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Opposition unie, un rêve ?

par Mahdi Boukhalfa

Cela a le mérite de la clarté: l'opposition semble aller vers des positions beaucoup plus conformes à son statut de camp opposé au pouvoir et cette élection présidentielle en est une occasion très opportune. Le sommet de ce mercredi de l'opposition auquel a appelé Abdallah Djaballah semble avoir rencontré une certaine sympathie de beaucoup de candidats à cette présidentielle, l'objectif de cette rencontre étant de tenter de dégager un candidat unique. En elle-même, la démarche du chef du parti El Adala est révélatrice de cette volonté qui anime beaucoup au sein de l'opposition, toutes tendances confondues, d'aller à cette présidentielle avec tous les atouts en main pour la remporter, sinon créer un front uni ou des alliances solides capables de présenter un programme et un projet social qui propose une alternative politique aux Algériens.

Certes, des partis comme le RCD ou le FFS restent en dehors de cette initiative, mais dans le fond l'essentiel est que l'immobilisme ou le nihilisme qui a jusque-là prévalu soient battus en brèche par des partis dits de l'opposition qui veulent aller à une saine compétition politique d'abord, électorale ensuite. Et, surtout, qui présente aux électeurs une autre solution que le 5ème mandat, une autre conception de l'avenir de l'Algérie et un programme, un projet de société pas forcément unique mais riche de la contribution de tous les partis qui vont adhérer à cette démarche. L'alternance politique, l'alternance au pouvoir est possible et les lois de la République l'encouragent. Il suffit juste qu'il y ait une saine compétition électorale et sans dépassements sur la base de programmes et projets sociaux.

La pluralité dans la diversité, un des objectifs tant recherchés par une opposition qui est restée jusque-là arcboutée sur ses positions, refusant au nom d'une philosophie éculée de l'affrontement naïf avec le pouvoir en recourant à chaque rendez-vous électoral au boycott, est également possible dès lors que les partis d'opposition se mettent d'accord pour donner un autre sens à ce scrutin. Et, plus que tout, confortent et renforcent l'idée et le souhait que chaque élection présidentielle n'est pas jouée d'avance. Et le sommet de ce mercredi en est une parfaite illustration. Déjà un bon point: les discussions vont d'abord porter sur le programme que va défendre le candidat unique, ensuite désigner ce candidat unique. C'est, au-delà de cette initiative, une démarche à encourager et à soutenir dans la mesure où elle met un terme, si elle est menée jusqu'au bout, à des élections présidentielles jouées d'avance.

L'initiative de l'opposition est également une autre manière de dire aux partis de la majorité, qui eux entretiennent sans conflits internes leur alliance et définissent leurs objectifs, qu'une autre perspective politique pour le pays est possible. Que les électeurs auront le choix de désigner leur candidat et, plus que tout, n'iront pas dans l'isoloir avec la ferme intention de choisir le bulletin blanc. Pour autant, cette image idyllique d'une opposition unie reste pour le moment à réaliser, à mettre en œuvre, car tous les leaders de l'opposition ne sont pas là ou du moins refusent, pour des raisons objectives, d'y adhérer.