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Chaque
génération veut avoir sa révolution. Chacun use des moyens de son époque. Du fusil
au clic, le monde a évolué, les exigences du peuple aussi. Ils n'ont pas vécu,
ces jeunes les années 1990. La peur, les incendies, le sang et la mort. Ce fut
la rançon d'une démocratie encore balbutiante. Personne ne voudra y retourner.
C'est pour cela que l'on préfère la prise de rue, la prise de parole, le haut
débit que d'habiter des cimetières chaque jour et formuler des condoléances
chaque instant. Va-t-on écouter cette voix générale ? En principe oui. Car elle
émane d'une jeunesse qui n'a vu que ces personnages qui leur ont promis monts
et merveilles, depuis voilà vingt ans. Ils étaient enfants dans des classes
primaires, ils sont adultes dans la rue, dans la vague, dans la drogue, dans le
rien, soit dans un tourbillon et les autres sont toujours là. Ces jeunes ont eu
leurs diplômes des instituts et des universités algériens construits par
l'argent de l'Etat et non pas par les fortunes personnelles de ceux-là même qui
s'en vantent de les avoir bâtis. Cette voix générale, qui s'est élevée presque
dans toutes les villes, en ce vendredi 22 février, ne serait pas l'œuvre d'une
opposition organique ou partisane. Elle s'est voulue une vocifération colérique
citoyenne contre le système et son corollaire. L'opposition façadière et ses
démembrements. Elle semble dans sa substance surpasser le candidat au 5ème
mandat mais cible, particulièrement, ceux, nombreux, qui le veulent avec
acariâtreté. La révolte d'un jour est l'expression d'une longue accumulation.
La rue comme le pays qui la contient n'est pas la propriété, ni de Ouyahia, ni de Bedoui. Chacune
d'elles, porte heureusement le nom d'un Chahid. Et ce
Chahid est soit le grand-père, le père, l'oncle ou
l'arrière-cousin du policier et du jeune que l'on incite et excite dans un
face-à-face. Les deux sont les enfants du peuple, au moment où ceux qui les ont
mis forcément l'un face à l'autre en se sont détachés. J'ai pu déceler dans le
visage des manifestants, des badauds, des policiers, dans les lignes des
pancartes brandies ou dans le cœur de ceux qui n'ont ni visage ni banderoles ;
énormément de messages. L'un des plus expressifs reste cette exigence de voir
partir rapidement ces audaces, ces versalités, ces
hypocrisies qui personnifient ces ministres zélés, ces oligarques goinfres et
voraces. Et ces adeptes de l'excellence opportuniste d'un larbinisme
inconvaincant que sont les mauvais leaders de
l'alliance dite présidentielle et les chaînes dites d'égout. Sans vouloir les
citer, évitant une nauséabonde haleine dans mon écrit ; ils sont, largement,
médiatisés dans les annales de la honte et de l'à-plat-ventrisme.
Leurs visages puzzlés et rubriqués constituent,
maintenant, une affiche ignominieuse dans les réseaux sociaux.
Aussi, crois-je que le courroux populaire s'est abattu indirectement, sur un régime fragilisé et qui s'est laissé prendre par ces entremetteurs systémiques; croyant à une prétendue domination mentale nationale. Les jeunes, en ce 22 février, ont scandé un marasme, une tourmente et une lassitude. Le 5ème mandat ne compte pas pour eux pour une énième réélection d'un homme malade, mais le prennent pour une malicieuse reconduction de ces gens-là, de leurs propres intérêts, de leur égoïsme. Idem pour ce slogan « FLN dégage ! » il ne s'adresserait pas à ce glorieux sigle historique, ce socle patriotique, bien collectif mais à ceux qui le représentent du sommet à la base. Ces roublards maléfiques, boulimiques et fatidiques. Cette voix généralisée est adressée, notamment, à ceux qu'elle ne cite pas, qu'elle ne scande pas. Ces noms impopulaires qui sont derrière celui qui est mis en porte-à-faux avec tout un peuple et qui ont initié la théorie du cadre. Cette sortie reste un gage démonstratif de « démocratie participative », telle que voulue par la spontanéité et la sagesse populaires et non pas par la fausseté d'un groom qui veut asservir les territoires et leur volonté. Va-t-on l'écouter, cette voix lancée pacifiquement, sereinement ? Elle le sera d'une façon ou d'une autre. Un des jeunes, battant le pavé, rencontré après la dispersion me disait jovialement « ya El hadj ; on n'est pas contre le 5ème ou le 6ème, mais contre ces « oujouh el bakhss » (figures du déshonneur) qui essayent de nous le vendre » la messe étant dite ; aux chapelles du pouvoir d'en tirer le sacerdoce utile. Table rase. |
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