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Les organisations estudiantines accusées de tous les maux: Les enseignants de la faculté des sciences économiques protestent

par Houari Barti

Les enseignants de la faculté des Sciences économique et commerciales et des Sciences de gestion de l'Université d'Oran 2 ?Mohamed Benahmed' sont en grogne contre ce qu'ils qualifient de «dérives dangereuses et terrifiantes» qui se sont déroulées, au sein même, de l'enceinte de la faculté, en fin de semaine dernière. Des évènements «graves et inacceptables» ont, en effet, émaillé le cours normal des examens tenus cette fin de semaine: «Agression physique sur un enseignant, tentatives de déstabilisation des examens, intrusion par la force, au sein de l'amphi 5 où devait se tenir une assemblée générale des enseignants, sans compter les violences verbales (insultes et menaces) qu'a dû subir le personnel enseignant présent, ce jeudi, pour encadrer les examens. Des dizaines d'enseignants de ladite faculté, soutenus par des employés de l'administration et par des collègues d'autres facultés venus eux aussi exprimer leur solidarité, face à ces dérives, mais aussi leurs ras-le-bol face au diktat que leur imposent certaines organisations estudiantines.

Pour M. Salhi Tarik, enseignant à la faculté des Sciences économiques, rencontré en marge du rassemblement de protestation, «Il est temps d'agir contre cette violence que subit notre institution, de la part de certains représentants des organisations estudiantines». Cette violence, a-t-il rappelé, «a atteint un sommet inacceptable, la semaine dernière. D'abord par l'agression physique de notre collègue mais aussi par l'agression verbale qu'on subie tous et tous les jours,» a-t-il expliqué. Pour notre interlocuteur, «il est temps de redéfinir le rôle de ces organisations estudiantines.» Veiller aux intérêts des étudiants est un objectif louable garanti par les lois de la République, mais peut-on parler de défense des intérêts des étudiants lorsqu'une organisation estudiantine décide seule, contre l'avis même des étudiants, de fermer les portes de la faculté et priver les étudiants des cours de la moitié du semestre et lorsque les examens sont reportés indéfiniment, au dépens des semestres suivants, s'est-il demandé. Je ne le pense pas, a estimé M. Salhi. Bien au contraire, a-t-il dit. «On est en train de porter atteinte au niveau de l'étudiant et de l'Université algérienne. Ça ne peut plus continuer comme ça», a-t-il affirmé.

Dans un communiqué rendu public, hier, à l'issue d'une assemblée générale, ayant regroupé l'ensemble des enseignants et ATS de la faculté, le corps enseignant a exprimé son refus de «reprendre toute activité pédagogique tant que nous n'avons pas la certitude et la garantie que notre faculté ne sera plus jamais fermée.» Les enseignants exigent également que «les étudiants responsables de l'envahissement de l'Amphi 5, où se tenait l'assemblée générale des enseignants et travailleurs, le jeudi 14-02-2019, soient traduits en Conseil de discipline de la faculté.» Ils estiment, par ailleurs, «l'agression de notre collègue Mehdi Miloud (entres autres collègues) n'aurait pu être menée par un étudiant s'il n'y avait pas une culture de l'insubordination perpétrée par le climat des fermetures injustifiés et séquentielles de la faculté». Les mêmes sources ne manquent pas de souligner en outre que si l'acte de l?étudiant qui a agressé notre collègue Mehdi Miloud, n'a pas été suivi par la fermeture du Département des Sciences de Gestion, il aurait, à la rigueur, été considéré comme un acte isolé et n'aurait pas conduit à la présente situation. Ils expriment, également, leurs refus à toute ingérence de cette organisation et/ou d'autres organisations dans les affaires pédagogiques qui relèvent, exclusivement, des délégués pédagogiques élus par leurs camarades, dans le cadre des groupes de TD et qui les représentent dans les Comités pédagogiques de coordination.