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Dissoudre le FLN pour le libérer

par Kamel DAOUD

«F LN dégage». C’est l’un des slogans majeurs de ce soulèvement des Algériens contre la Régence d’Alger. Des jeunes le criaient sous les murs du siège de ce parti, à Oran, ce premier Mars. Mais aussi partout dans le pays. On y retrouve l’envie de naître, renaître, retrouver Larbi Ben M’hidi sans passer par Ould-Abbès, se libérer des courtiers et des Saidani. Car le FLN a été volé, depuis longtemps, pris en otage, cambriolé et obligé à vivre par le faux et l’usage de faux. Ce parti, auteur d’une magnifique épopée de décolonisation, a fini en sigle pour manger mieux que les autres, grimper sur le dos des autres et parler en leur nom. Les décolonisateurs en chefs, ou ceux qui se revendiquent de ce statut, en ont fait un parti de nouveaux colons. Il faut libérer, donc, le FLN qui a libéré ce pays.

Comment ?

Par la dissolution. Immédiate, sans retard ni sursis. Dissoudre le FLN c’est le libérer, le restituer à la mémoire collective, à tous les Algériens. Il nous appartient, à tous et pas à un comité, un président d’honneur qui l’a déshonoré, ni à ces clowns cycliques que sont ses récents secrétaires généraux et ses comités centraux. Le FLN est un patrimoine, pas un club, ni une licence d’importation. C’est une mémoire, pas une veste et un pin’s. C’est une épopée, pas une autobiographie ou une association de malfaiteurs. Sauvons le FLN de ses kidnappeurs. Faisons-en un souvenir et pas une machine de fraude. Il faut aussi consommer la rupture avec les courtiers de notre mémoire : nous devons le respect à ceux qui se sont battus mais le ministère des Moudjahidine ne doit plus exister. Ni l’association de leurs fils, ni les autres appareils dentaires comme l’ONM, l’organisation nationale des Moudjahidines. Il faut arrêter le scandale immonde des fausses fiches communales.Fermer cette page. Cette population a le droit à des prises en charge, une pension, l’immense remerciement d’un peuple, a le droit à la mémoire et au respect, mais nous aussi. Il faut dissoudre cet apartheid, ce système des intouchables avec ses privilèges honteux. Ceux qui ont fait la guerre pour libérer ce pays n’ont pas le droit de transformer le pays en butin pour eux et leurs enfants. Nous avons libéré la rue, le drapeau, l’hymne et le vendredi, il reste à libérer la mémoire, le FLN, les nouveau-nés.

Tous les Algériens ont été, d’une manière ou d’une autre anciens moudjahidine. Tous sont enfants de martyrs. Tous sont FLN sans en faire une mangeoire, tous sont morts et tous sont vivants, tous sont égaux et il n’y a pas de privilège autre que celui de sa propre vertu et de son courage.

Fonder une deuxième république passe aussi par la libération du présent, de l’avenir et surtout, du passé.

Pour moi, c’est le premier pas. Le symbole fort d’une nouvelle époque.

C’est le signe radical d’une rupture saine et courageuse. En attendant un conseil national de transition, une assemblée constituante, une refonte de la gouvernance et un contrôle public direct sur les dépenses locales, l’armée, la gouvernance des wilayas, un haut conseil des Magistrats indépendant et autonome... etc.

Le FLN d’aujourd’hui est la liste exacte des gens qui ne doivent plus avoir de postes de responsabilité, dans ce pays, des personnes à écarter, des noms à ne jamais élire ni écouter, des visages à qui il ne faut plus jamais faire confiance.

Alors commençons.