant
la guerre et en cette journée mémorable écrite en lettres d'or sur les pages de
l'histoire du pays, jeunes et vieux, femmes et enfants, scandaient, «vive
l'Algérie, gloire à nos martyrs», marchaient dans toutes les rues, défiant les
militaires français, quand soudain le crépitement des premières rafales de
mitraillettes se sont fait entendre, des militaires français, violant le
cessez-le-feu ont commencé à tirer sur la foule, faisant parmi elle plusieurs
victimes. Hadj Ahmed Maadani, un ancien
moudjahid qui était aux premières lignes et présent sur les lieux, nous relate
les évènements tels qu'il les a vécus aux côtés des manifestants venus du
quartier «Graba» pour remonter vers le centre-ville.
«Arrivés au niveau du pont qui relie ces deux quartiers, dit-il, des militaires
français se sont mis à tirer à bout portant sur des innocents sans armes. Les
derniers chouhada de cette ultime sursaut
révolutionnaire qui a vu naître la proclamation du cessez-le-feu, sont Mme Mebarka BEKKA dite Bent «Hadbya» juste au milieu du pont, le corps criblé de balles,
puis deux autres, les jeunes Mohamed BENAMARA et Bouteldja
RAHMANI. Ces derniers ont été tués froidement non loin de l'école de garçons,
foudroyés par une rafale venant d'un char, sans compter des dizaines d'autres
blessés gravement et mutilés à vie.
Les corps des ces trois
derniers martyrs furent ensevelis ce même jour par les hordes coloniales dans
une fosse commune en dehors de la ville. Cela n'empêcha nullement la foule de
poursuivre sa marche, brandissant le drapeau national». «Les noms de ces trois
derniers martyrs de la lutte de libération nationale, dont personne jusqu'à ce
jour ne se souvient ni n'honore, souligne notre interlocuteur, ne figurent sur
aucun fronton d'une place publique ou rue de la ville mais l'histoire retiendra
le nom des trois derniers martyrs qui méritent qu'on leur rende un ultime
hommage pour honorer la mémoire de chacun d'eux».