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Hégémonie américaine et veulerie européenne

par Abdelhak Benelhadj

« Le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses! » - Clint Eastwood dans «Le bon, la brute et le truand», Sergio Leon, 1966.

En 1990, à la fin de la « Guerre Froide » et de l'Union Soviétique, l'« hyperpuissance » américaine, sans rivale depuis, a fait fleurir les adages. Par exemple : « L'Empire n'a pas d'amis. Seulement des ennemis et des vassaux ». On y est.

L'alignement contraint des Européens sur les Etats-Unis a pris en effet des proportions jamais atteintes dans l'histoire depuis 1945. Autant après les deux mandats de Bush Jr, Washington sous B. Obama s'imposait dans une relative discrétion en respectant les formes, autant le président D. Trump, un peu comme R. Nixon dans les années 1970 ou R. Reagan au cours de la décennie suivante, ne s'embarrasse plus d'aucune formalité : « J'ordonne, tu obéis !»

Vendredi 15 février dernier, face à ses homologues européens, le ministre français des Affaires Etrangères a fait part d'une certaine inquiétude : « Comment est-ce qu'on peut être très ferme à l'égard de l'Iran et en même temps abandonner le nord-est de la Syrie quand on sait qu'à la fin de l'histoire on peut favoriser la présence iranienne dans la région ? Pour moi, c'est un mystère », a-t-il déclaré à Munich pour la conférence annuelle sur la sécurité.1

Paris a ainsi été troublé parce que Washington a décidé unilatéralement de se retirer militairement de Syrie sans la charité d'une explication préalable à l'adresse de leurs « amis » français qui partagent avec eux une agression et une occupation d'un pays membre de l'ONU - notons-le au passage - en stricte violation du droit et traités internationaux.2

La petite phrase du chef de la diplomatie française aurait mérité plus que des entrefilets dans les quelques médias qui l'ont reprise. Et cela à plus d'un titre. A supposer :

1.- Que Washington veuille sérieusement quitter la Syrie (comme son président déclare quitter l'Afghanistan ou dissoudre l'OTAN ou encore atomiser la Corée du Nord...) ;

2.- Que le trouble du ministre français soit authentique et pas une subtile communication subliminale dont on aurait du mal à identifier les ressorts et les destinataires...

La décision américaine et la réaction du ministre suscitent une cascade de questions. Celle de Le Drian n'est pas la moindre.

Cependant, il ne s'agit pas d'une première. La dénonciation par les Etats-Unis du traité 5+1 liant l'Iran aux 5 membres du conseil de sécurité, plus l'Allemagne, a donné lieu à protestations. La France ne fut pas la dernière à le faire. Mais très vite Paris a repris les arguments de Washington sur les missiles iraniens et la présence militaire de l'Iran en Syrie.

Autre revirement : Les Français se sont déclarés hostiles au retour de leurs « Djihadistes » en France, et même (a laissé entendre la ministre de la défense) à se réjouir de leur mort sous les bombardements, alors qu'un député LR prescrivait une singulière liquidation extrajudiciaire.

Les Américains ont mis un terme aux débats en enjoignant clairement aux Français de récupérer très vite leurs ressortissants.

Certes, les Français sont, depuis le mois de novembre, pris dans une crise intérieure chronique, des manifestations hebdomadaires des « gilets jaune », avec un tableau de bord (social, économique et politique) où presque tous les voyants sont au rouge. Si on laisse de côté les bricolages statistiques et administratifs pour les masquer.

Les réformes menées au pas de charge, sous la pression -entre autres- de Berlin via Bruxelles, sont douloureusement ressenties par de larges pans de société.3

L'actualité internationale et la diplomatie française, à l'exception peut-être du Brexit ou des controverses avec leurs voisins transalpins, sont presque complètement absentes des journaux télévisés et des médias « chauds ».

Situation désormais traditionnelle ; Il est même ardu de savoir ce qui se passe dans les autres pays de la région. Inutile d'espérer découvrir quoi que ce soit sur l'actualité bulgare, lithuanienne, islandaise ou biélorusse. Même les pays « plus proches » sont ignorés : l'Autriche, le Portugal ou le Danemark.

Plus grave : on a bien du mal à trouver trace et analyse (hors publications spécialisées) d'un événement primordial qui a réuni ce jeudi 07 février Angela Merkel à Bratislava, en Slovaquie et ses homologues d'Europe de l'Est du groupe de Visegrad, c'est à dire de Pologne, de République tchèque, de Slovaquie et de Hongrie.

Pourtant, là aussi la France a des intérêts à défendre, inquiète (comme F. Mitterrand et toute la « classe politique » toutes couleurs confondues, en 1990, lors de la chute du Mur de Berlin) de voir l'Allemagne faire cavalier seule en Europe Centrale).4

Sans doute est-ce un « mystère » pour le chef de la diplomatie française parce que les Américains ne prennent plus la peine d'informer leurs « alliés » (probablement même pas les Britanniques enferrés avec leur Brexit) de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils font et de ce qu'ils projètent.

Mais alors on peut à notre tour nous interroger : quel rôle jouent réellement les Français dans cette partie du monde avec laquelle ils se fâchent et ils n'y récoltent que des coups ?

Ce n'est pourtant pas la première fois que leurs « libérateurs » leurs plantent un couteau dans le dos, sans avertissement et sans élémentaire prévenance. Le plus ironique est que ce sont les Américains qui se plaignent en la colportant à outrance, l'ingratitude des Français et des Européens.

Européens espionnés, leurs chefs d'Etat mis sous écoute

Sous prétexte d'éviter un nouveau « 11 septembre », ennemis et alliés sont étroitement surveillés. Et cela depuis longtemps.

- Le Général de Gaulle se savait espionné y compris par de nombreux agents qui pullulaient autant à l'Elysée qu'au Quai d'Orsay.5 C'est pourquoi personne d'autre que lui-même ne connaissait la substance de ses discours avant qu'il ne les prononce.

- Lorsqu'en 1988 un journaliste écossais6 dévoila l'existence d'un gigantesque réseau d'écoute, (le système P415, plus connu sous le label « Réseau Echelon »), mis en place par les Etats-Unis et ses alliés (GB, Australie, Nouvelles Zélande et Canada réunis dans l'organisation UKUSA) depuis plus de 40 ans, généralisé à toute la planète, cela avait provoqué un immense scandale.

- Dès juin 2006, le Blackberry, téléphone portable permettant de recevoir les courriels en temps réel, est interdit de séjour dans les ministères tout comme à Matignon et à l'Elysée pour raisons de sécurité, rapporte Le Monde (AFP, 20/06/2007 à 06:27:36).

Cette circonspection aurait été plus logique si ce portable était fabriqué par une firme russe et ses utilisateurs menacés par le FSB.

Interrogé alors par l'AFP, M. A. Juillet (un ancien PDG de Marks & Spencer avant de prendre la tête de la direction du renseignement de la DGSE en charge de l'intelligence économique auprès du gouvernement français, sous la présidence de Nicolas Sarkozy7) a souligné : « Il y a toujours un risque d'interception et le problème se pose aussi bien pour les entreprises que pour les administrations ».

Sans verser dans un complotisme de mauvais aloi, il est à peu près certain que non seulement tous les gouvernements savaient ce qu'il en était de ce système généralisé de surveillance, mais qu'ils y collaboraient à un niveau qui varie selon les pays et les circonstances.

Avant même qu'ils quittent les aéroports européens, les renseignements sur tous sur les passagers des avions en partance vers les Etats-Unis sont communiqués sur les autres rives de l'Atlantique : c'est ainsi où ils ne décollent pas.

Banques et entreprises européennes rançonnées

L'Extraterritorialisation de la justice américaine et de ses jugements (inacceptable car non concertée dans un système juridique international partagé) a coûté très cher aux Européens qui paient sans rechigner des sommes astronomiques.

Du printemps 2014 à la fin 2018 la justice américaine a imposée une myriade d'amendes contre les banques françaises pour un montant cumulé dépassant 10 milliards de dollars, la BNP (7,5 milliards de dollars), le Crédit agricole (750 millions de dollars) et récemment la Société générale (amendes cumulées estimées à près de 2.5 Mds$).

Les allemandes Commerzbank et Deutsche Bank ont, elles aussi, écopé en 2015 d'amendes s'élevant respectivement à 1,45 milliard de dollars et 258 millions de dollars.

Ces totaux paraissent faibles si on les compare à ce qu'a payé VolksWagen : près de 22 milliards de dollars de pénalités dans l'affaire du Diesel Gate. Son concurrent américain General Motors n'a payé que 900 millions de dollars, pour avoir caché un défaut sur des airbags qui a tout de même coûté la vie à 124 personnes...

A l'époque, Arnaud Montebourg, prédécesseur d'Emmanuel Macron à Bercy avait proposé de réagir en répliquant dans le cadre des négociations sur le TAFTA.

La ministre socialiste des différents gouvernements Ayrault et Valls, Fleur Pellerin, lauréate de la French American Foundation dans la même promotion qu'Emmanuel Macron, lui avait expliqué depuis Washington qu'il était « hors sujet». (RT, J. 22 nov. 2018, 10:55)

La « pression » exercée sur les autorités françaises a permis à General Electric de mettre la main sur la division énergie d'Alstom8. Les dommages sont incalculables.

Outre que cette opération place les exportations des centrales nucléaires françaises sous contrôle de l'américain GE, ce dernier dispose désormais de plus d'un monopole de la fourniture de turbines à l'ensemble de la flotte de guerre française.

On peut toujours hurler au complotisme. D'abord, il faudra que les hommes d'Etat concernés s'expliquent ce qui précède.

Nous reviendrons de manière plus détaillée sur cette opération.

En attendant, nous suggérons la lecture d'un témoignage de première main concernant cette affaire : celui de Frédéric Pierucci, ancien président de la filiale chaudière d'Alstom dans « Le piège américain. L'otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne ». Ed. J.-C. Lattès, 2019, 394 p.9

Les autorités européennes ont recalé le projet de prise de contrôle par Siemens de la division transport ferroviaire de Alstom (ce qui reste de cette entreprise).

Le plus préoccupant est que ce sont les Français qui protestent et s'en offusquent. C'est curieux, même pour faire mine de donner des gages à leurs voisins allemands.

« Coalisés » européens : Troupes supplétives, subordonnées et fières de l'être

Washington ne leur sert même pas le tarif minimum que l'on doit à ceux qui concourent, non à participer de manière décisive aux opérations sur le terrain militaire (la modestie des armées coalisées à celles du Pentagone prêterait sourire), mais à donner à la « coalition internationale » totalement dominée par les Etats-Unis un caractère international, matière substantielle à la machinerie médiatique atlantiste pour en clamer et en amplifier l'universalité.

Pour en souligner l'importance, B. Obama a doctrinalement placé cette stratégie sous la formule « leading from behind », le leadership « en retrait », mise en oeuvre en 2011, à l'occasion de la destruction de la Libye et de l'assassinat de son président.10

L'opération libyenne a été décidée et menée entièrement sous commandement américain. Mais au bout de 10 jours ils retirent leurs moyens de combat. Laissant Français et Britanniques -sous étroit contrôle opérationnel US- exposés aux feux de la rampe pour parader et fanfaronner.

Comment en effet un Nobel de la paix ainsi consacré sans aucun mérite, sinon celui d'appartenir à une minorité visible que l'Amérique se devait de valoriser pour apaiser ses contradictions internes, pouvait-il se lancer dans des campagnes militaires précisément reprochées à son prédécesseur guerroyant sans limites après septembre 2001 ?

- Le 29 août 2013, F. Hollande était prêt à participer à des opérations de la « coalition » dirigée par Washington pour chasser B. El Assad de son pouvoir, ainsi que N. Sarkozy l'avait fait en Libye deux ans plus tôt.

Justification : Le 21 août l'armée syrienne a été accusée de bombardement chimique contre la Ghouta, banlieue agricole de Damas.

Nous savons, instruits par la tragédie irakienne entreprise en mars 2003 « en dehors du droit international » (J. Chirac), ce que valent ces « preuves » et le caractère illégal des opérations militaires, car appuyées sur aucune résolution du Conseil de Sécurité (quels que soient les blocages et confrontations qu'il abrite, dès la fin des années 1940).

La veille de l'attaque programmée pour le 30 août, les Rafale des bases d'Abou Dhabi et de Djibouti finalisent leurs derniers tests. F. Hollande se prépare à donner son accord à 20 heures. Les équipages sont briefés à 21 heures, pour un décollage prévu à 22 h 40. Cinq missiles Scalp devaient être lancés à 2h30, pour atteindre leurs cibles, des bases militaires syriennes, trente minutes plus tard.

Tout est fin près. Y compris les communiqués anticipés de victoire (que valent en effet ces « sacrifices » sans des points de popularité en plus (F. Hollande, encore aujourd'hui, sait y faire)...

Et c'est à ce moment-là qu'Obama « lâche » ses alliés français en décidant d'annuler toute opération contre la Syrie. Le congrès n'aurait pas donné son aval. La Constitution de la Vème République lui aurait épargné ces tracasseries...

Pourtant c'était bien B. Obama qui avait inventé cette histoire de « ligne rouge » déclenchant une attaque américaine si Damas s'avisait d'utiliser l'arme chimique contre ses opposants.

Déchirante déception de F. Hollande et de tous ceux qui discrètement dans l'ombre poussaient à la guerre contre la Syrie. Nous y reviendrons.

Demain, c'est à peu près certain, les Américains signeront des traités de paix avec les pays de la région, les mêmes qu'ils qualifient aujourd'hui d'« Empires du mal », et ce seront alors leurs entreprises qui tracteront avec leurs homologues iraniennes, syriennes, irakiennes, afghanes, libanaises...

La surface du Viêt-Nam à la fin de la guerre américaine en mai 1975 ressemblait à la surface de la Lune. Cela n'empêche pas Vietnamiens et américains de renouer des relations étroites et en voie d'expansion.

Alors que les relations franco-vietnamiennes sont d'une modestie qui ne reflète plus les relations passées (et pour cause !).

La France y est le 16ème investisseur mondial (après l'Allemagne) et que la langue française a quasiment disparue, remplacée par l'américain et le chinois. Cela, n'empêche pas le Viêt-Nam de participer à la francophonie (au même titre que la Roumanie, la Bulgarie ou l'Arménie...)

Il est vrai qu'entre-temps, il y a eu Diên Biên Phu (mai 1954) et une guerre française ordonnée, encadrée et équipée par les Etats-Unis. La subordination à l'Amérique a une histoire... Comme nous le savons la France y a perdu là plus que le Viêt-Nam.

Si on laisse de côté le baratin qu'ils servent aux benêts pour justifier leurs engagements paradoxaux, manifestement opposés à la raison et au bon sens, on peut se demander : quel est donc l'intérêt des Européens et, en l'occurrence, des Français dans cette galère proche-orientale, dans ces guerres meurtrières d'un autre âge qui provoquent destructions de pays à faibles ressources, migrations internationales qui déstabilisent voisins proches et lointains ?

Ne serait-il pas temps que l'exécutif parisien l'explique à ses concitoyens en commençant par leurs représentants à l'Assemblée Nationale, en dehors des salons cossus et des cercles restreints à des commissionnaires qui devisent et délibèrent discrètement entre soi et soi ?

D'autres questions s'imposent, soulevons-les naïvement, au moins par principe : Pourquoi donc les médias ne les posent pas dans leurs dépêches, leurs articles et ne les adressent-ils pas à ceux qui blablatent tous les jours dans ce « Grand débat » interminable, dilatoire et totalement stérile ?

Et si les Français se décidaient, -ce à quoi bien des pays en Europe applaudiraient, l'Allemagne en particulier, parce qu'ils ne possèdent pas (attention, la situation française et européenne évoluent !), les moyens que possèdent les Français-, enfin de se retirer de l'OTAN (tous systèmes confondus), priaient les Américains retirer leurs armadas et se doter d'une véritable et authentique défense européenne, adossée à une toute aussi authentique politique étrangère destinée à défendre les intérêts de la France et de l'Europe ?

Il tombe sous le sens que les Algériens n'ont pas à se préoccuper de ce qui convient à leurs voisins et de délibérer de leurs intérêts. Ne serait-ce que par pure courtoisie.

Ce que ne font pas certains d'entre eux à se mêler de ce qui conviendrait aux autres...

Pourtant, il y a un aspect qui donne pertinence à ce point de vue : si les Européens, et seulement eux, étaient vraiment en charge de leurs affaires peut-être serait-il envisageable alors de construire avec eux un projet de sécurité commune limité à la Méditerranée occidentale et au Sahel avec lequel le Maghreb partage histoire, géographie et intérêts ?11

Etant entendu qu'ils devraient aussi cesser d'interférer dans les affaires maghrébine et d'entretenir un climat de suspicion dangereux, quelle que soit la responsabilité que ces pays et leurs dirigeants dans la situation actuelle.

Et de la sécurité, ne pourrait-on envisager un développement économique mutuellement avantageux, préservant les hommes et l'environnement terriblement menacé par une économie délibérément ignorante des équilibres élémentaires des écosystèmes, supports fragiles de la vie sur Terre.

Voilà donc ce qui vient à l'esprit, lorsqu'on voit un ministre français des Affaires Etrangères précipité dans un abîme de perplexité devant l'imprédictibilité de son donneur d'ordres qui l'abandonne en raz campagne et devant l'incapacité dans laquelle s'est astreint son pays à ne pas se doter des moyens nécessaires à s'en affranchir.

Croire que les troupes américaines commandées par Pershing en 1917 et celles que dirigeait Eisenhower en 1944 ont débarqué en Europe pour les sauver de leurs démons, d'un totalitarisme noir ou rouge, reviendrait à ânonner les fables racontées aux potaches pour meubler leurs cours d'histoires.

Ces légendes ont une version américaine : « Après qu'ils nous ayons sauvés à deux reprises au cours du XXème siècle et que nous continuons à assurer leur sécurité, alors qu'ils avaient chassé nombre d'entre nous d'Europe, nos « alliés » ne dépensent qu'une fraction de leurs richesses pour nous aider à les défendre. Mieux, la plupart d'entre eux sont d'une totale ingratitude et nous vouent aux gémonies. »

Dans ces conditions, on se demande comment les Européens peuvent continuer ainsi à dépendre de leur plein gré des Etats-Unis pour leur sécurité et pourquoi les Américains continuent à les « protéger » ?

Wilson, Roosevelt et leurs successeurs ne font preuve en ces affaires d'aucun altruisme. Seuls les intérêts des Etats-Unis comptent.12

C'est la raison principale pour laquelle l'OTAN, bien après la chute de l'URSS, n'a pas disparu et a même étendu sa sphère d'intervention bien au-delà des frontières du « vieux continent », jusqu'en Asie centrale.

On comprend mieux pourquoi les ex-pays de l'est se précipitent pour adhérer à l'Union Européenne : à la fois pour profiter des Fonds Structuraux utiles à leur développement et surtout pour rejoindre de l'OTAN dont l'Union est l'antichambre.

La Pologne est probablement le pays qui le plus tiré parti de cette double appartenance. Merci à Jean-Paul II, à Lech Walesa, à Z. Brzezinski, à la Tchèque Madeleine Albright et à la multitude américaine d'origine polonaise outre atlantique.13

Les « mystères » qui paraissent obséder les politiques et les problèmes qui en découlent viennent pour une large part de ce que les questions sont mal posées.

Par exemple, croire que les Etats-Unis sont un pays.

Ou que l'Union Européenne est plus qu'un syndicat d'intérêts (de plus en plus) divergents.

Notes

1 Il n'est pas le seul : Un officier artilleur français sur le terrain, côté irakien, s'est fait sanctionné pour avoir critiqué l'inaction de ses supérieurs sous ordres américain (cf. Le Monde le V. 15 février 2019 à 21h20).

2 Le fait que des « terroristes » venus de Syrie menacent la France ne saurait en aucune façon servir à fonder juridiquement l'interventionnisme militaire français en ce pays.

3 Lire. Abdelhak Benelhadj : « Les couleurs du «'printemps' français » Le Quotidien d'Oran, J. 13 décembre 2018.

4 En octobre 2018, E. Macron a tenté de rallier à lui les gouvernements tchèque et slovaque pour se ménager contrepoids. En vain. Les industries allemandes très tôt implantées à l'Est dominent sans partage.

5 Cf. Jauvert Vincent (2000) : « L'Amérique contre de Gaulle. Histoire secrète (1961-1969) ». Seuil. 280 p. Parcourir en particulier les pp. 107-118 et 144-156. L'auteur a profité des archives secrètes américaines (CIA, Pentagone, département d'Etat) rendues publiques au tournant du millénaire. La copie des documents originaux est jointe en annexes. Lire aussi le texte d'Eric Branca (2017) : « L'amie américain. Washington contre de Gaulle (1940-1969) » Editions Perrin, 380 p.

6 Duncan Campbell, dans un article intitulé « Somebody's listening », The New Statesman, 12 août 1988, pp 10-12.

7 Jusqu'en 2009. Date à laquelle il intègre le cabinet d'avocats international Orrick, Rambaud, Martel (siège social à San Francisco)

8 Jean-Michel Quatrepoint, auteur du « Choc des empires : Etats-Unis, Chine, Allemagne : qui dominera l'économie-monde ? » (Gallimard 2014) parle de « scandale d'Etat », dans un entretien qu'il a accordé au Figaro en janvier 2015. Dans la corbeille de la mariée tombait une autre pépite, Alstom Satellite Tracking Systems, filiale spécialisée dans les systèmes de repérage par satellite qui équipent, l'armée française ainsi que les entreprises tricolores du secteur de la défense et de l'espace.

9 On est surpris par la naïveté d'A. Juillet (ancien de la DGSE) auteur de la postface.

10 La formule est employée pour la première fois dans la revue The New Yorker datée du 2 mai 2011, par un conseiller (resté anonyme) du président cité par le journaliste Ryan Lizza : « The Consequentialist: How the Arab Spring remade Obama's foreign policy », The New Yorker, 02 mai 2011. (https://froggybottomblog.com, 12 02 2014)

11 Lire. Abdelhak Benelhadj : « L'Algérie, la France et la Méditerranée » Le Quotidien d'Oran, mercredi 19 décembre 2012.

12 Le Général a compris cela très tôt. Si les Américains ont débarqué sur les plages de Normandie ce n'est sûrement pas pour libérer la France (de Gaulle n'a été informé de l'« Opération Overlord » qu'après son déclenchement...). C'est une des raisons pour lesquelles le Général n'a jamais commémoré le « 06 juin ». Les « élites » françaises, atlantistes militantes ou béates (qui prolifèrent aujourd'hui dans tous les partis) cultivent une reconnaissance de benêts.

13 Nous invitons les lecteurs à se pencher sur la biographie intéressante de ces différentes personnalités. Lire par exemple, le livre de Zbigniew Brzezinski, « Le grand échiquier. L'Amérique et le reste du monde ». Editions Bayard. Pluriel, 1997, 273 p.