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Messahel: «La démocratie n'est pas une coquetterie»

par Yazid Alilat

  Le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a affirmé hier mardi que la démocratie « n'est pas une coquetterie » en Algérie.

Il a expliqué au forum de la radio nationale que « l'Algérie est définitivement installée dans un esprit de dialogue, dans la démocratie. » «La mission qui est confiée au corps diplomatique est de montrer ce que fait l'Algérie.

Le choix démocratique qui a été fait par l'Algérie n'est pas une coquetterie, c'est un choix stratégique.» «La démocratie en Algérie est très suivie, tout le monde a constaté que ce n'est pas un slogan, c'est la vérité que les Algériens sont en train de vivre.» Les élections « sont un rendez vous pour la démocratie ; c'est au peuple seul de choisir qui va le diriger dan le cadre de la constitution », a-t-il précisé. Par ailleurs, sur la lutte contre le terrorisme, il a indiqué que «l'Algérie est immunisée contre le phénomène terroriste». Il a expliqué, par rapport au retour dans leurs pays des djihadistes de Daech que « le constat est déjà fait ; on vit dans un environnement de turbulences. » «Nous sommes un pays qui a fait ses preuves, la stabilité du pays est très chère. Chacun aime son pays, et nous sommes attachés à sa sécurité et sa stabilité», a-t-il dit avant de relever qu'«il y a des tentatives d'infiltration. » Mais, «ce n'est pas plus dangereux que le retour des combattants étrangers, nous avons vécu cela.» «Il ne s'agit pas de jeunes Algériens qui étaient ailleurs et se retrouvent chez nous», a-t-il souligné en relevant qu'il y a en tout 173 Algériens recensés dans les rangs de Daech, citant une association américaine. «Ces Algériens viennent de pays de résidence», pas nécessairement d'Algérie, a précisé le ministre. «Mais, ceci ne veut pas dire qu'on ne doit pas rester vigilants», a-t-il averti, car il y a un «besoin de stabilité dans ces pays, comme le Mali et le Niger, et là, il y a un besoin de déploiement des Etats ou des institutions comme au sud de la Libye, en Mauritanie. «Nous sommes tous concernés par l'option sécuritaire, et les infiltrations se posent chez nous, comme en Tunisie, et en Egypte». le ministre ajoute encore que «nous sommes en négociation avec ces pays et on doit se voir le 5 mars au Caire dans le cadre des discussions sur la Libye». «Nous restons dans l'agenda de la vigilance contre le terrorisme». affirme M. Messahel. «Dans la région du Sahel, ce sont les grands trafics qui se sont emmêlés avec les réseaux du terrorisme. Il y a beaucoup d'argent et les terroristes sont à la recherche de l'argent».

Par ailleurs, M. Messahel a réaffirmé que «la stabilité du pays dépend de la stabilité des pays voisins, dont la Libye». «Nous avons mis en garde contre les interventions militaires et les résultats sont là, c'est le chaos, et c'est ce que nous vivons en Libye et dans la région», rappelle-t-il. «Tout le monde est convaincu que la solution militaire n'est pas une solution ; tout le monde croit en la solution politique avec le dialogue et la mise en place d'une constituante» en Libye. Le ministre des Affaires étrangères a souligné par ailleurs que «nous sommes contre la multiplication, dans le cas libyen, des agendas. Laissons les Libyens décider eux-mêmes de la feuille de route. On ne veut pas prendre d'initiative en tant qu'Algériens. L'avenir de la Libye intéresse les Libyens, et on doit partager leur expérience en leur montrant comment les Algériens s'en sont sortis. Et nous partageons notre expérience en matière de lutte contre le terrorisme, car on l'a combattu.» M. Messahel, qui a évoqué la politique du «vivre-ensemble» prônée par le président Bouteflika, a expliqué que le chaos libyen est venu «après une intervention militaire». «En fait, tout le monde est gagnant dans le retour à la stabilité en Libye.

Il n'y a pas d'alternative au choix démocratique, le pays a besoin de se reconstituer.»

Sur la situation au Mali, le ministre a expliqué que la région est «confrontée à beaucoup de difficultés. On a fait notre part du travail, on a aidé à l'accord de Bamako qui a tracé les grandes lignes du retour à la stabilité et la sécurité.» Mais, «sa mise en œuvre tarde à se mettre en place en raison de difficultés majeures. C'est un pays qui n'a pas les moyens et est confronté à des multiplications de foyers de tension, avec une jonction de criminels, trafiquants et terroristes. » Aujourd'hui, «l'effort international est d'accompagner les Maliens dans la politique qu'ils ont décidée, et c'est aux Maliens d'assurer leur sécurité. Notre rôle est d'accompagner le Mali dans ses efforts de sécurisation du pays, dans le développement économique et social. C'est notre devoir de les accompagner économiquement», a-t-il dit citant une enveloppe d'aide financière algérienne de 100 millions de dollars au Mali en plus d'une aide logistique.

Sur la construction maghrébine, Messahel a rappelé que «cela a été un choix stratégique de l'Algérie, qui a énormément fait pour cela.» Les activités de l'UMA étaient gelées jusqu'en 2000 et avec Bouteflika on a redynamisé l'UMA». «Nous l'avons fait et nous continuons de penser qu'il n'y pas d'alternative à la construction maghrébine». M. Messahel a rappelé que «nous avons appelé à un sommet à Tunis pour trouver un moment pour se réunir et réactiver l'UMA»...il y a des «difficultés politiques qui se posent entre les pays.

On a proposé de construire l'UMA sur le plan économique, comme le font des pays africains. On veut construire l'UMA à travers l'économie, et là on a proposé des politiques maghrébines communes, comme pour l'eau, les infrastructures, l'agriculture, l'industrie. Donc, faisons en sorte de rendre irréversible l'intégration maghrébine par l'économie.

C'est ce qui est sur la table», a-t-il expliqué en citant le cas de l'UE qui a commencé par des accords sur l'acier. M. Messahel a relevé par ailleurs que le dossier du Sahara occidental n'a jamais «empêché les ministres de se rencontrer». «L'UMA n'est pas un cadre de règlement de la question sahraouie, mais c'est du ressort de l'ONU.» Selon le ministre algérien, il y a deux questions majeures sur lesquelles sont intransigeants les Africains : le respect des frontières héritées des indépendances et le respect de l'autodétermination.

Ces deux principes sont cardinaux pour les Africains.» Quant Maroc, il a dit qu'«ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent. Ils savent que nous ne sommes pas impliqués, que nous sommes un pays voisin.

On était toujours comme pays voisin dans tous les processus de discussion entre Sahraouis et Marocains. Mais, nous ne sommes pas partie du conflit.» Enfin, il a estimé urgente la réforme de la Ligue arabe. «Il y a des conflits dans le monde arabe, et les solutions viennent de partout sauf du monde arabe, on n'est pas présent.»